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Dangers du ski hors-piste : 5 histoires à donner froid dans le dos

Avec l’essor des sites de pratique, le ski hors-piste est de plus en plus populaire partout au Québec. Mais êtes-vous vraiment bien préparé pour aider l'un de vos amis s’il tombait dans un trou d’arbre ou s’il était emporté par une avalanche? Seriez-vous capable de le sortir de la forêt sur une civière s’il se blessait gravement? Pour vous donner des trucs et vous démontrer que ça n’arrive pas juste aux autres, Espaces vous présente cinq histoires vécues par des adeptes de ski hors-piste au Québec.

Jamais sans mon DVA, sinon...

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Avec 30 cm de nouvelle neige tombés sur les Chic-Chocs, Mathieu et moi décidons d'aller rider sur le mont Hog’s Back. Du sommet de la face nord, je me lance à la conquête de neige fraiche, mais je ne trouve qu’une grosse plaque de glace. À mi-pente, je m’arrête, à l’écart de la piste, pour voir dévaler Mathieu.

Il emprunte alors une différente voie que la mienne et après quelques virages dans la poudreuse, une énorme plaque de plus de 50 mètres de largeur décroche. Je tente de garder le contact visuel, mais Mathieu disparaît dans la torpeur de l’avalanche.  

Dès que la neige arrête de bouger, je pars à la recherche d’indices, un gant, un bâton, un ski, pour m’aider à le repérer. Rien. Je continue mes recherches pendant une vingtaine de minutes, mais sans appareil de recherche de victime d’avalanche (DVA), je me sens complètement dépourvu. Je prends alors la décision la plus difficile de toute ma vie, lorsque je décide de partir chercher de l’aide. Dès cet instant, je regrette ma décision, mais je ne peux plus rebrousser chemin.

En faisant du pouce, je réussis à me rendre au Gîte du mont Albert et en près d’une heure (qui paraît une éternité), une équipe de sauvetage de 7 personnes est formée et nous sommes de retour à Hog’s Back. En déployant les membres de l’équipe de sauvetage en éventail, quelqu’un trouve rapidement un ski… en plein milieu de la forêt. Mathieu, qui a réussi à se déblayer le visage, lance alors un cri de désespoir avant de perdre connaissance.

Après presque deux heures sous la neige, sa température corporelle a chuté à 30°C. Rapidement, il est emballé dans des couvertures et placé sur un traineau pour être acheminé à l’hôpital. Malgré 7 côtes cassées et 1,5 litre de sang dans les poumons, il retrouvera toutes ses fonctions sans séquelles.

Leçon apprise : si vous voulez vous lancer dans un terrain où il y a un risque d’avalanche, le DVA n’est pas un luxe, c’est une nécessité.


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Attention aux trous d’arbres!

En janvier dernier, ma collègue journaliste Frédérique Sauvée est allée profiter de la poudreuse dans les mines Madeleine, accompagnée d’un guide. Dès le départ, la descente est difficile à travers un boisé serré. Puis, le terrain s’éclaircit et ils atteignent le lit d’un ruisseau au bas de la vallée. Alors que le guide prend les devants, Frédérique voit une dépression dans la neige et tente de l’éviter… mais sans succès. Lors de la chute, la neige s’est carrément affaissée sous son corps, qui a basculé vers l’arrière. Alors qu’elle tente de se relever, elle s’enfonce davantage, comme si elle était prise dans des sables mouvants. Elle crie pour alerter le guide, mais la neige étouffe le son. La tête en bas, avec la planche vers le haut, chaque mouvement empire sa situation, lui donnant l’impression d’être un « cochon pendu »… un sentiment de vulnérabilité fort désagréable.

Pour rester visible et ne pas empirer la situation, elle décide alors de ne plus bouger, en attendant que le guide revienne la sortir de ce pétrin. Une vingtaine de minutes plus tard, ce dernier arrive enfin, après avoir remonté une section en peaux de phoque pour venir à sa rescousse. Il pose alors ses skis perpendiculairement au trou et demande à Frédérique de s’y pendre pour se tirer de là. La technique a fonctionné, mais parfois il faut utiliser une corde ou encore creuser avec une pelle pour sortir une victime d’un tel trou. Parfois même un DVA pour retrouver la personne, si jamais elle est entièrement ensevelie dans une fosse de neige.

Après l’incident, Frédérique ressentait une légère hypothermie. Après avoir enfilé une grosse doudoune et mangé une soupe chaude, elle a repris le chemin pour demeurer active et se « réchauffer de l’intérieur ».

Leçon à retenir : emportez toujours avec vous le matériel adéquat (vêtements chauds, pelle, sonde, DVA) en pensant aux pires situations qui pourraient survenir.


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Sortir un blessé... sur un traineau de secours

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Le 6 janvier 2018, un skieur d’expérience a frappé une souche sous la neige sur le mont Lyall, dans les Chic-Chocs. Résultat : une double fracture du tibia et une fracture du péroné. Il est midi et il fait -19°C.

Heureusement, un groupe de 7 personnes expérimentées étaient sur place pour prendre la situation en main, dont deux qui venaient tout juste de recevoir une formation de sauvetage en région éloignée. Deux skieurs partent alors appeler les secours, en voiture, car le réseau est inaccessible dans ce secteur. La victime est alors enroulée dans des vêtements chauds et un groupe s’occupe de gérer le trafic en cette journée achalandée sur le Lyall. De son côté, Yan Kaczynski part vers le sommet pour aller chercher du matériel d’évacuation. Dans un gros baril, il trouve alors un Sked, un traineau idéal pour sortir des victimes en montagne, ainsi que de la corde, des mousquetons et une bâche.

Équipés de radios portatives, tous peuvent communiquer efficacement. Une fois la victime bien attachée vient ensuite le temps de la sortir… dans l’épaisse poudreuse. Une personne à l’avant, une personne de chaque côté et une personne à l’arrière dirigent alors le traineau. Avec un poids de plus de 80 kg à retenir, la manœuvre est tout sauf simple. Surtout quand plusieurs arbres se dressent à l’avant. « Il faut des skieurs forts et un contrôle constant sur le Sked, qui peut glisser extrêmement rapidement si on le laisse aller », remarque Yan Kaczynski.

Grâce au groupe qui était parti appeler les secours, l’ambulance attendait sur le bord du chemin et à 15 h 30, la victime était en route vers l’hôpital.

Leçon à retenir : il faut assurer une bonne communication dans le groupe, pour déléguer des tâches et optimiser la vitesse de l’évacuation.


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Allô bobo!

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Il y a quelques semaines, Valérie Marcon s’est déchiré le ligament antérieur croisé, lorsque sa fixation a lâché dans un virage, près du sommet du mont Porphyre. Elle tente par la suite de skier sur sa blessure, mais sans succès. Son conjoint, Maxime Bolduc, immobilise alors sa jambe avec un matelas pendant que Valérie s’hydrate, mange un peu et qu’elle met sa grosse doudoune. Équipé d’un traineau d’évacuation, Maxime envisage de la trainer, seul, sur deux kilomètres, pour rejoindre Murdochville. Mais avec 30 cm de neige fraiche, la descente s’avère périlleuse. Une quinzaine de minutes après l’accident, il sort alors son cellulaire qui affiche une barre, et il appelle à l'auberge Chic-Chac, ou se trouvent des professionnels du milieu qui connaissent bien les procédures à suivre lors de telles situations. Il place ensuite des repères visuels, des skis et un sac, pour faciliter le travail des secours, qui sont arrivés une vingtaine de minutes plus tard. Une heure après sa blessure, Valérie était à l’hôpital.

Leçon à retenir : toujours penser à un moyen de communication en cas d’accident. Si vous savez qu’il n’y a pas de réseau cellulaire, un téléphone satellite peut être d’un grand secours, surtout si vous êtes en petit groupe.

** Petit truc pour conserver la pile par temps froid : collez un « hot shot » sur votre téléphone.


Évacuation spectaculaire au mont Édouard

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Une malchance peut parfois prendre des proportions hors du commun, en ski hors-piste. C’est ce qui est arrivé à Yannick Limary, il y a quelques semaines, dans le secteur de la Grive, au mont Édouard, lorsqu’une petite bosse qui semblait banale lui a fait perdre l’équilibre. En tombant sur le dos, il a percuté un arbre, le blessant gravement au cou. Heureusement, ses trois comparses, qui avaient tous une formation de premier répondant en milieu éloigné, étaient bien formés pour le sortir de là. Un des skieurs, Dylan Page, s’est empressé d’appeler le 911, puis l’équipe de patrouille du mont Édouard. Pendant ce temps, Daphnée, une patrouilleuse, s’occupait de Yannick en le libérant de son sac à dos, coincé dans des branches. Gabriel, l’autre membre du groupe, est parti chercher le toboggan d’évacuation qui se trouvait à proximité, près du refuge de la Grive.

Une dizaine de minutes plus tard, le toboggan était prêt et l’équipe a méticuleusement déplacé Yannick sur la civière, en lui posant un collier cervical avant de l’enrouler dans des couvertures. Environ 45 minutes après l’accident, la patrouille est arrivée, dans le fin fond du secteur hors-piste du mont Édouard. Cinq personnes ont alors descendu Yannick jusqu’à la mi-pente, où se trouvaient un point de sortie accessible en motoneige. Un travail colossal dans la neige épaisse, même s’ils étaient plusieurs. Puis, une motoneige l’a ramené à la montagne, ou une ambulance est partie pour l’hôpital un peu moins de deux heures après la blessure.

Leçon à retenir : « Sans cellulaire, ça nous aurait pris au moins 8 h à le sortir à trois personnes », note Dylan Page, qui estime que l’équipe du mont Édouard a été d’une efficacité redoutable.


Quelques trucs tirés des témoignages

  • Appeler les secours dès que possible.
  • Rester calme. Ne pas paniquer.
  • Bien communiquer les tâches aux membres de l’équipe de sauvetage.
  • Trainer tout le matériel nécessaire pour un sauvetage même si le sac est lourd (pelle, sonde, DVA, doudoune, corde, nourriture, eau, trousse de premiers soins, etc.)
  • Suivre des formations pertinentes (sécurité en avalanche et secourisme en région éloignée)
  • Savoir où se trouve l’équipement de sauvetage (disponible sur tous les sites affiliés à la FQME)
  • Savoir comment utiliser l’équipement de sauvetage. Au besoin, se pratiquer.

Principaux risques en ski hors-piste

Obstacles, parfois cachés sous la neige
Perte de contrôle
Autres skieurs
Trous d’arbres
Ruisseaux
Avalanches


6 vidéos sur la sécurité en avalanche

fqme.qc.ca/commencez-votre-saison-de-ski-2019-en-toute-securite

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