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Guide d'achat : Quoi penser du retour des chaussures de course maximalistes?

Après la mode des chaussures de course minimalistes, les manufacturiers proposent de plus en plus de modèles dotés de semelles bien épaisses et rembourrées. Est-ce bien nécessaire?

Dans cet article

Selon un rapport de la Sport & Fitness Industry Association, environ 60 millions d’États-Uniens s’adonnaient (à des niveaux différents) à la course à pied en 2020. La même année, on dénombrait jusqu’à 620 millions d’adeptes du genre dans le monde. Si on y ajoute les nouveaux disciples qui ont joint leurs rangs en ces deux dernières années pour le moins particulières, la planète course a de beaux jours devant elle.

Si la grande majorité des coureurs (environ 90 %) utilisent des chaussures traditionnelles, un nombre croissant d’adeptes optent pour un modèle minimaliste. Celui-ci est plus léger, n’a presque pas d’amorti ni de dénivelé (drop) et ne présente aucune technologie de contrôle de la pronation. Courir avec de telles chaussures demande d’adopter une foulée dite « médio-pied », c’est-à-dire que le premier contact au sol se fait avec le milieu ou l’avant du pied au lieu du talon, comme c’est le cas avec les chaussures traditionnelles.

Pour les tenants de la foulée minimaliste, deux principaux arguments reviennent : d’abord, une amélioration significative de la performance des coureurs tient à la légèreté des chaussures; ensuite, toutes les technologies de prévention des blessures propres aux chaussures traditionnelles (fort dénivelé, semelle épaisse et très coussinée, antipronation…) ont été développées sans s’appuyer sur des résultats probants de recherches scientifiques. Et jusqu’à tout récemment, ils avaient raison.

Le retour en grande pompe des pompes maximalistes

Dotées de nouveaux composants modernes et ultralégers, les chaussures maximalistes – comme on les appelle maintenant – peuvent désormais être très rapides. Au surplus, de nombreuses études s’intéressant aux technologies de la prévention des blessures ont été publiées ces 10 dernières années. Entre autres conclusions auxquelles elles arrivent, il appert qu’il y aurait 52 % plus de risques de développer une blessure avec des chaussures ayant peu (ou pas) d’amorti, tandis que les impacts liés aux blessures, ressentis par les structures de la jambe, seraient plus faibles lorsque le pied repose sur de grosses semelles bien absorbantes, malgré une foulée avec une attaque du talon. En outre, on a observé que plus on est léger, plus on est protégé des blessures en portant une chaussure bien coussinée.

À la lumière de ces informations, les fabricants de chaussures n’ont évidemment pas hésité à se lancer à nouveau dans le développement de chaussures aux semelles « boostées aux hormones »; à preuve, les rayons des détaillants en regorgent désormais.

Au cours des derniers mois, j’ai testé plusieurs de ces chaussures surélevées. Moi qui cours depuis des décennies avec des modèles bien coussinés tout en prônant une attaque modérée du talon, j’ai pu constater que ces technologies de prévention des blessures ont vraiment leur raison d’être. Mais attention, il ne faut pas pour autant discréditer les chaussures minimalistes, ni la foulée qui vient avec.

Bien que la rage du débat « maximaliste contre minimaliste » se soit considérablement calmée, on trouve toujours des partisans passionnés dans les deux camps. Un consensus semble toutefois s’établir : les deux types de chaussures et de foulées comportent tous deux leurs avantages et leurs inconvénients, et chaque coureur est différent. Ce qui importe, donc, c’est de trouver semelle à son pied!


On a testé : 


1. Hoka – Bondi 8

S’il est une chose qui distingue les Hoka de leurs semblables, ce sont leurs très imposantes semelles, et la toute récente Bondi 8 ne fait pas exception à la règle. Composée d’une nouvelle mousse ultralégère encore plus résiliente, sa semelle est plus coussinée et plus légère que celle de la version 7, et son talon à géométrie étendue adoucit davantage la transition talon-orteils. Le manufacturier qualifie d’ailleurs son coussinage « pelucheux » de révolutionnaire; en fait, même la languette de la Hoka 8 est très coussinée, tandis que sa tige en filet extensible respire bien. En plus d’être haute, cette chaussure est à ce point large qu’elle donne l’impression que les pieds du coureur ont doublé de superficie. Avec une telle emprise au sol, on jouit d’une stabilité parfaite, mais on perd un peu en réactivité; en revanche, le confort absolu de ces chaussures en fait un excellent choix pour les longues sorties sur le bitume.


2. New Balance – Fresh Foam X 1080v12

Confort, légèreté et performance sont trois mots qui vont de pair avec ce modèle que New Balance définit comme sa meilleure chaussure de course et sa plus polyvalente. Il faut dire que la nouvelle mousse Fresh Foam X lui offre une absorption remarquable sans pour autant la priver d’une vive réactivité. Sa forme de type à bascule (rocker), adoucit la transition et propulse le coureur vers l’avant, tandis que sa tige montante en tricot extensible, son haut collet à l’arrière et son siège de talon qui l’épouse parfaitement donnent littéralement l’impression de porter des pantoufles fabriquées sur mesure. Après une centaine de kilomètres courus avec les 1080v12, je le confirme : elles sont exceptionnelles et conviennent autant aux longs entraînements qu’aux compétitions. Et comme de nombreux modèles New Balance, elles sont offertes en trois largeurs différentes.


3. Columbia – Escape Thrive Endure

Chausser des Escape Thrive Endure est sans aucun doute ce qui se rapproche le plus de la sensation qu’on ressentirait en portant des aéroglisseurs aux pieds. Grâce à la semelle intermédiaire rembourrée avec une mousse ultralégère issue de la technologie Techlite Plush, l’absorption des chocs est pour ainsi dire totale. Néanmoins, cette semelle coussinée à l’extrême affecte un peu la stabilité sur les sols irréguliers, comme en montée ou en descente escarpée sur le roc. En revanche, la semelle externe, dotée de crampons mous de 5 mm, colle au sol comme une ventouse, et la coquille est imper-respirante. Le qualificatif « maximaliste » sied fort bien à cette très confortable chaussure mi-haute qui est conçue surtout pour la randonnée et dont la semelle prend l’apparence d’une guimauve tout en courbes.


4. The North Face – Vectiv Enduris II

La géométrie à bascule (rocker) de ces chaussures de course en sentier est à ce point dynamique qu’on a l’impression qu’elles sont allergiques au surplace, comme si elles étaient motorisées. La semelle coussinée absorbe les chocs à merveille et contribue à retarder la fatigue lors des longues sorties sur terrain accidenté. Les crampons de 3,5 mm assurent une bonne adhérence et la tige aérée est suffisamment robuste pour résister aux accrocs des sentiers. À 309 g, cette chaussure fait partie des modèles légers de sa catégorie, mais en tenant compte de son confort et de son excellent ajustement, c’est à peine si on sent son poids. C’est la première fois que je cours avec des North Face aux pieds, et l’expérience me prouve que ce ne sera pas la dernière.

  • Usage : course en sentier
  • Prix : 190 $
  • Poids : 309 g
  • Dénivelé : 6 mm
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5. On – Cloudmonster

Dotée des plus grosses cellules CloudTec jamais conçues par On, la Cloudmonster en impose non seulement par son style, mais aussi par sa performance. Malgré une semelle qui procure un maximum d’amorti, elle est étonnamment stable. Sa géométrie à bascule (rocker) extrêmement marquée à l’avant dynamise à ce point la foulée qu’en descente, on se surprend presque à vouloir ralentir. Avant l’essai de ces chaussures maximalistes, j’étais toujours un peu perplexe quant à la durabilité des cellules, mais l’épaisseur de celles de la Cloudmonster a dissipé ces craintes. Courir sur un nuage n’aura jamais été si confortable, si rapide et si stable.


6. Nike – Air Zoom Alphafly NEXT% Flyknit

Pour les fins de ce guide d’achat, c’est le seul modèle que je n’ai pas essayé. Toutefois, comme Nike est l’un des pionniers de cette nouvelle ère de chaussures à semelles ultracoussinées, il était impératif d’y inclure un de ses modèles. Avec un nom qui comporte « fly » en préfixe comme en suffixe, il est clair que cette chaussure est faite pour voler : à 210 g, elle se classe dans la catégorie des ultralégères. Mais il y a plus : son épaisse semelle en mousse réactive comporte deux capsules d’air, Zoom Air Units, qui propulsent le coureur vers l’avant, tandis que sa plaque en fibre de carbone agit comme un ressort. Sa tige en tricot très extensible et hydrophobe maximise le confort global, et elle est si légère qu’on peut voir au travers. Bref, rien qu’à la regarder, on se sent déjà flotter. Par contre, vu le prix de détail demandé, on ne voudra s’envoler avec elles que lors des grandes occasions.

  • Usage : course à pied
  • Prix : 365 $
  • Poids : 210 g
  • Dénivelé : 4 mm
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