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  • © Courtoisie Patrick Charlebois

Patrick Charlebois, le marathon man québécois

En 2017, Patrick Charlebois a attiré l'attention du public en participant au World Marathon Challenge, où il devait boucler sept marathons sur sept continents, en sept jours. Ce printemps, le Trifluvien de 47 ans poursuit dans la même veine en créant un Canadian Marathon Challenge : dix marathons dans les dix provinces… en dix jours.

Sept marathons autour du monde, un livre et déjà un nouveau défi d'envergure : vous ne chômez pas!

J'ai été surpris de l'attention que j'ai récoltée en courant le World Marathon Challenge. J'ai eu cette idée d'en créer une version canadienne peu de temps après mon retour, et elle ne me sortait plus de la tête. Et comme je ne suis pas du genre à rester longtemps dans l'inaction…

Qu'est-ce qui vous plaît autant dans ce nouveau défi?

J'avais 10 ans lorsque Terry Fox s'est lancé dans son aventure de traverser le Canada à la course en abattant un marathon par jour… sur une jambe. Ça défiait l'imaginaire! Il m'a inspiré à courir. Mon Canadian Marathon Challenge est un hybride entre son Marathon de l'espoir et le World Marathon Challenge. Il demeure le vrai héros; je ne suis que celui qui va courir en son honneur pour amasser des fonds pour la Fondation Terry Fox.

Quel est l'aspect le plus difficile dans une formule de marathons en série?

Tout ce qui se passe entre les marathons… ou plutôt ce qui ne se passe pas, c'est-à-dire une récupération de qualité. Au cours du World Marathon Challenge, on se déplaçait de continent en continent, ce qui implique forcément beaucoup de temps en avion et un espace-temps épuisant entre deux décalages horaires. J'estime que j'ai réussi à cumuler tout au plus douze heures de sommeil pendant les sept jours de l'épreuve. Dans mon défi canadien, je simplifie la logistique du déplacement… mais j'ajoute quand même trois marathons!

© Pierre Tremblay

Entre 7 marathons en 7 jours et 10 marathons en 10 jours, la marche est-elle haute?

Eh bien oui, haute de 126 kilomètres! Les ultramarathons sur route sont rares, parce que courir sur du bitume sur des centaines de kilomètres, ça use. En entraînement, je m'y prépare en enchaînant de longues sorties jour après jour, mais mon entraîneur m'encourage aussi à cumuler du kilométrage en sentier, voire en aquajogging pour diminuer les risques de blessure. Cela dit, on verra bien comment mon corps réagira à tout ce volume sur asphalte. Une chose est certaine : je veux continuer à courir longtemps, et il est hors de question que je m'y blesse " fatalement " (et que je ne puisse plus courir à mon retour).


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Après des années à performer, ces défis d'endurance sont-ils une sorte de transition vers une seconde carrière de coureur?

Selon moi, performance et durabilité ne vont pas de pair. Pendant le World Marathon Challenge, j'ai couru avec Ryan Hall. Il a pris sa retraite de la course à 33 ans! J'en ai 47, et ce n'est pas dans mes plans avant… jamais!
Mon entraîneur me dit que je pourrais franchir la ligne d'arrivée d'un marathon en 2 h 35 (mon record est de 2 h 41 min 55 s), mais je crois que je suis rendu ailleurs dans ma carrière de coureur. Cet objectif de vitesse implique trop d'intensité, et avec celle-ci surviennent les risques de blessure.

Il n'est quand même pas question pour vous de " trotter " vos marathons…

Je l'admets, j'ai le " syndrome du dossard " : quand je cours, j'ai cette soif de performance. Cela s'avère d'ailleurs un gros défi pendant ma préparation pour des marathons en série : je dois courir plus lentement que ma vitesse de croisière naturelle, ce que je trouve difficile physiquement et mentalement. Dans le Canadian Marathon Challenge, je dois entre autres ralentir impérativement mon temps moyen au marathon (3 h 14 au World Marathon Challenge).

Vous ne le cachez pas : vous êtes quelqu'un de très compétitif. Pourquoi entreprendre un défi en solitaire?

Parce que je suis sûr de gagner! (Rires.) Plus sérieusement, parce que ce défi est symbolique pour moi, et que je le souhaite également rassembleur. Des coureurs pourront m'accompagner dans chacune de mes sorties, outre les deux marathons officiels, soit le Blue Nose Marathon à Halifax et le Marathon de Calgary. J'avoue que ce sera très difficile d'être raisonnable lors de ces marathons, une fois dans le peloton…


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Raisonnable? Vous courez près de 200 kilomètres par semaine et vous n'hésitez pas à faire des entraînements de quatre heures d'aquajogging!

Je sais que je suis une drôle de bibitte : Joël Bourgeois, mon entraîneur, me l'a dit! Je ne boude jamais le volume, mais j'avoue qu'on a eu quelques désaccords en début de collaboration parce que je n'étais pas très assidu dans mes intervalles… Maintenant, justement, je suis plus " raisonnable " : j'ai appris à faire confiance aux autres et à ne plus en faire qu'à ma tête. Avant le World Marathon Challenge, je m'étais toujours entraîné par moi-même. En m'inscrivant à ce défi, je savais que je passais à une autre étape que je ne pouvais entreprendre seul…

Et quelle serait la prochaine étape après le Canadian Marathon Challenge?

Alors là, j'ai encore toutes sortes d'idées en tête. Ce sera de la course, mais pas des marathons en série. Et ce ne sera pas facile. Si un défi ne me fait pas peur, ce n'est pas un vrai défi, selon moi…


Le monde à ses pieds

Dans Courir jusqu'au bout du monde, Patrick Charlebois raconte l'évolution de la course à pied dans sa vie, dès ses premières performances au secondaire. Il relate aussi chacun des marathons du Big Five, bouclé sous la barre des trois heures (qui a dû évoluer vers le " Big Six ", avec une moyenne de 3 h 1 min 59 s). Bien entendu, il raconte son expérience au World Marathon Challenge.

Courir jusqu'au du monde, Patrick Charlebois, Renée Laurin, Les Éditions du Journal, 200 pages, 25 $.


Canadian Marathon Challenge

Marathon 1 : 19 mai - Saint-Jean, Terre-Neuve
Marathon 2 : 20 mai - Halifax, Nouvelle-Écosse (Scotiabank Blue Nose Marathon)
Marathon 3 : 21 mai - Moncton, Nouveau-Brunswick
Marathon 4 : 22 mai - Charlottetown, Île-du-Prince-Édouard
Marathon 5 : 23 mai - Montréal, Québec
Marathon 6 : 24 mai - Toronto, Ontario
Marathon 7 : 25 mai - Winnipeg, Manitoba
Marathon 8 : 26 mai - Regina, Saskatchewan
Marathon 9 : 27 mai - Calgary, Alberta (Scotiabank Calgary Marathon)
Marathon 10 : 28 mai - Vancouver, Colombie-Britannique

Outre les marathons officiels, les autres sorties de 42 km se déroulent sur une boucle de cinq à sept kilomètres, sur laquelle le public sera invité à accompagner Patrick Charlebois. Les détails de chaque événement seront partagés quelques semaines avant le début du défi sur la page Facebook du coureur.

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