Spéos de la Fée : l'aventure sous terre
Envie de vous rafraîchir par temps chaud sans pour autant sauter à l’eau? En ce 50e anniversaire de la Société québécoise de spéléologie, alias Spéléo Québec, notre collaborateur a plongé dans la fraîcheur des entrailles de la Terre, dans la grotte la plus profonde de la Belle Province.
Le village de La Rédemption, entre Mont-Joli et Amqui, au Bas-Saint-Laurent, a deux particularités : d’abord, son drôle de nom; ensuite, c’est là qu’on trouve la cavité naturelle la plus profonde au Québec. Nommée Spéos de la Fée, celle-ci s’est créée il y a des dizaines de milliers d’années par des épisodes successifs de glaciation et de déglaciation.
Grâce à un petit groupe de bénévoles des environs, bien décidé à ce que ce site soit reconnu à sa juste valeur, on peut y descendre depuis 2015. Pas facile de gagner en notoriété quand on est dans un petit village à l’écart des circuits touristiques, mais les résultats sont encourageants : il y a trois ans, 250 visiteurs sont venus aux grottes de La Rédemption; l’an dernier, ils étaient déjà plus de 1000.
Photo Facebook / Les Grottes de La Rédemption
On ne vous mentira pas : si vous vous attendez à une cathédrale souterraine avec ses stalactites patiemment sculptées par le temps, vous serez déçu. Les glaciers ont tout emporté en se retirant. Tout juste trouve-t-on quelques lignes de calcite formant de drôles de dessins, et quelques très beaux fossiles marins incrustés dans la roche, puisqu’on arpente ce qui fut jadis le fond d’un océan.
Dans la peau d’un spéléo
C’est pour autre chose qu’on vient dans ce lieu attachant par son authenticité : la possibilité, pendant environ 90 minutes, de jouer au spéléologue en herbe. Les seuls aménagements dans la cavité sont une via ferrata (un câble fixé à la paroi auquel on s’agrippe grâce à des mousquetons) et de minuscules marches pour ne pas glisser lorsque la pente devient trop forte. Ne comptez pas sur le guide pour appuyer sur des interrupteurs qui éclairent telle ou telle zone, comme dans les grottes classiques : les lampes frontales fixées aux casques des visiteurs jouent ce rôle.
Photo Facebook / Les Grottes de La Rédemption
Une fois la profondeur maximale de 46 mètres atteinte, la dernière partie de la visite est particulièrement physique : une forte montée au cours de laquelle le débutant se cognera plusieurs fois la tête au plafond, et qui débouche sur la formation la plus intéressante de la grotte : une longue langue blanchâtre pétrifiée.
En plus de l’équipement pour descendre sous terre, les visiteurs de 2020 devront porter un couvre-visage pour éviter d’éventuellement propager la COVID-19 dans cet espace clos et étroit. Faire respecter la distance réglementaire entre chaque visiteur sera un casse-tête pour les guides, et les groupes sont donc limités à deux familles (c’est-à-dire quatre adultes et quatre enfants maximum).
L’expérience du Spéos de la Fée a quelque chose d’unique; un mélange de cours de géologie et d’aventure qui fera passer un excellent moment aux visiteurs de toutes les générations (à condition d’être bien chaussé). Le lieu est également fascinant par tout ce qu’il ne nous montre pas : ces départs de galeries pas encore explorées, car remplies de terre. La caverne où l’on se trouve n’est que la partie visible d’un réseau largement inexploré. Elle a été désobstruée par un petit noyau de passionnés bénévoles de Spéléo Québec dans les années 1970, qui en ont retiré des tonnes de boue et de roches.
Agrandira-t-on un jour le domaine accessible en creusant à nouveau? Le bénévole Nelson Fraser en rêve, mais reste prudent : c’est déjà une chance que les propriétaires des lieux acceptent de laisser passer les touristes... Les grottes de La Rédemption devraient donc garder leur côté brut pour quelques années encore. Ça tombe bien, c’est pour ça qu’on les aime.
- Visites sur réservation de juin à mi-septembre. 38 $ par personne, 79 $ pour une famille.
- Info : speosdelafee.ca