Voyager sans se ruiner

Par Florence Bourg

19 mai 2010

En voyage, ce sont les colonnes « transport » et « hébergement » qui sonnent souvent l’alarme du budget de vacances. En ce temps où l’on se serre un peu plus la ceinture, soyez créatifs! Il existe de bons plans pour voyager pas cher. Voici comment partir avec 500 $ en poche.

Wwoofing
Drôle de nom pour ce réseau international d’agriculteurs biologiques Willing Workers on Organic Farms (WWOOF) chez qui vous serez logé et nourri en échange de services dans leur exploitation.À son entreprise Vert et mer,aux Îles de la Madeleine, Sébastien Côté offre cette expérience aux visiteurs : « Cet été, nous accueillons une famille américaine : trois filles âgées de 9 à 12 ans et leurs parents, qui viennent passer leurs vacances aux Îles. Nous leur faisons faire des petits travaux, comme nous aider à la confection des yourtes ». Avec sa partenaire Fanny Arseneau, cet entrepreneur donne chaque année la chance à des « woofers » de participer activement au succès de Vert et mer. L’entreprise, qui se spécialise dans les expéditions en kayak de mer, le séjour en yourtes et leur fabrication (distribuées dans tout l’est du Canada), met aussi en place des solutions écologiques aux Îles de la Madeleine. Seul, en couple ou en famille, on peut aussi séjourner un peu partout dans le monde.

Faites-le!
wwoof.fr | vertetmer.com

Cyberhospitalité

Dans un monde idéal, nous aurions tous un cousin à Paris qui nous prête son appartement, un ami qui nous invite chez lui à Madrid et un oncle qui possède une villa en Martinique pour accueillir dix copains. Dans la réalité, il y a la cyberhospitalité qui permet de trouver un toit qui correspond à ses désirs. S’agit de sélectionner le pays où l’on veut se rendre et entrer en contact avec un hôte potentiel. Pour quelques nuits, vous aurez un lit gratuit. Plusieurs réseaux en ligne offrent ce genre de service pour mettre en contact les personnes désirant offrir l'hospitalité à des voyageurs de passage et les voyageurs cherchant un gîte. La cyberhospitalité permet de voyager à peu de frais et donne lieu à des échanges interculturels intéressants.

Gilles, un baroudeur français installé au Québec, a essayé plusieurs types de transport et d’hébergement à petit budget. « J'ai utilisé hospitalityclub avec plus ou moins de bonheur au Canada. Les meilleures expériences que j’ai vécues, c'est quand même de partir un peu au hasard et de rencontrer des gens qui te proposent des trucs intéressants à visiter, des lifts ou de dormir chez eux pour une nuit. »

Faites-le!
couchsurfing.com | francais.hospitalityclub.org

S’embarquer sur un voilier Crédit: Kevin Miller, iStock
Cécile mourrait d’envie d’aller en Nouvelle-Zélande. Mais, c’est très loin et ça coûte cher. Sans aucune expérience de navigation, la jeune fille dans la vingtaine a trouvé le moyen de s’embarquer comme matelot avec un vieux loup de mer dans la cinquantaine : « J’ai voulu tenter l’aventure et j’ai trouvé le site crewseekers.net, qui met en contact des skippers ou propriétaires de bateaux avec des personnes comme moi », dit-elle. Ce réseau permet de constituer des équipages de tout niveau d’expérience, que ce soit pour la navigation de loisir, la course ou le convoyage de bateau. « Ça a été une aventure extraordinaire. Ça a cliqué entre nous dès le départ et on est devenus amis. Le capitaine Ahab continue à me donner des nouvelles depuis son bateau au bout du monde! ». Parfait pour un voyage de rêve pas cher du tout et dans des destinations exotiques sur tous les océans du globe : Pacifique, Méditerranée, Amériques et Caraïbes.

Faites-le!
crewseekers.net | toffsworld.com/yachts/learn-to-sail/crew-seeker-international/

Camper à Venise

Partir en camping (même à 200 km de chez soi) peut s’avérer une expérience… exotique! Que ce soit en Gaspésie, dans la région de Québec, en Beauce, en Estrie, en Mauricie ou dans les Laurentides : le Québec regorge de parcs qui permettent de passer de la montagne à la mer et de se ressourcer à moindre coût. Passer un mois en famille dans un camping du Québec (transport en voiture inclus, mais sans nourriture) coûte environ 480 $ pour deux adultes et deux enfants. Et il y a aussi les options refuge ou yourte un peu partout. Au Sentier des Caps de Charlevoix (où les panoramas en amont du fleuve Saint-Laurent sont à couper le souffle), quatre nuits en refuge pour quatre adultes vous coûteront 344 $.

Si un changement de culture s’impose, quelques heures de route de plus vous amèneront sur les plages du Maine ou dans les montagnes du Vermont. Les campings de l’est des États-Unis sont un peu plus chers que ceux du Québec (taux de change oblige!), mais ils restent très abordables. Le camping Bass Harbor (situé au cœur du parc national Acadia) est à 25 US$ (30 CAN$)la nuitpour deux adultes. Il est ouvert de la mi-mai à la mi-octobre et on peut se procurer du homard frais sur le site!

Visiter une des plus belles villes du monde comme Venise sans y laisser sa paye, c’est aussi possible. Il existe des campings aux alentours de cette magnifique ville européenne avec liaison en bateau pour le centre-ville. Vous obtiendrez une nuit au Villagio Adriatico à partir de 18 € (30 CAN$) pour deux adultes et deux enfants. Attention, les campings du bord de mer sont bruyants et très fréquentés : pour la couleur locale, on est servi! Prendre tous ses repas au camping permet d’avoir un budget plus élastique pour les visites dans les musées et l’incontournable balade en gondole.

Louer pour mieux s’envoler

Globe-trotteuse qui ne manque aucune occasion de partir, Nathalie SON NOM DE FAMILLE? a trouvé la façon de rentabiliser ses déplacements : elle loue son appartement montréalais à chaque fois qu’elle met le nez dehors : « Je me suis mise à louer mon appartement lors de mes voyages, car en tant que travailleuse autonome, je n'ai pas de vacances payées. Ça ne paie pas toutes mes vacances, mais ça compense partiellement dans le budget ». Comment ça marche? « Je procède toujours de la même façon : j'annonce les dates où mon appartement sera disponible d’abord à mon réseau personnel, puis sur Craig's list. J’échange par courriel avec les intéressés et je demande un dépôt de 50 % quand c'est longtemps à l'avance. Le reste est payable à l’arrivée. »

« J'ai créé un document avec quelques photos et les bonnes adresses du coin. Je laisse également à la disposition quelques dépliants touristiques. Je libère la salle de bain et la chambre de mes objets personnels. Je crée une ambiance B&B, déjeuner en moins!Tout ce que je demande, c’est de remettre l'appartement dans l’état initial, ce qu'ils font toujours. À mon retour, il me reste juste une petite brassée de draps et de serviettes à faire ». Des mauvaises expériences? « C’est toujours plus sécurisant quand c'est l'ami d'un ami, mais toutes mes expériences de location se sont très bien passées. »

À Noël, elle a loué à une famille (deux adultes et une petite fille) qui a eu accès à tout l'espace pendant deux semaines. Les locataires recherchent un meilleur prix qu'à l'hôtel, la possibilité de se faire les repas, la proximité du centre-ville et des transports publics. Plusieurs personnes préfèrent ce type d'hébergement, pratique, souvent plus chaleureux et sympathique. « Certaines personnes reviennent ou me réfèrent à leurs connaissances. Bien que je ne l'ai jamais fait, je serais très ouverte à faire un échange de maison. En Grèce, par exemple... »

Faites-le!
craigslist.org

Crédit: Wollertz, Shutterstock

L’art de l’échangisme
« Montréal pour Lima ». C’est le genre de messages que l’on retrouve sur les sites spécialisés de petites annonces d’échange de maisons. Ça fait rêver! Et échanger sa maison avec des étrangers constitue une solution facile pour voyager à moindre coût. « Ma copine et moi, nous nous adonnons au « house-swap»via le site Craiglist », dit Sébastien. « La première année, nous avons passé les fêtes gratuitement à Boston, à deux minutes à pied de Fenway Park. Les gens qui nous hébergeaient étaient… dans notre condo de Québec ». Comme moyen de voyager, c’est génial : aucun frais pour se loger, et les gens du coin vous donnent de bons trucs sur ce qu’il y a à faire et où aller. Cette année, le couple a répété l’expérience à New York : « Durant huit jours, nous étions dans un condo sur le coin de la 51^e et Broadway, en plein cœur de New York. Quel trip! Une chambre d’hôtel dans ce secteur durant la période des fêtes, c’est plus de 300$ la nuit. Pour nous : 0 $ ». Le concept permet aussi de bénéficier d’une cuisine et d’économiser sur le restaurant. « Ça ne coûte que le transport, la nourriture et les dépenses personnelles. Il y certainement des risques, mais jusqu’à présent nous n’avons eu aucune casse. On choisit également nos « échangistes », on leur parle au téléphone. Ce sont des maisons qui appartiennent à des particuliers, alors c’est comme aller chez un ami pour le week-end. »

Depuis qu’ils ont découvert cette façon de voyager, Sébastien et sa copine en profitent au maximum. Ils ont déjà des demandes pour des échanges en Europe : « Tu peux aller aux quatre coins de la terre, sans payer de logement! Le seul désagrément, c’est que tu as des gens qui vivent dans tes affaires. Mais on ne laisse rien de précieux, donc pas beaucoup de stress ». Question de confiance réciproque.

Tout partager entre copains Crédit: Genevieve Pilotto
Vive l’esprit de communauté. Dans le même esprit que l’auto-partage de Communauto, Pierre Bonnet a partagé son auto avec des copains pour pouvoir partir en vacances : « J'ai eu, pendant quelques années, une auto en copropriété avec quatre copains. Vu que l'on partageait l’essence et les réparations à quatre, ça ne revenait pas cher ». Pierre Bonnet n’hésite pas à vivre en communauté une semaine par année en louant un gîte à plusieurs : « L’été dernier, nous avons loué un gîte en Bretagne avec plusieurs couples d’amis et mutualisé les frais. On va d'ailleurs recommencer l'an prochain, avec un gîte en Italie ». Pour éviter les mésententes, suffit de mettre les balises avant le départ… ou l’achat!

Faites-le!
communauto.com | gites-de-france.com | chambresdhotes.org

Dormir dans son auto
Transformer son véhicule en maison. C’est ce qu’ont fait Geneviève Pilotto et Théophile Cartier, jeunes mariés partis à l’aventure dans leur autobus scolaire qu’ils ont baptisé KuuK (torrent en Inuktitut). « Quand on a décidé de partir en voyage pour deux ans, on a cherché le moyen de se loger de façon économique. On a acheté un autobus scolaire et on l’a transformé en maison ». À bord de KuuK, Geneviève et Théo sillonnent depuis octobre les routes des Amériques pour faire de la planche à neige. Ils ont aménagé KuuK pour qu’il puisse accueillir tout leur équipement sportif, un lit, une cuisine et un poêle à bois pour se chauffer! « L’aménagement de départ a été coûteux, en plus de l’achat du bus, mais on n’a utilisé que des matériaux recyclés. On roule au biodiesel, ça ne nous revient pas trop cher. On avait pensé à l’huile végétale, mais il n’y a pas assez de sources d’approvisionnement et ça demande de transformer le moteur. C’était un autre 2 000 $, sans compter le manque de place pour entreposer l’huile et de vivre en permanence dans l’odeur de patate frite! ». Ils finissent toujours par trouver de bonnes places pour stationner sans payer et sans déranger personne. « On n’a pas de douche, alors on se paye parfois un camping pour aller se doucher ». Ils recommandent d’être patient, de chercher longtemps pour dénicher la bonne affaire : « On a cherché pendant huit mois avant de tomber sur Kuuk et on a fait faire une inspection mécanique. Ensuite, il faut penser au moindre détail pour être fonctionnel : boîtes de rangement, batteries de rechange, etc. On fonctionne avec deux batteries marines de 6 V, ça nous évite d’avoir une génératrice. Les batteries sont reliées à l’alternateur et se rechargent en roulant. Ça nous donne 25 h d’autonomie pour la lumière, le réfrigérateur, la musique. »

Faites-le!
getheobus.blogspot.com | roadtriponline.com |

Viva Los Puntos!
Cela fait quatre ans que vous êtes dans les rénovations et vous n’en pouvez plus : vous devez absolument sortir de vos quatre murs? Si vous avez prévu le coup, vous avez sans doute placé tous vos achats de matériaux sur votre carte de crédit qui vous offre des points de récompense pour chaque dollar dépensé. Ces points accumulés à la sueur de votre front vous conduiront tout droit à Punta Cana ou autres points chauds de la planète!

Payer son voyage avec ses Air Miles, les miles de carte de crédit ou d’une compagnie aérienne comme Aéroplan peuvent être une solution ponctuelle, mais cela exige d’en avoir accumulé beaucoup. Des agences comme Club Voyages offrent aussi des points Air Miles. Un petit conseil : ne pas multiplier les cartes pour accumuler le maximum de points à un seul endroit!

Faites-le!
airmiles.ca | aeroplan.com | miles-and-more.com

L’Europe en train Crédit: ynamaku, iStock
L’Europe demeure le paradis du voyage en train. Toutes les villes, même les plus petites, sont desservies par une gare. Il y a quelques années, Nathalie a parcouru 3 000 km en Italie avec un billet de 162 $. « J’en avais entendu parler lors d’une conférence Tourisme Jeunesse sur les voyages à petit budget ». Il est aussi possible d’acheter son billet via une agence de voyages ou dans Internet. Un Swiss Pass (pour toute la Suisse) coûte 170 $.

Faites-le!
EuropeRailticket.com | eurail.com | raileurope.com | eurolines.fr

Voler sans se couper les ailes Crédit: nicole waring, iStock
Les compagnies aériennes offrent à présent des prix défiant toute concurrence! En Europe, voler est devenu incroyablement abordable. Avec Easy Jet, leader du vol aérien à rabais en Europe (qui offre aussi l’hôtel et la location d’auto), un vol Paris-Budapest aller-retour coûte 102 € (164 $CAN) tout compris. C’est les excès de bagages ou les consommations en vol qui peuvent vite faire augmenter la facture. Ryan Air offre un vol Paris-Venise à 49 € (80 $CAN). La contrainte est que les aéroports sont souvent situés en périphérie des villes et parfois mal desservis en province.

Au Canada, Porter se lance sur le marché pour proposer des destinations moins chères. Mais avant que l’offre ne soit réellement alléchante, il faudra attendre les mois de promotion, partir à la dernière minute, voler hors saison ou profiter des prix « bouche-trou » exceptionnels. Partir du nouvel aéroport de Platsburgh permet aussi d’éviter plusieurs dollars sur les voyages aux États-Unis. Sunwing offre des vols pancanadiens à des tarifs « réserver tôt ». Voyages Campus offre actuellement dix aventures pour moins de 500 $ sur son site dont : rafting en Équateur ou Machu Pichu en train. Avec Voyages super prix, une semaine à Varadero (Cuba) réservée à la dernière minute coûte 512 $. WebVoyagespropose un vol Montréal-Orlando à 151,50 $. Pour sa part, Achat voyagesoffre des vols transatlantiques très abordables, comme Montréal-Nice à 760 $ taxes incluses. Enfin, on peut aussi s’évader pour moins cher, grâce à des moteurs de recherche comme kayak.com.

Auberge de jeunesse pour pas cher
Loger en auberge de jeunesse est la solution idéale pour se loger à bas prix dans le monde entier. Il y fourmille des voyageurs de toutes les langues, des étudiants, des familles avec qui tisser des liens dans la cuisine ou au salon. Si vous travaillez dans une auberge de jeunesse Hostelling International (même pour une courte période de temps), il est possible d'être hébergé gratuitement pendant quelques jours dans les autres auberges du réseau. Après deux jours de grand ménage, on peut donc y rester une semaine.

Faites-le!
hostelworld.com | hihostels.com | fuaj.org

Crédit: roland nagy, iStock

Les 7 commandements du voyageur économe

1. Ne pas être pressé
Être pressé coûte cher. Faites des recherches longtemps à l’avance (agences de voyages, guides touristiques, famille, amis, Internet), rassemblez le plus d’informations possible sur les itinéraires, les transporteurs, les tarifs : cela peut passer du simple au double. Écumez les promotions, magasinez les agences de voyages, profitez des offres « réserver tôt ». De la location du condo à votre espace de camping, réserver à l’avance, c’est payant!

2. Consulter les forums
Consulter les nombreux forums de voyage permet de faire plein de trouvailles. Après avoir découvert un bon coup, à votre tour de les enrichir.

3. Voyager en basse saison
Voyager hors des vacances scolaires : vous bénéficierez de tarifs beaucoup plus bas et serez traité aux petits oignons.

4. Surveiller les taux de change
Surveillez le taux de change de la monnaie du pays à visiter. Si elle fluctue trop, changer de destination! Faites-vous un budget vacances par jour pour l’avoir en tête et s’y tenir le plus près possible. À la fin du séjour, offrez-vous une petite gâterie s’il reste quelques dollars!

5. Aider les autres
Où que vous soyez, donner un coup de main pourra toujours profiter à votre budget. Dès que cela est possible, participez et soyez proactif : allégez les tâches de votre hôte qui n’est pas en vacances quand il vous reçoit. Vous serez toujours le bienvenu!

6. Entretenir ses contacts
Il n’y a pas de meilleure garantie que d’être envoyé par une personne fiable. Vous dénicherez aussi les bons coins qui échappent aux masses de touristes.

7. Utiliser votre sourire
Le capital de sympathie dont bénéficient les Québécois est utile. Ce n’est pas de notre faute si notre « accent » est charmeur! Lors d’un récent séjour à Paris, en faisant le marché, mon accent québécois m’a valu une bonne bouteille de cidre et du fromage, offerts par la maison!

Les bons sites
amigoexpress.com
allostop.com
routard.com
letsgo.com
travelbudget.com
tripadvisor.com/tankofgas
voyageforum.com
lepouceux.com

Voyager sans se ruiner

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