Cette Canadienne gagne une course en sentier de 103 km… en s’arrêtant pour allaiter
Partie avec 30 minutes de retard pour allaiter sa fille de six mois, la Canadienne Stephanie Case a remporté une course en sentier de 103 km au Royaume-Uni, dans les montagnes galloises. Une performance aussi impressionnante qu’émouvante.
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Ils étaient plus de 300 au départ de l’Ultra-Trail Snowdonia (UTS) au Pays de Galles, fin mai. Parmi eux, une coureuse canadienne s’est présentée sur la ligne de départ avec une demi-heure de retard : Stephanie Case, 43 ans, venait d’allaiter sa fille de six mois, Pepper. Plusieurs fois pendant la course, elle s’est arrêtée de nouveau pour nourrir son bébé, soutenue par une équipe logistique présente aux ravitaillements.
Malgré cela, elle a rattrapé beaucoup de participant, pour franchir la ligne d’arrivée en première position chez les femmes, en 16 heures, 53 minutes et 22 secondes.
Une course redoutable
L’UTS n’a rien d’une promenade de santé. Avec ses 6 300 mètres de dénivelé positif, ses conditions météo changeantes, ses terrains boueux, rocheux et techniques, c’est l’une des courses en sentier les plus exigeantes du circuit UTMB, un regroupement de plus de 50 événements de trail à travers l'Asie, l'Océanie, l'Europe, l'Afrique et l'Amérique.
Stephanie Case à l'arrivée © Photo tirée de la page Facebook de l'Ultra-Trail Snowdonia by UTMB
« À 95 km, j'étais à bout de forces, j'avais des haut-le-cœur et je me pissais dessus. J'ai couru avec des appareils internes. Tout n'est pas rose », a-t-elle confié au journal britanniqueThe Guardian.
Un retour après trois ans d’absence
Cette victoire revêt une dimension encore plus forte pour Stephanie Case, qui n’avait plus couru en compétition depuis trois ans. « Je me suis lancée sans aucune attente, à peine six mois après avoir eu la petite Pepper et trois ans après ma dernière course en raison de fausses couches récurrentes et d’échecs de la FIV (ndr : fécondation in vitro) », raconte-t-elle sur sa page Instagram.
© Photos tirées de la page Instagram de Stephanie Case, @theultrarunnergirl
Loin d’avoir un objectif de podium, elle voulait simplement vivre cette expérience à son rythme : « Mes objectifs étaient de m’amuser et de m’assurer que Pepper était nourrie aux stations de ravitaillement. Bien sûr, j’avais des centaines de coureurs devant moi, mais je pouvais aller à mon rythme en ignorant totalement mon classement. »
Le message d’une mère coureuse
Si la performance sportive est déjà remarquable, le message que porte cette victoire est encore plus fort. « Même si cela m’a brisé le cœur de la laisser aux postes de secours, je voulais lui montrer – à nous deux – à quel point les mamans coureuses peuvent être formidables », écrit-elle.
Stephanie Case ne cherche pas à dresser un modèle inaccessible. Elle insiste sur les réalités complexes de sa situation : un partenaire, une équipe de soutien, et une grande préparation logistique. « Je ne veux pas que quiconque se sente mal à cause d'une histoire comme celle-ci. (…) Il faut que beaucoup de choses se mettent en place pour qu'une telle chose arrive. »
Elle encourage toutefois les nouvelles mères à croire en leurs propres ambitions : « N’ayez pas peur de vous fixer de grands objectifs. Tout le monde a une opinion sur ce que les nouvelles mamans devraient ou ne devraient pas faire, et cela ne laisse pas beaucoup d’espace pour des idées hors normes comme courir un ultra. »
Qui est Stephanie Case?
Installée à Chamonix dans les alpes françaises, Stephanie Case est une avocate spécialisée en droit humanitaire. Elle a travaillé avec les Nations unies dans plusieurs zones de conflit, dont l’Afghanistan, le Soudan et la République centrafricaine.
Elle est également la fondatrice de Free to Run, une organisation non-gouvernementale (ONG) qui aide les femmes à pratiquer le sport dans des régions en crise, comme l’Irak ou le Népal.
Ultra-traileuse chevronnée, elle a déjà complété des courses mythiques comme le Tor des Géants ou la Hardrock 100.
