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Magique ski nuagique à Whistler

Plus grand domaine skiable des Amériques, Whistler peut en effrayer plus d’un par sa taille, ses foules, ses prix. Mais par-delà ces nuages, il est facile d’apprivoiser la bête… et d’en tirer un plaisir extrême.


Zut, quelle purée de pois. Et cette humidité… Je n’y vois rien.

En ce printemps hivernal de février, Whistler repose sous une épaisse chape de nuages, comme c’est souvent le cas, dit-on. Impossible de voir ce qui m’entoure, impensable d’imaginer ce qui m’attend, si ce n’est en consultant la carte (qu’on appelle ici « planisphère ») de cette double station qui forme un tout avec la montagne jumelle de Blackcomb.

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Un peu désabusé à l’idée de passer ma journée à patauger dans la brouillasse, je monte à bord de la gondole principale de Blackcomb, près du village piétonnier. Mais après 15 minutes à ne voir que du gris, j’émerge et l’espoir renaît : je viens de rejoindre le Septième ciel, au sens littéral comme au figuré.

Je n’exagère pas : au-delà du plafond de nuages, sous un ciel gorgé de nuances bleutées, les panoramas m’ébouriffent les cils, avec ce moutonnement de pics et de sommets qui ponctuent l’étale blanche de la chaîne côtière de Colombie-Britannique. Mieux : je suis désormais à portée de spatules du Seventh Heaven, l’un des secteurs les plus spectaculaires du plus vaste domaine skiable des Amériques, avec des points de vue sommitaux qui donnent l’impression d’être monté au ciel. Comment ai-je pu attendre si longtemps avant de tâter de cette double station triplement exaltante?


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Un domaine unique en Amérique

Quand je m’y suis finalement rendu le mois dernier, je suis resté baba. Tourneboulé par l’étendue, la variété et la splendeur de ce colossal territoire skiable d’abord; chamboulé par la qualité de l’expérience de ski qu’on peut y vivre ensuite. Sur ces deux mégamontagnes séparées par la vallée du ruisseau Fitzsimmons, on compte plus de 200 pistes réparties sur 33 km carrés, 32 remontées (dont plusieurs ultrarapides), 1600 mètres de dénivelé (contre 700 m au Massif de Charlevoix), 16 bols alpins, 3 glaciers et d’infinies possibilités de boire la tasse de poudreuse dans les bois et les sous-bois.

« Ça fait 6 ans que je skie ici presque tous les jours de l’hiver et je ne suis jamais arrivée à tout voir, même à l’intérieur des limites du domaine! », assure Julie Liautaud, guide et instructrice française établie à Whistler.

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Certes, la neige y est plus humide que dans les stations de l’intérieur de la Colombie-Britannique et de l’Alberta. Oui, il y a du bling-bling, de l’étalage de richesse et des skieurs et planchistes fêtards fête-tard qui dévalent les pistes sans crier gare – et sans savoir diriger leurs planches.

Mais il y a surtout de vrais adeptes de glisse qui voient au-delà des boutiques et des terrasses bondées de clones d’adeptes d’OD (tourné ici en 2021), et qui ne jurent que par les sommets saupoudrés annuellement par 12 mètres de flocons blancs, pointant vers le ciel comme s’ils donnaient accès au Valhalla du ski. En fait, c’est un peu ça Whistler, sauf qu’on n’a pas à croiser le fer et passer de vie à trépas pour se sentir comme un héros au pays des géants de glace, en passant d’une montagne à l’autre, séparées par un val qui rit.

De tout pour tous

Pour accéder à ce haut lieu mondial du ski et de la planche, on vient de partout dans le monde, de l’Espagne au Japon en passant par le Mexique et l’Océanie (avec une forte clientèle d’Aussies et de Kiwis). Tous gravissent à toute vitesse les deux sommets de 2182 m (Whistler) et 2284 m (Blackcomb) reliés par de vertigineuses télécabines dont le câble s’étire sur 4,4 km (le fameux Peak 2 Peak). Et tous, peu importe le calibre, y trouvent leur compte.


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« C’est vraiment la variété qui décrit le mieux cette station, assure Julie Liautaud, qui a appris à skier à Auron, près de Nice. Il y a de tout ici, parfois dans une seule et même descente : pistes damées, corduroy, couloirs, murs, bosses, sauts, ski de forêt, bols... On trouve même l’équivalent du ski hors-piste en France, mais dans les limites du domaine skiable ». En marchant un peu au-delà de l’arbalète Showcase de Blackcomb, on peut même accéder à un secteur où on peut s’immiscer sous le glacier, dans une fantasmagorique grotte de glace.


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Du reste, ce ne sont pas les options out of bounds qui manquent à Whistler : autour du domaine, des rangées de murailles blanches semblent la protéger des assauts des éléments. En réalité, celles-ci forment autant de possibilités pour fendre la poudreuse en dehors des limites de la station, jusqu’au parc provincial Garibaldi voisin. « Il faut bien choisir ses journées cependant : quand la neige est dure comme du ciment, on reste à l’intérieur du domaine, insiste Julie Liautaud. Une de mes amies l’a appris à ses dépens : un jour, en hors-piste, elle a chuté, perdu un ski et dérapé sur 200 m avant d’atterrir sur des rochers et se fracturer une jambe… »

Peu importe où l’on se trouve (ou presque), il existe des options pour les néophytes de la glisse : longs parcours filiformes accrochés à flanc de montagne, pistes vertes les reliant entre eux, traverses jalonnées de pins altiers, le tout en mode ultrapanoramique avec des points de vue grandioses sur des alentours ahurissants de beauté. « En outre, la station comprend un secteur génial pour les débutants, avec plusieurs zones de progression bien délimitées qui permettent d’apprendre à maîtriser le ski de A à Z », explique Julie Liautaud.


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Avec un dénivelé inégalé dans les Amériques et autant de pistes qui zigzaguent sur les flancs des montagnes jumelles, nombreuses sont les descentes qui peuvent durer 30 minutes – voire plus dans les champs de bosses de plusieurs kilomètres. La plus longue piste, la Peek to Creek, s’étire ainsi sur 11 km en frôlant de près le ciel et en donnant droit à un parcours scénique propice au décrochage de la mâchoire, dans ses hauteurs.

Bien sûr, avec 20 000 skieurs par jour lors des week-ends les plus achalandés, on peut se marcher régulièrement sur les spatules, par moments. Mais la judicieuse disposition des remontées ultrarapides dans les deux montagnes permet une rapide dispersion de la foule skiable, en général.


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Au pire, avec une telle altitude, on peut se hisser près des sommets et porter au loin son regard, pour moins sentir la foule. On peut aussi skier par temps gris et descendre sous le couvert nuageux : quand on s’enfonce dans cette épaisse ceinture nébuleuse, on ne distingue plus rien, y compris les autres skieurs. Et on a alors vraiment l’impression d’être seul au monde.


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À savoir


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- Ouvert jusqu’au 18 avril (côté Whistler) et jusqu’au 23 mai (côté Blackcomb), Whistler est située à moins de 2 h de route (via la superbe Sea-to-Sky) de Vancouver, ville desservie plusieurs fois par semaine en vol direct et sans escale par Air Canada.

- Une journée de ski à Whistler n’est pas donnée (le billet peut atteindre 200 $/jour), mais on en a vraiment pour son argent. Pour économiser, on peut se procurer une Epic Pass (qui permet d’accéder à plusieurs stations d’Amérique et d’Europe) ou réserver à l’avance en surveillant les rabais sur whistler.com. Enfin, les week-ends étant fort courus, skier les jours de semaine est fortement recommandé.

- À Whistler, nombreuses sont les options d’hébergement en tous genres, de l’auberge de jeunesse au 5 étoiles en passant par les établissements ski in/ski out. Dans ce registre, le Blackcomb Springs Suites est situé tout près du départ de la gondole, dispose d’une piscine extérieure et d’un stationnement souterrain et il compte de grandes chambres-studios avec foyer au gaz et mini-cuisinette. À partir de 165 $/nuit.

- Ce n’est pas parce qu’on skie qu’on doit s’astreindre à de la malbouffe à l’heure du lunch. Ici, le domaine compte 18 restos de montagne, dont l’excellentissime Christine’s on Blackcomb, qui sert de fins mets gastronomiques avec vue panoramique, à 1800 m d’altitude. Attention aux excès de table : le retour sur les planches pourrait s’avérer pénible.


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- Toujours dans le registre culinaire, le village piétonnier pullule d’options pour l’après-ski, que ce soit pour enfiler des bières de micros, grignoter sur le pouce ou boustifailler en grand à l’un des 200 restos. À cet égard, Il Caminetto propose de succulents mets italiens dans un chic décor et avec un service impeccable. Réservation obligatoire.


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- À voir sans faute, hiver comme été : le parcours multimédia en pleine nature Vallea Lumina, une création de Moment Factory, à 15 minutes de Whistler.


L’auteur était l’invité de Destination Canada et de Tourism Whistler.

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