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  • McDowell Sonoran Preserve © Mathieu Gaudette

Arizona : Bikepacking au pays des cactus géants

Chargés en nourriture pour une semaine, notre collaboratrice et son compagnon de bikepacking sont partis explorer en vélo de montagne le désert de Sonora, au nord de la ville de Scottsdale. Une façon méconnue de découvrir l'Arizona, pays des cactus géants saguaros.

"Stooooop"! Les freins couinent et font déraper ma roue arrière dans un nuage de poussière. Accroupi derrière un cactus géant, mon ami me fait signe de le rejoindre à pas de loup. À ses pieds, sur le sentier que je viens de fendre sur ma monture, une énorme tarentule brune et duveteuse semble prendre un bain de soleil. 

© Frédérique Sauvée

Contrairement à son apparence aride et stérile, le désert de Sonora recèle une faune extrêmement riche et variée. En six jours de bikepacking, nous avons croisé de minuscules colibris virevoltant, des lièvres et lapins détalant sur le sentier, de mélodieux pics nichant dans les saguaros centenaires, de surprenants géocoucous (les Bip Bip ou road runners) tout droit sortis d'un dessin animé de Warner Bros., sans oublier une gang de coyotes renifleurs de tente. Tous les habitants du désert sauf... les deux espèces que l'on craignait le plus : les serpents à sonnette et les scorpions venimeux qui, nous a-t-on rassuré au centre de la nature, hibernent déjà dans leur trou, et ce malgré les 30 degrés quotidiens du mois de novembre.

McDowell Sonoran Preserve © Mathieu Gaudette

L'automne constitue la meilleure saison pour rouler dans le désert. Les journées sont chaudes mais pas trop, les nuits sont fraîches et le temps est sec. La seule contrainte à laquelle on doit faire face est la difficulté de s'approvisionner régulièrement en eau potable. Ça et les fichues épines de cactus qui se plantent régulièrement dans les pneus! « Des vélos non tubeless? Vous n'êtes pas du coin, vous! » se moque gentiment le mécano d'une boutique de vélo de Scottsdale.

Après nous avoir sorti son outil magique, un enduit en silicone à injecter dans les roues pour déjouer les futures crevaisons, il nous déplie une carte des sentiers de la McDowell Sonoran Preserve, située aux portes nord de la ville. « Allez jouer là-dedans, vous ne serez pas déçus! »


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En effet, après avoir envisagé de réaliser la Fool's Loop Trail qui devait nous conduire dans les montagnes de Tonto, nous préférons rouler notre bosse dans ce qui se révèle un véritable DisneyWorld du vélo de montagne. L'équivalent des Kingdom Trails du Vermont (pour ceux qui connaissent) mais version Frontierland, Far West, cow-boy et désert.

McDowell Sonoran Preserve © Frédérique Sauvée

La McDowell Sonoran Preserve abrite 315 km de sentiers. Si l'on calcule une moyenne de 50 km parcourus par jour en vélo de montagne, cela représente quatre bonnes journées à s'amuser sur les pistes de sable, sans jamais repasser deux fois devant le même cactus.

Parlant de cactus d'ailleurs, on peut voir ici la plus grande espèce en Amérique du Nord, les saguaros géants, qui tapissent le territoire à perte de vue. À leur pied, des plants d'agave, de yucca, des boules piquantes appelées Barrel cactus et les diaboliques Cat's claws (griffes de chat), un buisson inoffensif en apparence, mais qui se révèle malveillant pour les jambes et les bras des cyclistes qui osent passer trop proche. 

© Frédérique Sauvée

Chaque fin d'après-midi, quand le soleil disparait derrière les montagnes, le temps se rafraîchit soudainement et il est temps de se trouver un petit carré de sable pour planter la tente. Chaque soir, la même routine : on déharnache notre monture comme si elle avait quatre sabots, on défait les sangles, on ôte les sacoches et on brosse la poussière accumulée. Une fois le camp monté, il fait déjà nuit et on prépare le souper lyophilisé à la lueur de la frontale. Puis vient l'heure... du lever de Lune. Autour de 18 h 30.


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Dans la nuit couleur d'encre, l'astre éclaire de son faisceau toute la vallée. L'ombre des cactus est immense. On pourrait passer la nuit à regarder cette steppe aride à perte de vue, nous qui avons toujours l'habitude d'être entourés d'un mur d'épinettes. On s'endort en écoutant avec délice le silence du désert.

© Frédérique Sauvée

Les matinées sont fraîches et c'est le début de la quête quotidienne de l'ombre et du soleil. Avant 9 h, on s'active pour se réchauffer, on entoure le réchaud de nos mains crispées, on boit un thé presque brûlant. Lorsque le soleil dépasse la crête des montagnes au loin, les rayons réchauffent immédiatement les muscles. Passé midi, on se surprend déjà à transpirer des litres d'eau et à faire des pauses à l'ombre des cactus. Mais notre vrai coup de chaud, c'est notre avant-dernier jour que nous l'avons vécu.

McDowell Mountain Regional Park © Mathieu Gaudette

Pour terminer notre périple, nous avons décidé d'emprunter la Maricopa Trail à travers le McDowell Mountain Regional Park, à quelques kilomètres de Scottsdale à vol d'oiseau. Compte tenu du terrain roulant et du peu de dénivelé des derniers jours, nous ne nous attendions pas à devoir grimper un col pour rejoindre la ville. Et pourtant, ce fut une course contre la montre pour assister à notre tout dernier coucher de soleil sur le désert depuis le mont McDowell. Plus de 700 mètres de dénivelé sur un sentier rocailleux et piquant jusqu'au Windmill pass. Un défi aussi beau qu'exigeant couronné par un point de vue beau à pleurer (d'efforts et de beauté).

Depuis le col, nous avons pu assister au coucher de soleil derrière les montagnes rouge sang, au miroitement des milliers de lumières de la ville qui s'allumèrent en contrebas puis au lever de Lune sur le désert, de l'autre côté.

McDowell Mountain Regional Park  © Frédérique Sauvée

Un florilège de toutes les beautés de ce coin de pays insoupçonné, véritable royaume magique du bikepacking et du vélo de montagne en plein désert.


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Pratico-pratique 

Omni Scottsdale Montelucia © Mathieu Gaudette

Scottsdale, une banlieue huppée à l'est du centre-ville de Phoenix, est un excellent camp de base pour des aventures à la journée ou sur plusieurs jours dans le désert. On y trouve de très beaux hôtels (coup de coeur pour le Mountain Shadows Resort et l'Omni Scottsdale Montelucia), des restaurants, épiceries et boutiques de location d'équipement de plein air. 

Très étendue, Scottsdale comprend à la fois une zone urbaine au sud et une autre plus naturelle au nord, qui comprend une partie du désert de Sonora. Le parc régional et réserve naturelle McDowell sont deux sites à ne pas manquer, autant en vélo de montagne qu'en randonnée pédestre ou en course en sentier.


En chiffres 

Géocoucou (qui a inspiré le personnage de Bip Bip dans le dessin animé de Warner Bros.) © AdobeStock

-330 jours de soleil par an en Arizona
-230 mm de pluie par an à Scottsdale, contre 1055 mm à Montréal
-15 mètres de hauteur pour les plus hauts cactus saguaros aux États-Unis
-Il faut attendre entre 50 et 100 ans avant que le premier bras d'un cactus ne pousse
-25 km/h, c'est la vitesse de pointe d'un géocoucou en pleine course
-650 km de sentiers pédestres et cyclables à Scottsdale, dont 315 km dans la McDowell Sonoran Preserve


Ce reportage a été rendu possible grâce à Experience Scottsdale.

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