L'autre visage du Costa Rica
De plus en plus de grandes chaînes hôtelières et de tours opérateurs internationaux envahissent le marché touristique du Costa Rica, changeant à jamais ce qui faisait son charme. Avec 26 parcs nationaux et plus de 25 % de son territoire protégé, le pays pionnier de l’écotourisme est-il aujourd’hui victime de son succès?
Le parc de La Amistad est un lieu où les caprices des glaciations ont dessiné un environnement unique en Amérique centrale. En plus d’une étonnante variété d’écosystèmes, on trouve dans cet isthme qui relie les deux Amériques, des espèces endémiques, des prairies alpines et d’anciens cirques et lacs glaciaires! Très loin des grands hôtels et des masses touristiques de la côte, la traversée de la cordillère de Talamanca nécessite six jours de marche, dont cinq et demi sans rencontrer âme qui vive! C’est l’une des régions où Éric Gay, un Français expatrié au Costa Rica depuis 12 ans, cherche des sites hors des sentiers battus pour ses clients.
Son agence, Internatura, essaye de nager à contre-courant en faisant découvrir à de petits groupes de voyageurs l’autre visage et les vraies valeurs du Costa Rica. « Ça devient de plus en plus difficile de travailler avec les Costaricains. Dès qu’un hôtelier ou un restaurateur commence à faire de l’argent grâce au tourisme, il ne cesse d’augmenter les prix, explique-t-il. Il arrive un moment où les devis qu’on me propose dépassent l’entendement, je ne veux pas proposer de tels prix à mes clients… »
Sportif averti ayant parcouru le monde à vélo pendant six ans, cet ancien technicien en foresterie s’est finalement ancré au Costa Rica avec la vision d’y proposer des séjours différents. « Mon but, c’est d’utiliser l’argent reçu de mes clients le mieux possible afin que leurs dépenses sur le sol costaricain aient un vrai impact pour la population locale. Et pas seulement pour les gros établissements déjà établis ». Il profite de la basse saison touristique pour explorer le centre du pays à moto. Son dernier voyage de prospection de 900 km sur les petites routes du pays l’a conduit à visiter des réserves forestières, de petits villages isolés et surtout des communautés en train de développer des projets écotouristiques.
Dans le cadre de son trek dans les montagnes de Talamanca, il emploie un guide naturaliste indigène qui connait la région comme personne. « Nous accompagnons ensemble le groupe pour 70 km de marche dans la forêt puis sur les crêtes. » Cette expédition permet de fouler le sol d’un site hautement protégé, déclaré réserve mondiale de la biosphère par l’UNESCO. On y trouve 70 % de la faune costaricienne (cougars, tapirs, quetzals) et 90 % de la flore du pays. Une concentration d’espèces rares et endémiques parfois difficiles à repérer dans le labyrinthe naturel de la jungle tropicale. Parmi tous les joyaux du Costa Rica, le parc de La Amistad est le coup de cœur du guide français : « Au cours du trek, on a même l’occasion très spéciale de dormir en hamac au beau milieu des orchidées ». Puis, la randonnée se corse sur les pentes du Cerro Kamuk (3 554 mètres d’altitude). Il s’agit d’un des géants de la cordillère de Talamanca, la plus haute chaîne de montagnes et la plus sauvage du sud de l’Amérique centrale. Il faut compter sept autres journées (aller-retour) sur place pour gravir son sommet.
La plupart du temps, Éric évite les zones ou les parcs trop touristiques et emmène plutôt ses microgroupes dans les villages indigènes, souvent oubliés par les tours opérateurs. Pas de transport privé pour s’y rendre, on s’immerge dans la population locale en prenant l’autobus et le bateau publics. « En fonction des intérêts des gens, j’essaye toujours d’apporter un volet aventure à mes séjours. J’aime beaucoup emmener mes clients dans une petite auberge que je connais bien, profondément perdue dans les montagnes et la jungle. Il faut marcher 1 h 30 pour s’y rendre puis on a accès à une rivière qui se jette dans une cascade. C’est isolé et pas pour tout le monde, mais les gens en gardent un souvenir incroyable. »
« Il y a plusieurs années, j’ai rencontré un groupe de femmes qui ont ouvert une auberge sur l’île de Chiraz. En plus d’accueillir et de loger les voyageurs, elles les emmènent ramasser les palourdes dans la mangrove. C’est leur travail quotidien qu’elles veulent faire découvrir et partager avec les visiteurs. » Éric propose ainsi plusieurs séjours à travers le pays qui, en plus de donner l’occasion de vivre quelques jours dans les communautés locales, ont une vocation sociale. « Grâce à ces projets écotouristiques, les femmes, qui en sont souvent les instigatrices, réussissent à créer assez d’emplois pour retenir les jeunes dans le village. Elles retiennent aussi leur mari qui partait auparavant à l’autre bout du pays gagner de l’argent dans les plantations d’ananas. »
Le Costa Rica est également la terre promise du kayak et offre une multitude d’excursions en mer et en rivière. Éric aime pour sa part pagayer à travers les méandres des ruisseaux et explorer le dédale des mangroves. Pour cela, il conduit ses clients vers le sud du pays, autour du Golfo Dulce. Cette baie formée par la péninsule d’Osa est en réalité un fjord tropical, comme il en existe peu au monde. Les ruisseaux qui descendent des massifs montagneux aux alentours se partagent en centaines de voies d’eau navigables en kayak. Quand il est question d’aventure, les destinations semblent illimitées au Costa Rica.
On l’aura compris, Éric a un faible pour les séjours en région isolée, mais il sait aussi s’adapter aux désirs de ses clients : « Si des gens souhaitent visiter les grands sites touristiques comme Arenal et la région des volcans, je ne vais jamais le leur refuser. Par contre, je vais m’orienter vers de petites auberges plus isolées, des randonnées moins connues, histoire de leur donner un angle de vue différent sur le volcan. » Alors, envie de photographier le Costa Rica sous un autre angle?
La Pura Vida du Costa Rica à son meilleur :
- Boire une Imperial bien fraîche, la bière nationale, face au coucher du soleil sur la plage.
- Manger un casado, plat traditionnel composé de crudités, riz, haricots rouges, viande ou poisson, ou un ceviche une marinade de poissons frais macéré dans du jus de citron, des tomates, des oignons et des épices accompagné de coriandre dans un des petits restos en plein air que l’on trouve sur le bord des routes du pays.
- Se faire réveiller à l’aube, après une nuit à la belle étoile, par le concert des singes hurleurs de la jungle tropicale.
- Même si traditionnellement la meilleure période pour se rendre au Costa Rica est la période dite « sèche » — qui s’étire de décembre à avril —, c’est aussi la haute saison, donc la plus occupée! Malgré les pluies d’après-midi, la basse saison, de mai à novembre ou période « verte » est idéale car la végétation est luxuriante. La côte Caraïbe reçoit plus de précipitations que celle du Pacifique, sauf en juillet et plus particulièrement en août où l'on note l’inverse.
À prévoir : un passeport valide et des frais de 50 US $ à payer à l’aéroport lorsque l’on quitte le pays, pas de vaccin spécifique nécessaire mais une moustiquaire et de l’insecticide sont recommandés pour des séjours en nature.
Infos : internatura-frcr.com
Présentation d’Eric Gay qui, avec sa compagnie Internatura, fait découvrir l’autre visage du Costa Rica :