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9 randonnées inoubliables dans les grandioses îles Féroé

Sorte de croisement fantasmagorique entre la Norvège, l’Islande et l’Écosse, les îles Féroé émergent des eaux atlantiques avec panache et forment un cadre naturel incroyable propice à de glorieuses randonnées, qu’on soit néophyte ou chevronné. 



Des falaises qui scindent net l’étale de la mer, comme de longues lames minérales. Des fjords étourdissants de beauté, qui s’insinuent entre des îles gracieuses alignées comme des sœurs. Des villages aux maisonnettes de bois qui défient les éléments, des rocs ruisselants parce que toujours nimbés d’embruns et de brume, mais aussi des contingents de moutons échevelés, des oiseaux de mer à profusion et partout, partout, des points de vue sublimissimes.

Formées de 18 îles perdues au nord de l’Écosse et postées à la même latitude que l’Islande, les îles Féroé forment une bellissime région autonome du Danemark. Tristement célèbres pour leur grindaráp, cette chasse aux petits cétacés qui cramoisit les baies où elle se pratique depuis des siècles, elles tombent surtout dans l’œil d’un nombre croissant d’adeptes de virées scéniques aux confins du monde arctique.

© Gary Lawrence

Si on peut en saisir toute la splendeur en demeurant sur les routes – même si les étroits rubans de bitume ne se prêtent pas vraiment à la petite reine – c’est en randonnée pédestre que les Féroé offrent les expériences les plus extraordinaires. Sur ces îles où on n’est jamais à plus de 5 km de la mer, on se sent toujours à des années-lumières de l’ordinaire.

Plusieurs sentiers méritent de longues journées ardues qui satisferont les mollets les plus endurcis, mais bien des parcours sont à la portée de toutes les bottines. Encore faut-il avoir droit à des embellies : fort souvent, les 340 sommets des Féroé se cachent sous les nuages ou se fondent dans un épais brouillard, un phénomène si omniprésent qu’il existe ici une quarantaine de termes pour les désigner. Quant à la pluie, elle se pointe le bout du grain 260 jours par année…

Puisque les vents finissent toujours par lever le voile sur ces pans de roc épannelés dans le merveilleux, il est possible de randonner sous un ciel dégagé si on va chercher les éclaircies là où elles se trouvent, en se déplaçant rapidement ou... en attendant. Car comme on dit toujours en pays pluvieux : « Si vous n’aimez pas la météo, attendez 5 minutes… ».


  • Pour un bon rapport qualité/cri (d’extase)

1. Le Klakkur, île de Borðoy   

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  • 3 km aller-retour
  • 1h 

Depuis le stationnement situé au bout d’une route caillouteuse au départ de Klaksvik, on atteint en une trentaine de minutes de légère grimpette le Klakkur (413 m), au sommet de la pointe de l’un des bras de Borðoy, « l’île promontoire ». Tout, vraiment tout autour est d’une splendeur indicible : derrière, le Háfjall et le Hálgafelli se donnent des airs de pyramides d’Égypte vermoulues; vers l’est, le Myrkjanoyrafjall élève sa superbe du haut de ses 689 m; devant, la pompeuse île de Kunoy s’avance entre les fjords de l’Haraldssund et du Kalsoyarfjørður. À voir idéalement en fin de journée, quand le soleil arase tout sur son passage, avant de s’offrir une pinte à la brasserie Föroya de Klaksvik, la plus ancienne (1888) des îles.


2. Point de vue Hvithamar, île d’Eysturoy

  • 2 km aller-retour
  • 1 heure

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Accessible sur le plat en à peine 30 minutes, ce belvédère naturel s’ouvre tout en majesté sur le fjord Funningsfjørður, qui se faufile entre les spectaculaires monts Húsafjall et Dalkinsfjall. De là, un mince effort mène à un autre belvédère, celui de Skeggjanøv, qui permet d’admirer le versant nord du fjord, tout aussi renversant de beauté. Pour faire durer le plaisir ou mettre un peu de piquant dans cette rando, on rejoint le craquant petit village de Funningur (ou on s’en sert comme point de départ), à 45 min.


3. Bøur-Gásadalur, île de Vágar

  • 2,8 km
  • 1 heure

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Même si on peut aisément se rendre en voiture à la spectaculaire cascade de Mulafossúr, la découverte de ce site emblématique des Féroé se mérite d’autant plus si on y arrive par ce sentier. En partant du pittoresque bled de Bøur (à peine 50 âmes), la rando se fait un brin costaude et mène bientôt à une crête d’où on peut jouir de fabuleux points de vue sur la cascade et sur le village de Gásadalur, qui n’est relié à aucune route et qui se tapit au pied de l’Árnafjall (722 m), plus haut sommet de l’île. Au loin se profile l’île de Mykines, autre haut lieu de la rando, où pullulent les macareux.


4. Lac Sørvágsvatn, île de Vágar

  • 6,8 km
  • 2 heures

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Depuis les falaises de Trælanípa, le lac Sørvágsvatn (ou Leitisvatn) semble flotter plusieurs centaines de mètres au-dessus de la mer, en contrebas – en réalité, il n’est qu’à 30 mètres. Le sentier qui mène à ce point de vue ne présente aucune difficulté, si ce n’est celle d’être capable de quitter les lieux pour revenir à la case départ : l’endroit est, on l’aura compris, tout aussi spectaculaire qu’inoubliable. Petit hic : l’accès aux sentiers coûte la bagatelle de 200 DKK (40 $), et ça non plus, on n’est pas prêt de l’oublier.


5. Le phare de Kallur et la tombe de James Bond, île de Kalsoy

  • 4,8 km aller-retour
  • 1,5 heure

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La quintessence des sentiers qui offrent le meilleur rapport facilité d’accès/facteur wow est sans nul doute celui du « phare le plus isolé au monde », celui de Kallur, déposé au sommet d’une vertigineuse arête de l’île de Kalsoy. Pour y accéder, il faut d’abord s’offrir une grimpette d’environ 45 minutes au départ du village de Trøllanes. En montée, les panoramas sont ahurissants; au sommet, on frise l’extase. C’est ici que James Bond (attention, divulgâchage) meurt à la fin de No time to die; on l’a souligné en installant une (fausse) pierre tombale là où 007 passe le Walther PPK à gauche, à la fin du film. D’ici, peu importe où le regard se porte, tout est sublime de majesté : les falaises en à-pic des îles voisines de Kunoy et d’Eysturoy, la façade maritime du mont Borgarin – comme un colossal aileron de requin en pierre – ou encore les vagues qui cinglent les rochers de ce promontoire cyclopéen qui pointe vers l’Arctique.


  • Des randonnées en mode plus corsé : 

6. Le Slættaratindur, île d’Eysturoy

  • 3,5 km aller-retour
  • 2,5 heures 

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Sur Eysteroy, l’île aux 66 sommets, le sentier qui mène au plus élevé d’entre eux, le Slættaratindur (880 m), est assez aisément accessible. Il ne donne pas vraiment de fil à retordre, malgré son dénivelé de plus en plus incliné à mesure qu’on s’approche de ce « sommet plat ». Au début de la montée, au départ du col d’Eiðisskarð, il offre déjà un crescendo de panoramas enlevants sur les vallées glaciaires; plus près du sommet, il s’ouvre sur le Funningsfjørður, qui sépare le nord de l’île en deux bras. Une fois tout en haut du « toit des Féroé », on embrasse en un tour d’horizon visuel l’ensemble des îles voisines… quand le ciel est dégagé, il va sans dire.


7. Saksun-Tjørnuvík, île de Streymoy

  • 6,4 km aller-retour 
  • 4 heures

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Le point de départ de ce sentier vaut à lui seul le détour : près d’une petite baie flanquée de ruines vikings et d’une église au toit gazonné, des habitations de pierre empelousées s’étendent au pied d’une bucolique cascade en étages ruisselant sur du basalte. Ponctué de cairns – comme tous les sentiers des Féroé – et aménagé à flanc de montagne, le parcours longe ensuite la base du Heyggjurin Mikli (692 m) avant de redescendre vers Tjørnuvík (65 habitants), où se trouve un cimetière viking et une plage de sable noir prisée par les surfeurs. En descente, on a droit à des points de vues décoiffants sur le Géant et la Sorcière (Risin og Kellingin), deux pitons qui semblent pétrifiés et qui émergent de la mer face à la pointe d’Eysturoy. En fin de journée, sous le couchant, la scène est absolument sublime.


  • Pour vivre la totale : 

8. Tjørnuvík-Mýlingur, île de Streymoy

  • 12 km aller-retour
  • 8 heures  

Il faut avoir devant soi une bonne journée pour compléter ce parcours, mais quel parcours! Après une bonne heure de montée raide, on entame une longue marche sur un sentier approximatif et peu balisé – à ne pas faire par temps brumeux, donc –, pour ensuite gagner une crète étroite. Elle mène aux dantesques falaises de Mýlingur, qui se précipitent dans la mer depuis un immense éperon rocheux et pointu de 564 m, qui semble vouloir servir de tremplin pour gagner le Valhalla.


9. Cap Enniberg, île de Viðoy

  • 7,7 km aller-retour
  • 8 heures

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C’est l’une des plus hautes falaises maritimes au monde – la deuxième d’Europe après celle d’Hornelen, en Norvège – et son sommet est particulièrement tarabiscoté et dangereux. C’est pourquoi la randonnée qui mène au faîte du cap Enniberg doit se faire impérativement en compagnie d’un guide. Le sentier débute à Viðareiði, le « village du bout du monde » des Féroé, et grimpe d’abord lentement mais abruptement sur les versants verdoyants de l’île de Viðoy, pour ensuite atteindre des flancs plus rocailleux. Le sentier se raidit encore avant de mener à une longue crète rocheuse qui ouvre la voie au sommet du géant local, le mont Villingadalsfjal (841 m). De là, un périlleux sentier permet de gagner la pointe du cap Enniberg, qui couronne une falaise dominant la mer à 754 m.


  • Conseils pratiques

Rayonner plutôt que vagabonder

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S’il est difficile de randonner de gîte en camping sur plusieurs jours, sur cet archipel disloqué, on peut jeter ses pénates dans un camp de base et rayonner tout autour, au quotidien. Les îles ne sont pas très étendues mais efficacement reliées entre elles par un incroyable réseau de ponts et de tunnels – dont un qui inclut le seul carrefour giratoire sous-marin au monde. Quelques îles (Kunoy, Sandoy, Suðuroy, Svínoy…) sont aussi reliées par traversier. © Gary Lawrence

De Tórshavn, la très mignonne et agréable microcapitale, on gagne ainsi aisément tous les points d’intérêt de Streymoy, Viðoy, Sandoy et le sud d’Eysturoy, en plus d’avoir accès aux traversiers menant à Mykines et Suduroy. De Gjógv, on peut s’offrir quantité de randos dans le nord d’Eysturoy et de Streymoy; à Klaksvik, on jouit d’un accès rapide à Kunoy, Borðoy et Viðoy ainsi qu’au traversier menant à Kalsoy. Enfin, on peut aussi s’offrir la traversée complète de l’île de Suðuroy (42 km) en deux jours de rando.

Des randos parfois payantes

Bien qu’on soit en pays scandinave, haut lieu de l’accès libre à la nature, certains sentiers nécessitent le paiement d’un droit de passage, que ce soit en déposant une obole dans une boîte installée aux côtés d’un portail intégré à une clôture ou en s’adjoignant les services d’un guide. Il faut ainsi débourser 550 DKK (108 $) pour emprunter le sentier qui mène à Drangarnir, le « Percé féroéen » et 200 DKK (40 $) pour gagner le cap Enniberg, en sus des services du guide obligatoire.          

De l’importance d’avoir un guide aux Féroé  

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Si la plupart des sentiers féroïens se parcourent sans problèmes, d’autres traversent des terrains privés où les droits de passage ne sont pas toujours clairs. Ainsi, le très populaire sentier entre Saksun et Tjørnuvik passe par le terrain d’un fermier hargneux sur lequel il vaut mieux ne pas tomber… à moins d’être accompagné par un guide. Il arrive même qu’un sentier soit clôturé du jour au lendemain par un propriétaire qui décide qu’il en a assez de voir des randonneurs – surtout s’ils ne sont pas respectueux. © Gary Lawrence

D’autres sentiers se parcourent mieux avec quelqu’un qui en connaît les subtilités, surtout si le temps se gâte ou que le brouillard se lève. Il est d’ailleurs impératif de ne pas entamer une randonnée, même en terrain facile ou bien balisé, par temps brumeux : les risques de s’égarer sont plus qu’élevés, sans compter ceux de faire une chute du haut d’une falaise.

En revanche, il n’y a aucun risque d’être pris au cœur d’un incendie forestier, aux Féroé : hormis un petit boisé situé autour du musée d’art national de Tórshavn, les 18 îles de l’archipel sont quasi exemptes d’arbres et ce, sur la totalité du territoire…

Pratico-pratique

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Les îles Féroé sont desservies par Atlantic Airways au départ de plusieurs villes et capitales européennes, dont Copenhague toute l’année ainsi que Reykjavik, Edimbourg, Barcelone et Paris (2 h 15 de vol), en saison. Depuis août, une liaison au départ de New York s’est aussi ajoutée. atlanticairways.com/en

Le printemps tardif (mai et juin) ainsi que l’automne (jusqu’à la fin octobre) sont les meilleures périodes pour se rendre aux Féroé : la température est plus fraîche et les touristes, beaucoup moins nombreux.

En plus de télécharger un guide-brochure fort bien fait, on peut se rendre sur cet excellent site pour choisir sa rando par île, par durée et par degré de difficulté. Tout y est fort bien détaillé et très facile à consulter.

On peut dormir dans le gros luxe à l’Hôtel Föroyar de Torshavn; dans un cadre spectaculaire au Gjáargardur de Gjógv, sur Streymoy; sobrement à l’hôtel Klaksvik, dans la ville du même nom; au bout du monde à l’hôtel Nord, à Viðareiði, sur Viðoy; et en camping, un peu partout.

Un bon guide à retenir, pour tout savoir de la réalité des îles et les explorer en rando : Rani Nolsøe, à Klaksvik (raninolsoe@me.com)

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