Une saison de folie pour la « vanlife » au Québec
Vous les avez sûrement remarqués sur les routes des vacances mais également en bord de plages ou au départ des sentiers de randonnée, les vans et autres véhicules récréatifs ont proliféré l’été dernier. Puisque les frontières étaient fermées et la distanciation sociale recommandée, la solution du véhicule de camping autonome n’a jamais eu autant la cote. Retour sur une saison de folie pour la « vanlife » au Québec.
De nouveaux adeptes
Après un printemps paralysé par le confinement et un début d’été incertain compte tenu des mesures sanitaires gouvernementales changeantes, la saison estivale n’aura finalement jamais été aussi positive pour les loueurs et vendeurs de vans aménagés au Québec.
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« D’habitude, notre clientèle vient à 90% de l’étranger, de France essentiellement. Cette année, on a eu 100% de conversion vers une clientèle québécoise », note Gabriel Jousset, fondateur du Baroudeur qui loue une vingtaine de Dodge Grand Caravan aménagés.
Même son de cloche chez Rikiki Campers : « Après avoir perdu totalement nos réservations de mars, avril et mai, la demande a explosé en juin. L’été et le début de l’automne ont été très bons également », relate la Julia Ouellet, porte-parole de la compagnie basée à Rimouski. Elle remarque par contre que la durée des séjours a été plus courte, en moyenne 4-5 jours de location par la clientèle québécoise, comparés aux 10 jours à deux semaines habituellement pour les clients étrangers. Ceci s’expliquerait par la durée plus restreinte des congés pour les salariés du Québec et l’insécurité face aux mesures fluctuantes annoncées au cours de l’été.
Autre évolution marquante parmi les gens qui ont choisi de partir en vacances en van aménagé l’été dernier : l'âge et le type des vanlifeurs. « Alors que nos produits s'adressaient jusque là majoritairement aux 25-35 ans, on a eu beaucoup plus de demandes de location ou d’achat de vans de la part des quinquagénaires cette année », remarque Gab le Baroudeur. « Ce sont des gens actifs qui partent généralement à l’étranger ou en hôtel pendant leurs vacances et qui ont préféré cette fois l’isolement volontaire en nature grâce aux vans », appuie la porte-parole de Rikiki Campers.
Catherine Vachon, de VanLife Mtl, confirme l'intérêt d’une nouvelle clientèle en cette année particulière : « L’idée de traîner sa maison avec soi rend les choses beaucoup plus simple et confortable. Nos clients n’ont pas à réserver d’hôtel, de restaurant, ni même de camping. Notre dizaine de vans sont 100% autonomes. »
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Des régions particulièrement populaires
Et cet isolement volontaire, les Québécois sont allés le chercher au Saguenay-Lac-St-Jean, en Côte-Nord et surtout en Gaspésie. « On a clairement ressenti l’engouement pour la vanlife dans la région de Percé », confirme Jean-François Tapp, propriétaire d’une auberge touristique à Coin-du-Banc. « Il y a eu beaucoup de vans à s’installer sur le bord des plages et même sur les quais de pêcheurs. » Des sites pour la plupart interdits au camping sauvage, ce qui a d’ailleurs, on s’en rappelle, créé des tensions avec des locaux.
Pour gérer cet afflux de touristes qui voyagent en quête liberté, certaines municipalités ont choisi d’aménager à la dernière minute des terrains qui leur sont dédiés, comme à Grande-Rivière. D’autres propriétaires gaspésiens ont également proposé des emplacements « semi-sauvages » mais en toute légalité et quiétude, comme le Camp-de-Base qui a accueilli une quinzaine de vans aménagés sur son terrain contre un frais journalier minime de 10$ par emplacement (+5$ par personne).
Et qu’en sera-t-il de l’été 2021, dans l’éventualité où les frontières restent fermées? « Il est quasi-certain que ce mode de voyage va continuer à se développer au Québec dans les prochaines années, estime Gabriel Jousset. Pour cela, il va falloir que les régions soient davantage prêtes à accueillir plus de monde ».
Jean-François Tapp pense quant à lui qu’un travail de sensibilisation et d’encadrement des campeurs nomades va être nécessaire de la part des municipalités et des régions touristiques. Dans ce sens, Tourisme Gaspésie annonce d’ores et déjà travailler sur des alternatives au camping sauvage en collaboration avec les municipalités et les MRC (Municipalités régionales de comté) de la région pour accueillir plus facilement les amateurs de « vanlife ».
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