5 conseils pour s'initier au bikepacking
Équipée d'un vélo de montagne robuste, de sacoches compactes et d'équipement de camping ultraléger, notre journaliste s'est lancée dans l'aventure bikepacking, le temps d'un weekend dans les Laurentides. Retour sur une première expérience réussie et un test de matériel sur le terrain convaincant.
Connaitre et tester son équipement
© Frédérique Sauvée
Samedi 1er juin, 12 h 00, Morin-Heights (Laurentides). Le mot d'ordre du weekend : LÉ-GÈ-RE-TÉ! Après une épicerie rapide et la plus allégée possible, j'étale devant mon vélo les victuailles et le matériel de camping à faire rentrer dans les sacoches. J'ai opté pour un kit complet de bikepacking (sac de guidon, sac de cadre et sac de selle).
Après quelques paquetages/repaquetages infructueux, je pense avoir réussi à optimiser mes 17 kg de bagages. Rien ne dépasse de chaque bord du guidon, rien ne gêne lors du pédalage et le poids est bien réparti entre l'avant et l'arrière.
Une fois les premiers (lourds) coups de pédale toutefois, je sens le sac de selle s'affaisser et frotter contre la roue arrière. La descente du trottoir a fait bouger le système d'accroche (pourtant parfaitement conçu) et il me faut quelques minutes pour comprendre comment bien le resserrer.
Premier constat : il ne faut pas hésiter à "jouer" avec ses sacoches à la maison pour comprendre leur fonctionnement, ni à tester son équipement sur le terrain (stationnement, obstacles naturels) avant le grand départ pour s'assurer que tout est bien maintenu. J'apprendrai également par la suite que les multiples attaches demandent à être resserrées à plusieurs reprises à chaque jour.
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Commencer par un itinéraire court
© Briac Guibert
Cela faisait près de trois ans que j'entendais parler du bikepacking (dans Espaces, dans des festivals de films d'aventure, en conférence de voyage, etc.) et ce sont les grands itinéraires hors des sentiers battus aux États-Unis, en Écosse ou aux confins de la Patagonie qui m'ont donné le goût d'essayer.
Mais le vélo d'aventure ne s'improvise pas et il est recommandé de commencer par des S24O (ou "Sub-24 hour Overnighter"), c'est-à-dire de courts séjours d'une nuit. Au Québec, les itinéraires hors-route ne manquent pas mais j'ai opté pour un parcours balisé et facile à rouler (en vélo de montagne comme en gravel bike) : le Corridor aérobique, un sentier de gravelle de 55 km entre Morin-Heights et Amherst, dans les Laurentides.
Ancienne voie de chemin de fer, le parcours traverse plusieurs municipalités offrant des services aux cyclistes (toilettes, eau potable, camping, etc.) et donne l'occasion de croiser une variété intéressante d'environnements.
Plus sauvage que le P'tit Train du Nord, le Corridor aérobique présente également un dénivelé plus important (qui n'excède jamais 5 % cependant), traverse de très belles forêts, longe de nombreux lacs - même un élevage de cerfs rouges - et il est peu fréquenté. Se rendre jusqu'à Amherst représente de 4 à 5 bonnes heures de pédalage mais il est possible de s'arrêter le long de la rivière Rouge (autour du kilomètre 43) pour y poser sa tente (camping sauvage "toléré" à certains endroits) ou bien simplement se baigner. Sinon, plusieurs municipalités des alentours disposent de campings (prévoir de 5 à 10 km de détour).
Rouler sur du plat ou peu de dénivelé
Corridor Aérobique © Frédérique Sauvée
Le principe du bikepacking étant de sortir des sentiers battus, il peut être tentant de choisir d'emprunter des sentiers singletracks pour s'amuser sur les obstacles avec son vélo de montagne. Mon plan initial était d'ailleurs de bifurquer du Corridor aérobique et de tester la robustesse de mon équipement sur le réseau de sentiers des Orphelins.
Après plusieurs dizaines de kilomètres (de montée) sur la piste, je me suis toutefois rendue compte que pédaler avec 17 kg d'équipement sur sa monture n'a rien d'une promenade de santé. Sans compter les kilos du vélo de montagne aux larges pneus 27,5+ po. J'ai donc rapidement abandonné l'idée de me lancer dans les singletracks pour cette fin de semaine et de me contenter de transporter mon vélo, mon équipement et moi-même au bout du chemin vallonné.
Au gré de mes recherches, j'ai trouvé d'autres itinéraires intéressants pour une première expérience de bikepacking au Québec:
• Vélopiste Jacques-Cartier-Portneuf, région de Québec : une piste cyclable de 68 km en poussière de pierre avec une dénivellation maximale de 3 %. velopistejcp.com
• Parc de la Gatineau, Outaouais : un beau réseau de pistes multifonctionnelles et de chemins forestiers relativement plats à explorer. Camping au lac Philippe. ccn-ncc.gc.ca
• Parc linéaire du Petit-Témis, Bas-Saint-Laurent : piste cyclable de gravelle sur 134 km, de Rivière-du-Loup au Nouveau-Brunwsick. Services pour cyclistes et campings. petit-temis.ca
S'alléger le plus possible
Comme j'ai pu le constater toute la fin de semaine, chaque kilogramme compte, en bikepacking. Il arrive très vite le moment où l'on regrette amèrement d'avoir ajouté ce chandail de trop, cette deuxième chambre à air ou encore cette bouteille de savon totalement superflue.
Mais avant d'économiser sur des bouts de chandelle, il est préférable de miser d'abord sur des sacoches compactes et du matériel de camping ultraléger. Pour ce weekend d'initiation, j'ai pu tester des produits Vaude et de la marque québécoise Arkel, pour le vélo; de Nemo, pour l'équipement de camping technique; et de GSI, pour le matériel de cuisine.
Sacoches : J'ai utilisé la sacoche de guidon Rollpacker 25 d'Arkel pour transporter la tente (toile et double-toit) ainsi qu'un sac de compression pour mes vêtements dans la poche avant, très pratique. La sangle du dessus a servi à ajouter le matelas de sol. À l'arrière, j'ai rangé le sac de couchage, les arceaux (trop longs pour le sac de guidon) et un peu de nourriture dans le sac de selle Seatpacker 15. Le reste de la nourriture, la trousse de réparation du vélo et les accessoires de cuisine ont été casés dans un sac de cadre Trailframe de Vaude, qui a une contenance vraiment impressionnante pour son poids. La combinaison des trois fut très satisfaisante.
Les sacoches Arkel sont vraiment impressionnantes par leur stabilité et leur durabilité. L'installation initiale du système d'attache peut être un peu longue (30 minutes environ) mais il est très facile et rapide de glisser/retirer les sacoches par la suite. Autres avantages : elles sont conçues pour éviter le balancement latéral, sont compatibles avec les tiges de vélo télescopiques et sont totalement imperméables grâce à leur doublure scellée.
Tente, sac de couchage et matelas de sol Nemo :
De plus en plus compact, le matériel de camping n'est pas toujours performant pour autant. Sauf les produits Nemo testés qui ont tous été sans faille. La tente Dagger 2 places (1,5 kg) est étonnamment plus haute que large et procure une sensation d'espace remarquable. Le sac de couchage en duvet Aya (960 g, -9 degrés C) a bien entendu été trop chaud pour cette nuit à 10 degrés, mais sa capacité de compactage est vraiment étonnante et parfaite pour du bikepacking. Enfin, le matelas de sol isolé Tensor ne m'a pas déçue, bien au contraire, avec une facilité déconcertante de gonflage (système de sac-pompe), une légèreté extrême (425 g) et aucun bruit lorsque l'on se retourne la nuit.
Bruleur et gamelle GSI :
J'ai enfin été 100 % convaincue par le réchaud minimaliste et la gamelle Halulite (une personne) de GSI, tous deux conçus pour une pratique du camping ultraléger en autonomie. Le kit se case très bien dans une poche de sacoche de vélo.
Se renseigner auprès d'adeptes du bikepacking et sur internet
© Bikepacking.com
Le bikepacking demande beaucoup de pratique pour arriver à un équipement ultra-léger efficace, sans superflu mais avec tout le nécessaire pour parer à toute éventualité et obtenir un chargement du vélo optimal.
Pour éviter quelques erreurs de débutant, autant vous renseigner auprès de ceux qui les ont faites avant vous ! Pour ma part, j'ai reçu beaucoup de conseils de la part de l'équipe de conseillers vélo de La Cordée Boutique (Vincent Lorber, Ambroise Thériault et Bastien). En plus de m'aider à installer les sacoches (ce qui n'est pas difficile en soi mais un peu technique quand même), ils m'ont conseillé des itinéraires au Québec. J'avais également assisté à une conférence sur le bikepacking organisée en boutique, au mois de mai.
Le blogue du manufacturier Panorama Cycle est également une belle source d'inspiration pour trouver des circuits hors-route au Québec, tout comme plusieurs groupes Facebook consacrés au bikepacking (conseils, petites annonces, destinations) dans la province.
Enfin, le site bikepacking.com est LA référence mondiale pour des itinéraires de courte et longue durées sur tous les continents. Aucun circuit n'a encore été créé au Québec, alors il est temps pour vous d'enfourcher votre vélo et d'explorer notre beau territoire pour créer de nouvelles fiches!