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Camp de base de l’Everest: victime de son succès

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Le surtourisme, vous connaissez? C’est le nouveau mal qui frappe l’univers du voyage. Trop de touristes convergent à l’unisson vers les mêmes destinations : les ramblas de Barcelone, le Taj Mahal d’Agra, la Cité interdite de Pékin et… le camp de base de l’Everest. Même en pleine nature, ce lieu est devenu un carrefour grouillant et tapageur. Un constat qui jure avec l’effet recherché en plein air.

 

Soixante-six ans après la première ascension du toit du monde, qui aurait pu deviner que son camp de base, situé à 5314 mètres au pied du glacier du Khumbu, attirerait 50 000 visiteurs par année, soit 300 personnes chaque jour? Ajoutez les guides, les cuisiniers et les porteurs népalais, et le total atteint près de 100 000 personnes. Sceptique? Une rapide recherche sur Instagram avec les mots clés Everest Base Camp finira de vous convaincre de l’extrême popularité du site.

Si le sommet est de plus en plus convoité par la communauté des aspirants alpinistes, le camp de base, plus accessible, l’est davantage. Ils sont légion à vouloir l’inscrire sur leur to-do list personnelle, au même titre que le Machu Picchu ou le sommet du Kilimandjaro. Le caractère saisonnier du trek au camp de base n’arrange pas les choses : les touristes s’y rendent surtout au printemps (mars et avril) et en automne (octobre et novembre). Et 80 % d’entre eux se croisent en file ininterrompue dans la vallée du Khumbu. Résultat : une véritable congestion sur les sentiers!

« Il y a beaucoup trop de gens dans la région de l’Everest, ce n’est pas bon pour la montagne », résume Babu Sherpa, propriétaire de l’agence de trekking Mountain Tribe, contacté à Katmandou. Une affirmation d’autant plus persuasive qu’elle émane d’un professionnel du tourisme de montagne pour qui le camp de base constitue une réelle manne financière.

Faut-il pour autant en limiter l’accès, comme on l’a fait sur le chemin de l’Inca, au Pérou, il y a une dizaine d’années? Probablement, mais pas pour les autorités népalaises, qui ne semblent pas prêtes à adopter des mesures d’autorégulation. Trop de revenus sont en jeu, et c’est compréhensible quand on sait que le tourisme de montagne est la première source de revenus au Népal.

Reste que l’endroit a perdu sa pureté. Il est devenu, au fil des années, un enjeu commercial qui jure avec l’esprit montagnard. « Le Népal, la légendaire sympathie de ses habitants, ses sommets extravagants et ses temples envoûtants me sont encore inconnus, dit Stéphane Corbeil, ex-éditeur du magazine Espaces. Mais à choisir entre une autoroute touristique et un sentier où l’esprit des lieux n’est pas contaminé, la décision serait facile à prendre. »

Qui est prêt à renoncer à son vieux rêve de chatouiller l’orteil de l’Everest? Pas si simple de miser sur le boycottage individuel pour s’attaquer à un problème d’ordre collectif. L’autoresponsabilisation n’est pas mieux représentée en nature qu’en ville.

Dans l’intimité himalayenne

« C’est aux agences de trekking à poser des gestes concrets, croit Richard Rémy, fondateur de l’agence Karavaniers. Et c’est ce que nous avons fait : à partir de cette année, nous n’allons plus au camp de base de l’Everest! »

Une décision audacieuse quand on sait que ce trek de 25 jours rapporte bon an mal an près de 100 000 $ à l’agence québécoise depuis une quinzaine d’années. Suicidaire? « Non. Nécessaire, affirme Richard Rémy. Depuis 2016, le nombre de trekkeurs qui se rendent au camp de base a augmenté d’environ 30 %. C’est énorme! Cette décision s’impose d’elle-même. Trop de gens sur une montagne, ça finit par tuer la montagne! »

Fini, donc, le camp de base! L’agence québécoise, qui a toujours amené ses clients dans différentes parties du Népal, continuera d’aller dans la région de l’Everest, réputée pour ses paysages renversants. La prochaine destination du programme annuel des « Caravanes d’autrefois » (dont la première édition a eu lieu au Maroc) se déroulera dans cette région, du 18 octobre au 8 novembre prochains, en partenariat avec le magazine Espaces. « Ce trek de 17 jours sera l’occasion pour le voyageur de découvrir les paysages himalayens époustouflants et de s’initier à la culture népalo-tibétaine. Mais pas au camp de base, devenu trop commercial », précise Richard Rémy.

L’itinéraire est prometteur : pour commencer, ce sera Phaphlu dans le pays sherpa, à la rencontre des cultures foisonnantes de la vallée de Taxindu et des petites fermes accrochées aux terrasses verdoyantes.

À Namche Bazar, l’itinéraire prendra le chemin historique des caravanes qui grimpe doucement vers le col Nangpa La, à 4500 mètres, pour une vue unique sur l’un des plus longs glaciers du Népal. Puis, ce sera Gokyo et son lac émeraude, au cœur des sommets mythiques de 8000 mètres : Cho Oyu, Everest, Makalu. Pour terminer, descente par la vallée de Gokyo et de Machermo jusqu’à Namche Bazaar, d’où les voyageurs prendront un hélicoptère pour survoler l’Himalaya et rentrer à Katmandou. Si vous ne deviez faire qu’un vol en hélico dans votre vie, ce serait celui-là.

Le trek sera ponctué de plusieurs arrêts pour permettre aux voyageurs de s’initier à la culture sherpa, au bouddhisme ou à l’histoire des plus hautes montagnes du monde. De plus, un grand alpiniste de chez nous, Bernard Mailhot, qui a atteint 8000 m sur l’Everest sans oxygène et sans assistance de porteurs sera l’un des guides. Un de ses plaisirs sera de vous présenter l’histoire de l’himalayisme. Le coucher en camping permettra de s’aventurer dans les lieux reculés, loin des foules.

Info

Pour obtenir et réserver votre place, communiquez avec l’agence Karavaniers par son site Internet ou en téléphonant au 1 877 477-0799 (sans frais). Nombre de places limité.

L’auteure

Nathalie Schneider est journaliste spécialisée en plein air et en tourisme d’aventure. Elle a réalisé un très grand nombre de reportages en expédition à travers le monde. L’un d’eux l’a amenée à compléter un trek de 25 jours dans la région de l’Himalaya, depuis Jiri jusqu’à la vallée du Khumbu (et le camp de base de l’Everest), puis jusqu’à la vallée de Gokyo via le col de Cho La.

Conférences sur la Caravane himalayenne

L’agence Karavaniers sera en tournée de conférences pour présenter ce voyage dans les villes suivantes : Québec, Gatineau, Sherbrooke, Rimouski, Trois-Rivières, et Montréal. Visitez karavaniers.com pour les détails.

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