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  • © Squamish Page Facebook Arc'teryx Academy

À l'académie d’escalade Arc’teryx de Squamish

Il y a des académies pour les chanteurs et pour les magiciens, mais il y a aussi des académies pour les grimpeurs. Compte rendu de l’école éphémère de grimpe d’Arc’teryx, qui tient ses classes chaque année à Squamish, en Colombie-Britannique.


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C’est l’équivalent de suivre un cours de tennis avec Serena Williams. Ou un cours de conduite avec Lewis Hamilton. Ou un cours de natation avec Michael Phelps. Vous comprenez un peu l’image : l’académie d’escalade Arc’teryx, c’est ça. Enfin, un peu ça : c’est surtout la possibilité, pour de simples grimpeurs mortels, de côtoyer l’élite de l’escalade afin d’acquérir quelques techniques et secrets pour mieux performer.

L’an dernier, c’était la quinzième fois que cet événement se tenait à Squamish, une destination (très, très) très connue parmi les grimpeurs de tout le pays – voire du monde. L’endroit s’y prête bien : il y a du rocher de toutes les tailles et dans toutes les directions. Mais cette académie, c’est bien plus que de la formation, c’est un peu une célébration de tous les sports de montagne. Tout y est : cliniques, compétitions, projections de films, musique et soirées festives. « Notre but principal, avec cet événement, c’est de célébrer la communauté », souligne Jurgen Watts, porte-parole de l’équipementier canadien Arc’teryx, qui commandite et organise l’académie.

Il faut dire que celle-ci est plutôt difficile à manquer dans la ville de 20 000 habitants : un immense dôme ainsi que plusieurs kiosques occupent tout un parc du centre-ville, quelques rues sont fermées et un stationnement pour vélos est même installé temporairement. Sans compter que le logo de l’archéoptéryx est visible partout en ville pour quelques heures.

Puisque des cliniques de formation peuvent sembler extraordinaires — ou très ordinaires! — sur papier, quoi de mieux que d’en tester quelques-unes? C’est ce que nous avons fait pour vous faire bénéficier de quelques pépites de conseils prodigués par certains des athlètes présents.

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

 


Jour 1 : Alannah Yip – Tactiques en escalade sportive

Ce n’est pas tous les jours qu’une athlète olympique vous donne des conseils pour vous améliorer. Et à cet égard, la Vancouvéroise Alannah Yip a été vraiment généreuse. En effet, la médaillée d’or en combiné aux Jeux panaméricains de Los Angeles, en 2020, a expliqué tout ce qu’elle faisait, de son entraînement jusqu’à sa préparation mentale, en passant par son horaire.

La journée s’amorce avec ses explications sur la routine qu’elle suit pour s’échauffer. Elle nous parle également de son expérience aux Jeux olympiques de Tokyo et de ce qu’elle compte faire pour ceux de Paris, en 2024. Avant de commencer à grimper, tout le groupe révise les notions de sécurité : l’installation et le nettoyage des ancrages, l’assurage ainsi que les commandes verbales, pour éviter des accidents.

Pas de chance pour une des participantes : tôt en journée, elle se cogne très sérieusement le coude droit, assez fort pour en avoir les doigts engourdis – elle prend donc le chemin de l’urgence. Un rappel que même durant une clinique, des accidents peuvent survenir.

Puis, l’athlète olympique regarde évoluer les grimpeurs et grimpeuses, soulignant quelques ajustements qui pourraient être faits. Ici et là, des réussites ponctuées de cris de joie, parce que les conseils portent fruit. Parmi les éléments que précise Alannah : prévoir un plan de match avant de quitter le sol, regarder autour de soi pour repérer les prises et respirer dans les positions difficiles afin de garder l’esprit clair.

La preuve que la formation fonctionne? Pendant un bon moment, Alannah a échangé avec un des participants, Steve; peu de temps après, il a enchaîné sa toute première 5.11a à vue. Le cri de victoire qu’il a lâché à la fin lui a valu une salve d’applaudissements de la part de toute notre équipe.

Conseil de pro: pour éviter les blessures, il faut se réchauffer, peu importe son niveau.

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

 


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Jour 2 : Drew Ruana – Analyser des problèmes de bloc

À 23 ans seulement, ce grimpeur de bloc compte parmi les plus forts de la planète, et il a déjà enchaîné une poignée de V16 et un grand nombre de V15. Durant son bref passage à Squamish, malgré des conditions météo ordinaires, il a complété un V14 en peu de temps, pendant une semaine de « repos ».

Ce jeune athlète de Redmond, Washington, a guidé les participants de la clinique à travers le processus permettant d’exceller dans l’escalade de bloc, peu importe la difficulté : analyser les prises, trouver une séquence qui fonctionne, rendre les mouvements fluides. Au-delà des conseils, c’est certainement la motivation contagieuse du grimpeur qui a déteint sur tout le groupe – il exprime un enthousiasme égal tant pour les problèmes faciles que pour les défis plus difficiles!

Évidemment, les conseils de professionnels peuvent avoir leur limite objective. Par exemple, Drew a fait de la compétition d’escalade pendant plusieurs années, si bien qu’il a développé une force surhumaine des doigts. Ce qui fait qu’aujourd’hui, ce mutant venu de l’espace s’entraîne peu ou pas pour ses projets d’escalade. Or pour la plupart des grimpeuses et grimpeurs, cette recette ne sera pas gage de succès.

Étrangement, à mi-journée, plus de la moitié des participants quittent la formation avec des excuses plus ou moins claires, allant des blessures à la fatigue. Ce qui fait qu’on passera, deux autres personnes et moi, tout l’après-midi à grimper et à échanger avec Drew Ruana – une clinique devenue quasi privée, en somme! Cela n’a pas suffi, par contre, à nous permettre de soudainement devenir des grimpeurs de bloc extraordinairement forts comme lui.

Conseil de pro : si vous ne réussissez pas un bloc au premier essai, travaillez le problème en commençant par la fin.

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

 


Jour 3 : Will Gadd – Entretenir la motivation

S’il devait y avoir un titre de Capitaine Aventure Canada, il devrait de facto aller à Will Gadd. Cet athlète de 55 ans, né et élevé dans les Rocheuses canadiennes, a déjà fait du kayak de haut niveau, de l’escalade de glace, de l’escalade sur rocher, du deltaplane et de l’alpinisme. Bref, un polyvalent de l’extrême. Et pourtant, il mesure très bien les risques. C’est d’ailleurs l’un des messages qu’il livre durant sa clinique : se pousser physiquement en portant spécialement attention à ce facteur.

Avec lui, ce n’est qu’après une longue révision de tous les aspects de sécurité de l’escalade que les participants s’attaquent au rocher. Et Will, avec son œil avisé, repère vite les faiblesses ou les erreurs des participants. Une position de corde hasardeuse ici, un mauvais transfert de poids par là-bas : rien ne lui échappe.

Exercice inusité mais efficace – qui rend aussi très humble : Will remplit un sac à dos de roches et demande ensuite à votre humble serviteur de grimper une voie d’un niveau qui serait habituellement assez facile. Mais avec la charge supplémentaire, une 5.9 s’avère un défi physique digne d’un entraînement de CrossFit. Et cela révèle aussi toutes les inefficacités techniques d’un grimpeur.

L’énergie et la motivation de Will se communiquent bientôt au petit groupe, et chacun des participants va tenter, au fil des heures, de repousser ses limites. Le titre de la clinique s’avère bien choisi : tout le monde semble extrêmement motivé à l’idée de continuer à progresser après la journée.

Conseil de pro : il faut rester motivé(e), mais il faut pousser ses limites en toute sécurité (ou en toute connaissance des risques).

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

 


Humaniser les athlètes

Ce qui est fascinant dans ces ateliers – et c’est un phénomène qui s’est produit dans toutes les cliniques –, c’est qu’on passe d’une portion qui se veut assez théorique et encadrée à des échanges beaucoup plus informels sur toutes sortes de choses. De quoi rendre beaucoup plus humains ces athlètes qu’on ne connaît souvent qu’à travers des écrans.

Notons que ce sont probablement les grimpeurs débutants et intermédiaires qui vont bénéficier le plus de ce genre de clinique : les athlètes ont fourni une foule de trucs et de tactiques pouvant s’avérer utiles. Si on n’obtient pas un certificat d’académicien de la grimpe après trois jours de formation intensive, une chose est sûre : entre les rappels sur la sécurité, les trucs pour mieux performer et la motivation contagieuse des participants, il est difficile de ne pas se sentir comme un diplômé de la grimpe en repartant de là. On se voit à la 16e cuvée de l’académie l’été 2023?


ReBird : promouvoir le recyclage et la réutilisation

Cette fin de semaine de célébrations sous le signe de l’oiseau-dinosaure était aussi l’occasion de lancer un programme unique d’Arc’teryx, ReBird, qui vise à promouvoir le recyclage et la réutilisation. En somme, le manufacturier veut tendre vers la fabrication de produits plus « circulaires » pour réduire l’utilisation de matériel, par exemple. Du même coup, Arc’teryx veut aider à prolonger la durée de vie des produits déjà sur le marché. Pour ce faire, des centres ReBird ont vu le jour, où les consommateurs peuvent apporter des vêtements troués ou usés pour tenter de les faire réparer. On peut entre autres faire appliquer du déperlant sur un vieil imper-respirant, faire évaluer un vêtement pour déterminer s’il est possible de le réparer ou encore apprendre à mieux prendre soin de pièces techniques.

Ces boutiques nouveau genre se trouvent déjà à New York et Toronto, alors que Pékin et Tokyo auront les leurs sous peu; rien n’est prévu pour le Québec ou l’est du Canada pour l’instant. L’entreprise souligne que ces sites de réparation répondront à la demande. À suivre, donc.


L’auteur était l’invité d’Arc’teryx.


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