Alex Harvey : monsieur ski de fond
En mars dernier en Norvège, le fils de Pierre Harvey concrétisait les espoirs que l'on fondait (pardonnez le jeu de mots) depuis quelques années sur lui en arrachant la toute première médaille d'or canadienne au Championnat du monde de ski de fond, dans le fief des ténors de la discipline historiquement dominée par les Scandinaves. Dorénavant l'homme à suivre au niveau de l'élite mondiale, il est à l'aube d’une toute nouvelle saison de compétition.
Quels sont vos objectifs pour 2012?
Même si nous sommes dans une année où nous n'avons ni de Coupe du monde ni Jeux olympiques, c'est une saison où le maintien d'une forme constante ou de monter son niveau est au menu. Sur les 36 épreuves potentielles au calendrier, je vise de participer à 32 de celles-ci, que ce soit de la distance ou du sprint. Et puis, il y a le Tour de Ski, qui est l'équivalent compétitif en ski nordique du Tour de France en cyclisme. C'est un programme particulièrement éprouvant de 10 jours [du 29 décembre au 8 janvier] qui débute en Allemagne et se termine en Italie.
Quelles sont les nouveautés techniques qui ont modifié votre sport?
À l'époque où mon père courait, il était commun pour les athlètes de s'impliquer eux-mêmes dans la préparation technique et il leur fallait donc bien suivre l'évolution des farts par exemple. Maintenant, nos équipes fonctionnent presque comme des écuries de Formule 1, avec un contingent technique qui voyage en camion-atelier de course en course et qui s'occupe de presque tout. Depuis 2009, on en est même à effectuer des pitstops, jusqu'à trois dans les épreuves de 50 km! La compagnie Fischer qui m'équipe a lancé en 2009 le concept de la spatule trouée à l'avant du ski de patin : cela a pour effet de réduire les vibrations latérales aux extrémités et d'obtenir une poussée plus linéaire. Également, les nouveaux bâtons à manche triangulaire vont sûrement devenir la norme pour la compétition en termes de rapport poids/rigidité.
Quels sont vos lieux de pratique préférés?
Certains diront que je prêche pour ma paroisse, mais je crois objectivement que mon arrière-cour au mont Sainte-Anne est un endroit d'exception, tant pour les athlètes compétitifs que récréatifs. Le choix varié de bonnes montées et de belles descentes est une des qualités notoires du lieu. La piste 23 est un bel exemple sur près de 20 km. Sinon, j'aime bien les courses se déroulant en milieu urbain, ce qui est une nouvelle tendance. Nos deux grandes villes, Montréal et Québec, sont choyées : skier sur le mont Royal avec les gratte-ciel en arrière-plan est assez unique alors qu'à Québec, nous allons avoir une épreuve de Coupe du monde en décembre 2012 sur les Plaines, avec la foule pour appuyer les coureurs. À l'étranger, je retiens deux lieux particuliers : Davos en Suisse et Livigno en Italie. Le premier a une ambiance magique, avec le village pittoresque, et des températures toujours agréables, entre -5 et -8 degrés. Le deuxième bénéficie de conditions de neige qui oscillent très souvent entre le gel et le dégel, ce qui fait que l’on skie sur de minuscules billes de glace très rapides.