Rechercher dans le site espaces.ca
  • © Gary Lawrence

Ski striding : un entrainement exigeant à fond

Afin de vous divertir (mais aussi de vous informer), nous avons voulu savoir quels étaient les entraînements les plus costauds de Montréal. Et notre collaborateur-cobaye a bien voulu se prêter à l’exercice. Un texte rempli de sueur (et de douleur).


Il fait noir, mais je réussis à voir à peu près où je pose les pieds, entre les sillons de la neige tapée d'un sentier. Les poumons en feu, à bout de souffle, je tente (vainement?) de coordonner le mouvement de mes bâtons de ski avec celui de mes pieds. Je suis fasciné par le son que produisent des dizaines d'autres bâtons de ski qui se plantent dans le sol et qui en ressortent rapidement à l'unisson, comme si des petits mineurs piochaient dans la neige en même temps. Il faut tenter de se distraire un peu, quand nos jambes nous supplient d'arrêter de courir.

C'est que les entraînements de ski striding (simulation en ski) du Club de ski de fond de l'Université de Montréal sont réputés être exigeants – et c'est pour les tester que je me retrouve ainsi à flanc de colline, à tenter de suivre des machines de fondeurs. Un entraînement « pas piqué des vers », avait avancé une collègue journaliste.

Moins de trente minutes avant la souffrance intermittente de la course, j'avais rejoint la petite douzaine de participants à l'entraînement du jour. Certains sont habillés de tenues moulantes faites pour fendre le vent et évacuer l'humidité – clairement, ils ne sont pas venus rigoler. Distribution de bâtons et quelques explications, et nous voilà à nous réchauffer au pas de course pour rejoindre l’éminence qui domine le CEPSUM – le petit nom du centre sportif de l'Université de Montréal.

© Gary Lawrence

Au menu du jour : des intervalles de course de 30 secondes d'efforts et autant de repos, sur trois périodes de 10 minutes, avec des bâtons dans les mains pour simuler une compétition de ski de fond. Ah oui, et tout ça dans un sentier enneigé et partiellement glacé, qui grimpe jusqu'au sommet d'une colline abrupte. Bref, pas de la tarte! Surtout qu'à la base, la course et moi, nous ne faisons pas bon ménage. Et il s'avère que je suis, au mieux, un skieur du dimanche. Ça s'annonce être le festival de la souffrance.


À lire aussi : Le ski de fond, un sport complet


Matteo, un Espagnol qui fait partie du Club depuis quatre ans, m'explique les bases : courir en coordonnant le mouvement des bâtons avec celui des pas de course – comme si on skiait, mais sans les skis. Il faut appuyer assez fort sur les bâtons, « sinon, tu vas t'épuiser rapidement », explique le skieur en rigolant.

« On accueille des nouveaux membres dans le Club, mais il faut qu'ils aient un niveau de base physique; habituellement, on ne leur fait pas faire cet entraînement dès le départ, sinon, ils mourraient… », dit à la blague Matteo. Rassurant.

Il me prête une lampe-frontale et de façon informelle, ça commence. Un grand gaillard nommé Paul se chargera de nous annoncer les intervalles en criant... « 3... 2...1... Goooo! »

Rapidement, les machines de compétition forment un peloton en tête. De mon côté, j'essaie de maintenir un rythme décent – ce sera peine perdue. Dès le quatrième intervalle, ma frontale rend l'âme et je suis le groupe en me fiant aux faisceaux devant moi. Bien entendu, je suis en queue de peloton. La première montée n'est qu'un aperçu, mais ce sera annonciateur : si les premiers intervalles ne sont pas « si » pénibles, mes jambes me rappellent que j'ai beaucoup de volonté, mais pas les muscles d'un coureur ou d'un skieur.

Une fois rendu en haut, le petit groupe redescend au trot vers le bas de la colline. Petite pause avant de reprendre les sprints. Entre deux goulées d'air, je demande si c'est toujours aussi intense comme entraînement. « C’est le pire que tu aurais pu faire, tous sports confondus : tu es venu à l’entraînement le plus difficile », explique l’un des membres. Ah.


À lire aussi : Bootcamp d'entrainement


On reprend les sprints – dans mon cas, sans grand enthousiasme, avec les quadriceps spasmés. Plus la fatigue s'accumule, plus je prends du retard. Chaque sprint est marqué par le « Goooo ! » traînant de Paul. Mine de rien, c’est un paysage enchanteur qui nous entoure. La colline donne une vue très large d'un Montréal nocturne, moucheté de jaune et de rouge. Bien difficile d’en profiter, par contre.

© Gary Lawrence

Les derniers intervalles, je les complète en joggant faiblement plutôt qu'en courant. Une fille du groupe m'encourage pour les dernières minutes, et au sommet de la colline, à la fin du dernier sprint, tout le monde se salue avec des high five. Je me sens vidé. Au moment où je me dis qu'au moins, c'est terminé, je constate que les autres courent pour redescendre. À ce moment précis, j’en viens à profondément haïr la course.

Killian Jornet et les autres fous furieux de courses en montagne peuvent dormir tranquille : ce n'est pas demain que je rivaliserai avec eux pour battre des records. Idem pour les skieurs. Même si c'est entièrement subjectif, l'entraînement avec le Club de ski de fond de l'Université de Montréal s'est avéré, et de loin, le plus exigeant – et tout ça n'a rien à voir avec l'imagination notoire des journalistes.


À lire aussi : Le Parkour du combattant


Infos et inscription facebook.com/skidefond.udm / skidefond.cepsum@gmail.com

Attention : en raison de la COVID et des restrictions sanitaires, le club de ski de fond de l'Université de Montréal n'organise plus, pour le moment, de séances d'entrainement en groupe.

Commentaires (0)
Participer à la discussion!