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  • © Courtoisie Étienne Denis

Nunavik : seul en canot au nord du 55e parallèle

Parti un mois au lac Wiyâshâkimî, Étienne Denis a croisé des ours et des caribous, mais il s’est surtout trouvé lui-même.

« Il y en a qui font des retraites fermées, moi j’ai fait une retraite dans un monastère à ciel ouvert... et sans moines », lance en riant Étienne Denis de retour d’un voyage d’un mois, en solo, dans le Nunavik.

Le voyageur est heureux de se confier après l’épuisant trajet de 1600 km qui séparent son point d’arrivée, à Saint-Lambert, du plan d’eau unique au monde où il a séjourné du 6 juillet au 4 août dernier, le lac Wiyâshâkimî.

Autrefois appelé le lac à l’Eau Claire, il est pourtant le second plus grand lac naturel du Québec, après le lac Mistassini, au nord du Lac-Saint-Jean.

D’une superficie de 1243 km2, cette mer intérieure présente la particularité d’être formée de deux impacts de météorites survenus il y a 286 et 460 millions d’années.


Le lac Wiyâshâkimî © Courtoisie Étienne Denis

Le lac est formé de ces deux anneaux qui se touchent. C’est un des rares endroits au monde où vivent des phoques d’eau douce.

Dans son canot de 17 pieds, Étienne Denis transportait tous ses bagages et sa nourriture, qu’il avait lui-même déshydratée avant son départ. Entre le départ et l’arrivée, il a perdu 10 livres.

Face à face avec un ours

« Des moments intenses, oui, il y en a eu dès le premier soir où un immense ours noir est venu directement vers moi alors que je préparais mon souper », relate le canoteur qui a eu une des grandes frousses de sa vie.

Non armé, il a affronté la bête en agitant les bras et en criant à tue-tête comme on l’apprend dans les guides de survie. Mais l’ours n’a pas bronché. Au bout de quatre pétards à ours (bearbangs) et de gesticulations, l’animal a fini par tourner les talons.

Cinq degrés le matin

Le mois de juillet a été très dur cette année dans la baie d’Hudson. Le matin, il faisait parfois 5 °C et les vents tenaces ont souvent cloué le nomade au camp. À peine trois jours de « t-shirt »...

« À un moment donné, le vent a soulevé mon canot de cinq mètres. Heureusement, il était bien attaché! »


© Courtoisie Étienne Denis

Le mauvais temps n’a pas affecté les vampires du nord. 

« C’était le festival intergalactique de la mouche noire. Je suis certain que la planète Terre ne peut produire à elle seule toutes ces mouches ; certaines viennent d’une autre planète », lance-t-il.

Le voyage en solitaire a aussi ses affres : les tâches liées au camping ne peuvent être partagées. 

« Pendant que tu montes la tente, personne ne prépare le souper. Et après souper, personne ne dit : t’as fait ta part, je m’occupe de la vaisselle. »

Totale autonomie 

Mais qu’est-ce qui a poussé ce stratège en contenu web de 57 ans, fondateur d’une agence qui a déjà compté 23 employés dans son bureau branché, rue Saint-Laurent, à Montréal (90 degrés), à laisser derrière lui sa blonde, Maude, ses deux enfants, Romane et Arthur, pour une aventure si extrême?

« L’appel du Grand Nord », répond-il simplement.


Le lac Wiyâshâkimî © Courtoisie Étienne Denis

Mais aussi une attraction presque métaphysique pour cet endroit mystérieux qu’il a fréquenté déjà deux fois dans le passé, en 2013 et 2018...

C’est sur ce lac que se déroule l’action de son roman inédit, L’assistant Zéro. Dans ce thriller d’espionnage, l’ancien journaliste scientifique a planté le décor d’une intrigue où convergent la science et la philosophie.

Ce qu’on va chercher si loin? Des caribous, des oiseaux par centaines... et des truites à profusion. Mais on vient surtout se trouver soi-même.

C’était un voyage très éprouvant. 

« J’ai découvert que j’étais capable de m’ennuyer. C’est la première fois de ma vie que des gens – mes enfants, ma blonde – me manquaient à ce point.»

Les retrouvailles étaient festives.


Destination lointaine

  • L’hydravion : Mirage Aventure. Le coût est d’environ 7000 $ pour les deux voyages (le « in » et le « out »). C’est un prix forfaitaire pour l’avion, et non par passager.
  • Le parc : c’est le parc Tursujuq. Pour trois semaines, les droits d’accès et de camping sont de 190 $. Les droits de pêche sont à 290 $. C’est un prix par personne.
  • Les deux cratères d’impact de météorites formant le lac Wiyâshâkimî sont parmi les plus gros au monde. 
  • Le lac est situé dans le parc national Tursujuq, la plus grande aire protégée du Québec d’une superficie de 26 000 km2.
  • Pour s’y rendre, il faut rouler sur 1620 km (environ 22 h) via Matagami, la route de la Baie-James et la Transtaïga. De là, emprunter la voie des airs sur 250 km.
  • Même si on est officiellement dans un parc national, le parc Tursujuq, « il n’y a là-bas aucun service », soupire Étienne qui s’est dûment enregistré et a payé ses droits d’accès. 

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