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  • Crédit: Jean Bruneau

Plongée sous la glace

Déjà que la plongée sous-marine est une activité peu commune, imaginez la plongée sous la glace! Exotique, la beauté des paysages marins hivernaux en convaincra plus d’un. Mais mieux vaut savoir dans quoi l’on s’embarque… Auprès des non-initiés, la simple mention de plonger sous la glace fait frémir. Pour ceux assez braves pour s’y risquer, l’audace en vaut le coup. Pour moi, accroc à l’adrénaline depuis toujours, l’attrait est apparu lorsque Jacques Cousteau et sa bande de lascars nautiques ont rapporté leurs superbes images qui semblaient sorties d’un film de science-fiction : ces cathédrales bleutées aux énormes vitraux azurés baignés par le soleil ou encore les perles d’air agglutinés au plafond translucide se transformant en nappe aux couleurs de mercure.

Si mon attrait pour ce sport n’a jamais été remis en question, son aspect dangereux m’a longtemps empêché de l’essayer. Ironiquement, la plongée sous la glace est bien plus sécuritaire qu’une simple plongée sous-marine. Attention : j’ai bien dit sécuritaire, et non facile! Car, ne se jette pas sous la glace qui veut.

Heureusement pour nous, la pratique de cette activité est facile au Québec grâce à notre situation géographique et notre climat nordique. L’hiver québécois procure l’importante couverture de glace nécessaire pour supporter une équipe de six plongeurs ainsi que leur équipement de plongée. Mais la saison demeure courte, beaucoup trop courte…

Savoir nager avant tout…

Avant de vous aventurer sous la glace, il faut posséder un entraînement de base en plongée sous-marine. Sur ce plan, rien de bien difficile, car il est possible de suivre des cours en plongée partout dans la province. Vous devrez ensuite vous inscrire à une formation en plongée avancée qui vous aidera à affronter les imprévus.Finalement, il vous restera à suivre une spécialisation en plongée sous glace constituée d’une partie théorique dans laquelle vous apprendrez à réagir face aux écarts de température (assez radicaux!), au protocole de sécurité, aux règles régissant les communications et le comportement des plongeurs lorsque ceux-ci sont immergés.

Tout se déroule très vite : la gifle de l’eau froide sur le visage, la première respiration dans le détenteur.

Une fois ces connaissances acquises, la préparation est achevée. Assis sur une petite banquise, les deux palmes bien plantées dans l’eau à regarder le triangle sombre en face de lui, le rythme cardiaque fébrile, l’apprenti plongeur est fin prêt à s’aventurer sous ce couvert de glace. Du coup, la combinaison de plongée paraît étroite, étouffante et le cerveau cherche mille excuses pour ce sortir de cette situation qui paraît soudainement invraisemblable. Le rire est faux, le sourire tendu, le souffle court et les oreilles ont peine à croire qu’elles viennent d’entendre le signal. Puis, tout se déroule très vite : la gifle de l’eau froide sur le visage, la première respiration dans le détenteur (il faut éviter de respirer dans son détenteur avant l’immersion, afin d’éviter le débit continu). Puis, on se rend compte que tout va bien. On relève la tête et nos yeux découvrent un univers surréaliste et captivant; l’angoisse cède la place à l’émerveillement.

Dès l’immersion, on s’aperçoit rapidement que la visibilité subaquatique d’hiver rivalise avec les meilleurs sites tropicaux. Ne manque plus que les poissons colorés! Les rares que nous rencontrons sont ralentis par leur métabolisme en quête d’économie énergique. Puis un frisson apparaît : après une trentaine de minutes sous l’eau, le froid aura raison de l’enthousiasme des plus coriaces.

Crédit: Jean BruneauL’équipement gelé…

Même s’il fait -15OC à l’extérieur, l’eau ne sera jamais sous le point de congélation : il fera donc plus chaud dans l’eau qu’à la surface. Cela ajoute cependant un important problème : le débit continu. Ce phénomène se produit lorsque l’équipement est mis en marche trop tôt (ou trop souvent) par le plongeur. L’air qui s’échappe à forte pression se refroidit et glace le mécanisme en position ouverte. Si ce problème n’est pas dangereux en soi, il demeure important de ne pas laisser l’air s’épuiser. Pour y remédier, suffit d’un simple thermos rempli d’eau chaude qui dégèlera les détenteurs récalcitrants et réchauffera les doigts gelés. Veuillez cependant bien identifier le thermos qui contiendra votre soupe au poulet…

Côté confort, les vêtements de plongée se divise principalement en deux groupes : les vêtements secs et ceux humides. Vaut mieux s’équiper d’un vêtement sec (drysuit) pour la plongée hivernale. Le code vestimentaire pour la plongée sous glace est d’ailleurs très strict et le chef de plongée en charge de la sécurité peut se permettre de vous interdire la plongée si vous ne répondez pas aux exigences de sécurité requises. Il est bon de se rappeler que c’est surtout à la sortie de l’eau que le froid mordra et qu’un bon équipement rendra la chose beaucoup plus agréable.

La visibilité subaquatique d’hiver rivalise avec les meilleurs sites tropicaux.

L’équipe est composée d’un « tendeur » relié aux deux plongeurs immergés par une corde, d’un « maître plongeur » à la surface pour superviser la sécurité et d’un plongeur de soutien en attente hors de l’eau. Bref, il faut un minimum de six personnes pour s’adonner à cette pratique. La communication s’effectue par signaux : principalement par des coups sur la code : un coup pour s’informer si tout va bien, deux coups pour signaler le bout de la corde, trois coups pour donner le signal du retour. Quatre coups de corde signifie que le « tendeur » vous tirera de l’eau à la cadence la plus sécuritaire possible.

Depuis quelques années, les destinations et les organismes s’occupant de plongée sous glace se sont multipliées. Lacs, carrières abandonnées, toute la région de l’Arctique (tant canadienne que russe), le Grand Nord, la baie d’Ungava, voire l’Antarctique, sont tous accessibles pour les bourlingueurs aventuriers. Au Québec, il existe plusieurs clubs de plongée et bon nombre de boutiques qui organisent des sorties de plongées sous les glaces. À vous d’en profiter.

Pour plus d’information :

> FQAS (Fédération Québécoise des Activités Sous-marine) : fqas.qc.ca

> Le club de plongée Les Baisers Blancs : lesbaisersblancs.com

Équipement requis

- Une bonne combinaison de plongée.
- Une cagoule et des gants.
- Des bottillons de plongée.
- Palmes et masque.
- Une veste de plongée en bon état.
- Un détendeur de bonne qualité, révisé et préparé pour le froid (il existe des détendeurs spécialisés pour la plongée en eau froide, ceux-ci sont conçus de façon à réduire les risques de débit continu).
- Une forme de manomètre de pression mécanique ou électronique pour faire un suivi de sa consommation d’air (les mélanges d’air tels que le Nitrox apporte peu de bénéfices, cela est dû principalement à la faible profondeur et aux courtes durées des immersions).
- Un ou deux thermos d’eau chaude pour dégeler l’équipement.
- Des vêtements chauds, des bottes étanches, des gants, un foulard et une tuque appropriés à la température ambiante;
- Et pourquoi pas un autre thermos de soupe pour se réchauffer après sa plongée...

Ce que l’organisme ou le club devrait fournir :
- Une équipe suffisante au fonctionnement sécuritaire de la plongée : annulez la sortie si ce nombre est insuffisant ou si la température n’est pas clémente.
- Un véhicule mandaté par le chef plongeur pour l’évacuation d’urgence.
- Un godendart ou une scie mécanique (de préférence dégraissée) pour faire le trou (généralement de forme triangulaire, cette forme facilite la sortie de l’eau des plongeurs).
- Un harnais de sécurité (conçu de matériel résistant et aux coutures doubles sinon triples) avec anneaux en acier inoxydable auxquels s’attache un mousqueton qui se verrouille au bout de la corde.
- Le novice doit toujours être attaché à son instructeur et ce dernier est en charge de la signalisation avec la surface et il veille à la sécurité.
- Certains clubs ont même des abris chauffés qui rendront la sortie plus agréable...

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