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L’anaphylaxie alimentaire : allergique à l’effort?

Vous avez commencé la course à pied, mais des plaques rouges irritantes apparaissent sur votre peau après quelques minutes? Vous ressentez aussi de la fatigue et des bouffées de chaleur, et le tout se termine par des maux de tête? Le problème ne tient pas forcément à votre forme physique, mais possiblement à une forme d’allergie, l’anaphylaxie alimentaire.

L’anaphylaxie alimentaire induite par l’effort (AAIE, comme dans « aïe! ») est une forme d’allergie provoquée par la consommation d’un aliment allergène et qui survient seulement au cours d’un effort physique intense. D’ailleurs, la consommation de l’aliment allergène et la pratique de l’exercice physique, réalisées isolément, n’entraînent pas de symptômes d’allergie.

Les allergènes les plus fréquemment responsables de l’AAIE sont les crustacés (crabe, crevettes, homard) et la farine de blé, mais d’autres aliments peuvent aussi entraîner des symptômes, tels que les pêches, les raisins, les pommes, les kiwis, les céleris, les tomates, les oignons, les pommes de terre, le maïs, les lentilles, le poulet, les escargots et les graines de pavot. La consommation de l’un de ces aliments de 30 minutes à 2 heures avant l’exercice pourrait induire les symptômes d’allergie, surtout s’il fait chaud et humide ou que l’effort est fourni pendant la saison du pollen.

À ce jour, aucune donnée physiopathologique ne permet d’expliquer pourquoi le jogging est l’activité physique qui entraîne le plus souvent l’apparition des symptômes. Outre le type d’activité pratiquée, un effort à une intensité supérieure au seuil anaérobique (soit plus de 75 % de la fréquence cardiaque maximale) serait nécessaire pour déclencher l’allergie.

De plus, la durée de l’effort est aussi à prendre en considération : une dizaine de minutes suffisent, après le début de l’exercice, pour induire les premiers symptômes. La crise peut se prolonger de 30 minutes à 4 heures après l’arrêt de l’exercice, et elle peut s’accompagner de difficultés respiratoires ou d’une déglutition ardue, d’un resserrement du thorax, de douleurs abdominales, de nausées et même de vomissements. Finalement, des maux de tête peuvent persister jusqu’à 24 heures après l’événement.

Si vous avez déjà ressenti ces symptômes à l’effort, il serait avisé de consulter une allergologue. En notant tous les ingrédients qui ont été consommés avant la réaction, ainsi que la chronologie des symptômes, l’allergologue pourra mieux orienter ses tests. Une fois cet historique établi, des extraits d’aliments seront utilisés pour effectuer des tests cutanés sur l’avant-bras, et une prise de sang permettra de vérifier la présence d’anticorps (de type IgE).

Une épreuve de provocation orale, au cours de laquelle on ingère l’aliment, et où on fait un effort, pourrait aussi être demandée, le tout sous surveillance médicale. En fait, déterminer les aliments pouvant provoquer les symptômes permet de mettre en place des mesures préventives.

Le traitement principal de l’AAIE est l’évitement : on ne devrait pas consommer d’aliments allergènes au moins 5 heures avant l’effort. On devrait aussi toujours porter sur soi une trousse d’urgence comprenant un antihistaminique, des corticoïdes et un autoinjecteur d’épinéphrine (EpiPen® ou Twinject®, par exemple), car des expositions accidentelles peuvent survenir lorsqu’on ne s’y attend pas. De plus, la prise de certains médicaments, comme les anti-inflammatoires non stéroïdiens (comme Advil®), l’aspirine, les bêtabloquants ou les inhibiteurs de l’enzyme de conversion, serait à éviter avant l’effort, car ils peuvent aggraver les symptômes d’allergie.

L’anaphylaxie alimentaire induite à l’effort ne se produit pas fréquemment, mais elle peut devenir critique si elle est négligée. De plus, en connaissant les aliments responsables, on peut prévenir les crises et profiter des bienfaits de l’activité physique sans mettre sa santé en danger.

Références

–      E. Beaudouin, Exercice-induced Anaphylaxis: Epidemiology and Clinical Aspects, Revue française d’allergologie 2010; 50:184-187.

–      A. Romano, M. Di Fonso, F. Giuffreda, G. Papa, M.-C. Artesani, M. Viola et coll., Food-dependent Exercise-induced Anaphylaxis: Clinical and Laboratory Findings in 54 Subjects, Int. Arch. Allergy Immunol 2001; 125:264–72.

–      N. A. Shadick, M. H. Liang, A. J. Partridge et coll., The Natural History of Exercise-induced Anaphylaxis: Survey Results from a 10-year Follow-up Study. J. Allergy Clin. Immunol. 1999; 104:123–7.

–      J. P. Wade, M. H. Liang, A. L. Sheffer, Exercise-induced Anaphylaxis: Epidemiologic Observations, Prog. Clin. Biol. Res. 1989; 297:175–82. allerg.qc.ca/Information_allergique/5_1_anaphylaxie.html

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