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S’entraîner comme un pro

Vous avez le goût de skier, surfer, pédaler, courir ou pagayer comme les plus grands athlètes québécois? Voici leurs lieux d’entraînements « secrets » en plein air et leurs conseils pour en profiter au maximum.

Corran Addison : Surf de rivière 

En trois mots 

Intense, focusé et… surnommé « Energizer Bunny »

Mon coup de cœur

Montréal est un trésor pour le surf de rivière. Il y a des dizaines de sites à proximité : près du Vieux-Port, Habitat 67 est l’un des plus fréquentés avec la « Vague à Guy », un petit rouleau pour débutants en haut des rapides de Lachine. Au canal Lachine, on trouve des vagues pour niveaux expérimentés à experts comme « Modjo » (clin d’œil à Austin Powers) ou « Big Joe », fréquentée aussi pour le rafting. À Chambly, il y a deux vagues de printemps pour surfeurs intermédiaires, « Secret Spot » et « Minnie Mouse », que je vous laisse chercher… Selon les saisons, les vagues apparaissent et disparaissent, mais on en trouve toujours qu’on habite Montréal, Shawinigan ou Rivière-des-Prairies. Depuis le début de l’année, avec mon partenaire Jullien Fillon, on surf tous les jours sur « Maverick ». Située en plein milieu des rapides de Lachine, on ne peut rejoindre la vague qu’en étant tracté par une motomarine et c’est la plus grosse vague de surf de rivière dans le coin. C’est notre entraînement pour cet hiver, quand on ira à Hawaï rendre visite à « Jaws » !

Conseils de pro 

Les débutants ont souvent du mal à comprendre que l’important dans le surf ce n’est pas de savoir se mettre debout sur une planche, mais de savoir nager ! La natation et le souffle, c’est ce qu’il faut travailler avant tout. Quand on est capable de nager quinze piscines olympiques sans être à bout de souffle, on est prêt à se lancer sur les vagues… et à rester sous l’eau 30 ou 40 secondes, aspiré par un rouleau. Quand on commence à faire des acrobaties, c’est souvent là que les blessures arrivent. L’étirement permet au corps d’être flexible et tonique pour absorber les torsions, les tensions… et les chutes. Plus on progresse et plus le physique doit suivre le mental, c’est lui qui fait la différence face à la vague.

Ma pièce fétiche

Je fabrique des planches et j’en ai deux ou trois pour chaque vague : selon sa force, son caractère, ses défauts… Mais, avec les roches de Lachine, elles n’ont pas le temps de vieillir bien longtemps !

 

Kathy Tremblay : triathlon

En trois mots

Passionnée, passionnée et… passionnée !

Mon coup de cœur

J’ai grandi dans la région de l’Outaouais, au contact de la nature. L’endroit que je préfère, c’est le parc de la Gatineau. Chaque fois que j’y retourne, ça me rappelle mon enfance : les pique-niques avec mes parents, les baignades dans les lacs, les tours à vélo… C’est là que j’ai commencé à m’entraîner au triathlon. Pendant des années, j’y ai fait des raids en vélo de montagne et du ski de fond, quand le site est fermé aux autos, qu’il n’y a que les arbres couverts de neige à perte de vue, et le silence. Aujourd’hui encore, à chaque entraînement, je me retrouve dans la peau de cette petite fille de 14 ans qui aimait courir, nager et pédaler plus que tout autre chose. Et je sais que, même lorsque ma carrière sera finie, je continuerai à m’entraîner pour ces moments précieux où le temps ne compte plus.

Conseils de pro 

Qu’on soit coureur ou non, on reste debout jusqu’à douze heures par jour. Prendre soin de ses pieds est essentiel. Pour un entraînement réussi, il faut investir dans une bonne paire d’espadrilles de course. Inutile d’acheter la collection de l’année : ce ne sont pas les couleurs à la mode qui font la différence. L’important est de choisir un modèle adapté à ses habitudes de course et à sa morphologie. Pour cela, il ne faut pas hésiter à essayer plusieurs modèles de marques différentes, en prenant une demi-pointure de plus.

Ma pièce fétiche

J’ai adopté les espadrilles de course New Balance. Ce manufacturier propose des modèles déclinés en différentes longueurs et largeurs, adaptés aux pieds difficiles… comme les miens.

 

Crédit: Pierre Harvey, collection personnellePierre Harvey : ski de fond & vélo de montagne

En trois mots

Endurant, convivial, hédoniste.

Mon coup de cœur

Le parc du Mont Saint-Anne est un endroit magnifique où je peux vivre mes deux passions toute l’année : le ski de fond et le vélo de montagne. L’hiver, l’enneigement démarre tôt dans la saison et dure longtemps. La qualité de la neige est bonne, il y a de nombreux sentiers et autant de possibilités de hors piste. J’habite à Saint-Ferréol et, quand je pars en ski de fond, c’est directement de la maison!

Conseils de pro 

Chaque année, je participe à une dizaine de compétitions de vélo et de ski. Ces rendez-vous sont un véritable moteur pour m’entraîner et avoir du plaisir en compétition. À mon âge et avec mon expérience, un entraînement réussi ne veut pas dire forcer ou repousser ses limites : c’est pendant les courses que je donne mon maximum. S’entraîner avec des gens trop compétitifs retire le plaisir du moment, et j’aime maintenant pratiquer avec des amis. Pour moi, l’entraînement est avant tout une activité sociale. Ces balades renforcent les liens plutôt que de pousser à la performance.

Crédit: Sylvie FréchetteSylvie Fréchette : alpinisme

En trois mots

Déterminée, rigoureuse, audacieuse.

Mon coup de cœur

Le choix de mes sites d’entraînement est saisonnier. L’hiver, ce sont les arêtes nord et sud de la chute Montmorency, qui offrent des parois d’escalade de glace que je peux monter et redescendre jusqu’à dix fois dans la journée. Il y a aussi l’ancienne piste de ski acrobatique des chutes Jean-Larose. L’été, je m’entraîne du côté de Saint-André de Kamouraska sur une paroi d’escalade sportive. La roche est pleine d’aspérités et très douce au toucher. C’est un vrai confort au niveau de la grimpe et, une fois en haut, la vue est splendide ! Quand j’y vais avec ma fille, Mathilde, elle me rejoint en ramassant les dégaines et redescend en rappel pendant que je la seconde.

Conseils de pro 

Au sommet de l’Everest, en état d’hypoxie, il ne me restait plus qu’un neurone de fonctionnel… Développer des automatismes est indispensable, car là-haut, on n’agit plus que par réflexes. Il faut pouvoir réagir si le grimpeur qui est devant toi tombe. Toujours avoir une porte de sortie pour assurer sa survie. À l’entraînement, je me sers beaucoup de l’imagerie mentale pour me représenter les situations que j’aurai à affronter. Pour l’ascension du Kilimandjaro, j’ai développé mon cardio et ma masse musculaire en faisant beaucoup de trekking. Pour affronter le vent et la pluie sur l’Aconcagua, je me suis entraînée en pleine tempête de neige sur l’Acropole des Draveurs et en courant à la frontale sur le sentier des Loups. Pour l’Everest, j’ai combiné escalade de rochers, escalade de glace et trekking. Surtout, je me suis préparée en m’exposant au froid. Grâce à mon équipement et mon entraînement, je n’ai pas eu d’engelure : même à 8 000 mètres d’altitude. De retour de cette ascension réussie, j’ai recommencé à courir. Mais, au bout de 15 minutes, je me sentais complètement épuisée. C’était comme si mon corps avait peur que je lui en redemande alors qu’il n’avait pas récupéré de cette épreuve. J’étais allée chercher absolument tout ce que contenaient mes muscles. Je me sens aujourd’hui comme en convalescence…

Ma pièce fétiche 

Mes routines sont mes fétiches. C’est un devoir pour moi de toujours tout vérifier deux fois : mon nœud en huit, la solidité de mon ancrage, mon état mental. Pendant mes entraînements, je reste concentrée sur ma prochaine montagne : je ne suis plus au Québec dans ma tête, je valide ici ce que je ferai là-bas.

 

Richard Dober Jr. : kayak de vitesse

En trois mots

Observateur, technicien, perfectionniste.

Mon coup de cœur

Je m’entraîne à Trois-Rivières, à l’embouchure de la rivière Saint-Maurice et du Saint-Laurent, et autour de l’île Martin. Malgré les bateaux à moteur qui nous prennent parfois dans leur sillage quand on les croise, c’est un endroit très pittoresque et propre (plus aucun rejet industriel dans cette zone). En remontant vers le Nord, il y un plan d’eau magnifique, on se retrouve en pleine nature, à quelques minutes de la ville. J’y fais en moyenne dix entraînements hebdomadaires, à l’automne et au printemps. Le reste de l’année, avec mon partenaire Andrew Willows, on s’entraîne à Montréal, sur le Bassin olympique.

Conseils de pro

L’entraînement change au rythme des objectifs de la saison. On travaille d’abord sur la durée et le nombre de kilomètres parcourus. Ensuite, c’est la vitesse qui prime pour atteindre des pointes en course, et on se pousse à fond dans ces moments-là. Je crois que l’important, pour atteindre le plus haut degré de performance, c’est d’attacher une grande importance aux détails et d’être extrêmement organisé. C’est ce qui m’a permis de gérer de front mes études de chiropraticien, ma carrière de sportif et ma vie personnelle pour ressentir toujours cet équilibre, à l’entraînement comme dans la vie.

Ma pièce fétiche 

Mon banc de kayak rotatif, une pièce unique réalisée… selon mes mesures. C’est un coussin en styromousse ergonomique qui m’assure un confort absolu. Il m’évite d’avoir les jambes ankylosées ou engourdies et permet, à chaque mouvement, une rotation optimale du haut du corps.

 

Jacqueline Gareau : marathon

En trois mots

Têtue, persévérante, épicurienne.

Mon coup de cœur

J’ai toujours aimé m’entraîner en pleine nature. Les lacs, les montagnes : j’en ai besoin pour me sentir bien. À Montréal, j’allais courir au Mont-Royal. Puis, j’ai déménagé et découvert le parc Saint-Bruno. Je suis née à l’Annonciation, et c’est un retour aux sources de revenir habiter à la campagne. Ici, les pistes sont belles et idéales pour la course, la marche nordique ou le ski de fond. Et puis, il y a toujours un endroit pour s’arrêter et se reposer, ou méditer. J’aime courir été comme hiver : chaque saison apporte son lot de sensations. Que les arbres virent au rouge ou soient recouverts de neige, je me sens toujours exaltée de vivre des moments aussi précieux.

Conseils de pro 

L’étape postentraînement est essentielle. En tant que massothérapeute, je réalise des massages thérapeutiques à base de shiatsu, de réflexologie. Depuis 30 ans, j’utilise aussi ces méthodes sur moi afin d’éviter les blessures d’usure, comme l’arthrose des hanches ou des genoux due à une course asymétrique. Les massages agissent aussi sur le psychique : ils libèrent les blocages et les nœuds de stress. Connaître son corps et être à son écoute, c’est ma recette pour gagner en bien-être.

Ma pièce fétiche 

Certains disent de moi que je suis la « Môme » de la course à pieds, car je ressemble à Edith Piaf et que je suis une passionnée comme elle. Si je devais choisir un fétiche, ce serait la nature. Elle m’imprègne toujours d’une profonde joie en me faisant réaliser combien j’ai de la chance d’être en santé et de pouvoir poursuivre ma passion : courir.

Crédit: D-StruturePhilippe Bélanger : freeski

En trois mots

Passionné, audacieux, fonceur.

Mon coup de cœur

Le vélo de montagne est un bon entraînement en présaison : comme le ski, il demande de la puissance, de l’endurance et une bonne dose de concentration. Mon endroit préféré durant l’été, c’est le centre de ski et d’aventures le Relais au Lac Beauport. Il y a un terrain de soccer synthétique, des cours de tennis, beaucoup de sentiers où faire du cross-country : de quoi varier les sports en attendant la neige. L’hiver, chaque journée se décide le matin même, selon la météo. On ski souvent en groupe, c’est plus motivant, plus amusant et… plus sécuritaire aussi.

Conseils de pro 

Le freeskiing est un sport à sensations fortes. Il faut être en bonne forme physique, mais ce qui compte le plus pour garder son calme dans des situations extrêmes, savoir quoi faire et le faire rapidement, c’est le mental. Peu importe l’importance de la compétition, il faut toujours se poser les bonnes questions avant de se lancer. Si le vent se lève, par exemple, est-ce que j’aurai la bonne trajectoire et la vitesse suffisante pour réussir ce saut de cent pieds? C’est souvent là qu’un jeune skieur va se lancer en ignorant ses limites, alors qu’un professionnel va penser à la saison qu’il veut poursuivre, en se disant que cette figure-là, il l’a réussira bien un autre jour. Atteindre le meilleur de son potentiel en évitant les blessures, c’est l’objectif de tout bon skieur.

Ma pièce fétiche 

Pour l’entraînement d’été, sans hésiter, c’est mon vélo de montagne. Il y a deux ans, c’était la première fois que je m’offrais autre chose qu’une paire de skis. Ce vélo avec sa double suspension, je l’adore !

 

Andréanne Morin : aviron

En trois mots

Consciencieuse, ambitieuse, fonceuse.

Mon coup de cœur

Avec mes sept équipières, on pratiquait avec notre « huit de pointe »(bateau huit places avec barreur) au centre d’entraînement de l’équipe nationale d’aviron basé en Ontario. Depuis mon retour des JO de Pékin, je m’entraîne seule sur le lac Memphrémagog. À l’automne, pendant la période des couleurs, c’était magique. Il n’y avait aucun bateau à moteur, pas de vague ni de vent. C’est parfois un peu plus difficile de se motiver pour s’entraîner en solitaire, mais j’ai besoin de ma dose d’acide lactique pour me sentir bien ! J’ai cependant une mentalité d’équipe : deux à trois fois par semaine, je retrouve aussi des amis pour m’entraîner à la course, au tennis ou au ski de fond, selon la saison.

Conseils de pro 

L’aviron est un sport sans impact, à la différence du ski alpin que j’ai pratiqué en compétition jusqu’à l’âge de 16 ans, mais il demande une excellente synchronisation. Il y a une séquence précise à enchaîner, un peu comme si on soulevait une boîte lourde. Mieux le mouvement est réalisé, plus il est difficile et exigeant au niveau musculaire. À bord de mon skiff (bateau solo de 30 cm de large), mon vrai trip, c’est la recherche de vitesse. J’ai été tellement orientée sur mes compétitions ces dernières années que je ne peux pas embarquer sans ma montre GPS. Je garde l’œil sur le chrono jusqu’à ce que mon cœur s’emballe et que je m’arrête, à bout de souffle. Je pense que le sport, quel qu’il soit, sera toujours indissociable de ma vie.

Ma pièce fétiche 

Quand on débute, l’équipement est souvent interchangeable. Au niveau Olympique, chaque athlète a un équipement précis qui est personnalisé. Depuis ma blessure au dos, il y a 18 mois, un siège a été spécialement moulé pour (et sur) moi, et il me suit dans toutes mes régates.

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