Un moustique pour lutter contre la malaria?
Le paludisme (malaria) fait partie des maladies qui préoccupent tous les globetrotters. Et pour cause : ce sont jusqu’à 247 millions de personnes qui sont infectées chaque année (source) par les moustiques porteurs de ce fléau. Un remède est peut-être sur le point d’être découvert grâce à la collaboration paradoxale... d'un moustique.
Publiés le 15 juillet dernier dans le journal de la Public Library of Science Pathogens, les résultats des travaux effectués par l’équipe de l'entomologiste Michael Riehle soulèvent de grands espoirs. Les chercheurs de l’Université de l’Arizona sont en effet parvenus, par le truchement de manipulations génétiques, à rendre un moustique résistant au Plasmodium, le parasite responsable de la maladie et qui utilise l’organisme de l’insecte comme vecteur. C'est là peut-être une avancée majeure dans la lutte contre la maladie réfractaire - aucun vaccin n'en est venu à bout jusqu'ici. Mais son exploitation éventuelle sur le terrain demeure le plus grand obstacle; pas facile de « tasser » les insectes infectés en milieu naturel par ceux immunisés.
Alors, à quand un répit? Pour l’instant, les moustiques mutants sont placés sous haute surveillance dans des laboratoires parfaitement hermétiques. Et d'autres scientifiques planchent dans la même direction. En 2009, des chercheurs japonais seraient parvenus à mettre au point un moustique dont la piqûre agit comme un vaccin naturel; à Baltimore, une équipe aurait modifié génétiquement les bactéries de l’intestin des insectes pour qu’elles sécrètent une substance fatale au Plasmodium.
Il faudra donc encore beaucoup d'analyses et d'expérimentations avant de passer du labo aux zones à risque. Les OGM ont parfois cette fâcheuse habitude de nous réserver quelques surprises « inattendues » lorsqu'ils s'insèrent dans la chaîne alimentaire. En attendant, les voyageurs continueront à se badigeonner de DEET et à dormir sous des filets; les peuples autochtones, eux, s'armeront de patience.
