Sur les traces d’Étienne Brûlée
Le jeu de mots est facile, mais le qualificatif s’accorde particulièrement bien à ce coureur des bois doublé d’un aventurier-explorateur-interprète. Étienne Brûlé fut probablement le premier Français à s’aventurer au-delà de l’ile de Montréal et à mettre les pieds en Huronie (le pays des Hurons, dans la région des Grands Lacs, qui s’étendait alors entre les États-Unis et le Canada).
Personnage hautement romanesque, Étienne Brûlé n’a pas laissé beaucoup d’écrits permettant de retracer l’itinéraire de ses aventures. Il serait arrivé à Québec en 1608 avec Samuel de Champlain. À sa demande, il sera confié deux ans plus tard au chef amérindien Iroquet avec qui il ira hiverner au milieu des Algonquins en Huronie. Pour s’y rendre, Étienne Brûlé franchira le saut Saint-Louis (les rapides de Lachine) en canot, ce qu’aucun Français n’avait fait avant lui. Il restera en compagnie des autochtones pendant quatre ans et fera sien leur mode de vie. De par cette immersion totale dans le monde amérindien, il deviendra un « truchement » : c’est-à-dire un intermédiaire-interprète au service des Français. L’alliance avec les populations huronnes était indispensable dans la lutte contre les Anglais et les Hollandais pour le monopole du commerce des fourrures.
À son retour (vers 1615), il retrouve Champlain à l’endroit qui deviendra plus tard la ville de Montréal. Champlain l’envoie en expédition avec des Hurons pour solliciter l’appui des Andastes, une tribu de la famille huronne-iroquoise, en prévision d’une nouvelle campagne contre les Iroquois. Les Andastes sont établis au sud des Cinq-Nations iroquoises dont ils ont refusé de faire partie, bien en dessous des Grands Lacs (au niveau de la Pennsylvanie, du Maryland et du New Jersey actuels). Il lui fallut donc traverser le territoire ennemi en remontant le long de la rivière des Outaouais et de la Mattawa, traverser le lac Nipissing et suivre la rivière des Français jusqu’à la baie géorgienne et le lac Huron. À l’époque, les voyages étaient longs et difficiles. On pagayait pendant des heures sans arrêt, car montrer des signes de fatigue était très mal vu des autochtones. De plus, le cours chaotique des rivières forçait à effectuer plusieurs portages épuisants. Enfin, les canots d’écorce légers et rapides étaient très fragiles : les accidents n’étaient pas rares. Étienne Brûlé développera rapidement une capacité à naviguer dans ces conditions extrêmes. En tout, il a passé 23 années parmi les Hurons. Il mourra, tué par ceux auprès desquels il vivait, pour un motif qu’on ignore.
Encore plus
Étienne Brûlé, Jean-François Beaudet, Éditions Lidec, 1993
Les coureurs des bois : la saga des Indiens blancs, Georges-Hébert Germain, Éditions Libre Expression, 2003
Le Sauvage Blanc, François Dallaire, Éditions L’Harmattan, 2003