Un sommet (avorté) pour le climat
En juin dernier, en vue des rencontres du G8 et du G20 à Toronto, une équipe de trois alpinistes québécois parrainée par Greenpeace tentait de gravir le mont Logan (5959 m) pour envoyer un message aux dirigeants politiques. Une banderole arborant les mots « Stop climate change » devait être déployée à la cime pour une diffusion médiatique, mais les aventuriers ne sont jamais arrivés au sommet. Frédéric Bleau, l'un des grimpeurs et initiateur du projet, a bien voulu nous expliquer ce qui s'est passé.
Comment vous est venue l’idée de cette expédition?
Je pratique l’alpinisme et l’escalade depuis une dizaine d’années. Cela fait aussi huit ans que je m’investis chez Greenpeace. Je voulais rassembler ces deux intérêts autour d’un projet. Le Sommet du G8/G20 était une bonne occasion puisqu'on avait annoncé que la question des changements climatiques ne serait pas à l'ordre du jour. L’expédition nous donnait donc une bonne chance de remettre l’attention sur le sujet.
Pierre Boutin et Jean-Philippe Leblanc, deux amis alpinistes expérimentés, m’ont rejoint. Aucun de nous n’avait auparavant tenté le mont Logan, réputé pour ses températures extrêmes. Nous sommes partis le 4 juin en visant le sommet en à peu près douze jours, soit une semaine avant le début du G8/G20. Mais au camp deux, nous avons eu trois jours et demi de tempête avec accumulations. Un jour de répit nous a permis d’atteindre le camp trois, même si les traces étaient difficiles à suivre. Deux pieds supplémentaires sont tombés la journée suivante. Le glacier était entièrement recouvert et des ponts de neige s’étaient formés sur les crevasses. Nous avons poursuivi encordés et Jean-Philippe était en tête lorsqu’un de ces ponts a cédé. Il a fait une chute importante et, pendant 45 minutes, nous avons peiné à le remonter. Par chance, il ne s’est pas blessé, mais il y a perdu son sac à dos avec du matériel crucial, dont un sac de couchage. Résignés, nous sommes retournés au camp deux où Jean-Philippe a pu se réchauffer pour ne pas mourir de froid. Nous avons encore eu deux jours de tempête pour finalement prendre la décision de redescendre au camp de base.
C’était une question de survie, nous n’avons pas eu le choix. Par contre, cela nous a donné envie de retenter le coup et ce n’est que partie remise.