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Bunny Hop : un saut dans le vide?

Les amateurs de vélo de montagne de Montréal sans véhicule sont bien en peine de trouver un endroit où s’adonner à leur sport. Depuis un an, l’association Bunny Hop s’applique à faire reconnaître l’urgence d’offrir des terrains propices pour cette activité dont les adeptes se comptent par milliers.

Le terme « bunny hop » fait référence à une technique de vélo permettant de sauter un obstacle. Comme le rappelle bien le logo de l'association, l'accès aux sentiers hors-piste du Mont-Royal est interdit aux cyclistes depuis près de 10 ans. Ce qui n’empêche pas ces derniers d’en dévaler les pentes malgré les problèmes d'érosion et les doléances des autres usagers.

Si les adeptes en sont réduits à une pratique illégale, c’est que la ville n’offre aucun terrain propice aux amateurs de bouette. Cela fait plusieurs années que l’Association pour le Développement des Sentiers de Vélo de Montagne au Québec (ADSVMQ) et la Fédération québécoise des sports cyclistes, avec le soutien de l’Association internationale de vélo de montagne (International Mountain Bicycling Association), militent pour des aménagements dignes de ce nom. Même les Amis de la montagne, organisme « chien de garde » du Mont-Royal, reconnaissent qu’il serait nécessaire d’encadrer cette pratique pour soulager la montagne : « Notre position est que la montagne est un site à protéger et qu'il faut faciliter la recherche de solutions pour réconcilier tous les usagers », dit Gabrielle Korn, la directrice des communications de l’organisme.

Des cyclistes engagés se sont donc regroupés pour lancer Bunny Hop en septembre 2009 et rassembler les 50 000 Montréalais adeptes du vélo de montagne. Soutenu financièrement par Mountain Equipement Co-op et encouragé par les Amis de la montagne, Bunny Hop se donne pour mandat de mobiliser et sensibiliser l’opinion publique, de négocier avec les gouvernements  et créer une communauté de dialogue et d’intérêts (bref, constituer une sorte de lobby).

En avril 2009, une grande conférence était organisée par Bunny Hop dans le cadre de l’inauguration d’un « pump track » (terrain d’entraînement) au TAZ, déjà connu pour ses infrastructures de skateboard, patin à roues alignées et BMX. Plusieurs invités sont venus y présenter des solutions d'aménagement réalisées dans quelques villes d’Amérique du Nord : à New York, un parcours existe au sein même de l’île de Manhattan; à Seattle, des pistes ont été aménagées sous un échangeur autoroutier. L’idée consistait à démontrer la viabilité de ce type d'aménagements et son potentiel de retombées positives pour l’emploi et le tourisme. On tente aussi de changer les idées reçues sur le vélo de montagne et ses adeptes qui ne sont pas des « délinquants écologiques ». « Ce sont des gens qui ont à cœur l’environnement et le bien bien-être du Mont-Royal », avance Gabrielle Korn. Selon Pascal Beauchesne, cofondateur de Bunny Hop, le fait d’empêcher les cyclistes sur la montagne (et les condamner à une pratique en catimini) est plus dommageable pour la nature. Il soutient que les paysagistes possèdent aujourd’hui l’expertise nécessaire pour réaliser des sentiers de vélo de montagne respectueux de l’environnement.

Malgré ces récentes actions, la ville ne semble pas bouger : « Il n’y a pas de position officielle à la ville sur ce sujet », confirme Madeleine Pronovost, chef des communications à la Direction des grands parcs et du verdissement. Pour l’instant, les autorités montréalaises considèrent que le vélo de montagne n’est pas compatible avec la vocation des parcs où elle essaye de « protéger la biodiversité et la sécurité des usagers ». Mais la ville semble prête à faire quelques concessions : une réflexion sérieuse pourrait être engagée pour la construction d’un terrain de vélo de montagne lors de la révision de l’échangeur Turcot. La ville semble également disposée à étudier les possibilités d’aménagement dans le complexe environnemental Saint-Michel, mais pas avant la fin des travaux prévus pour 2017. Néanmoins, les responsables de Bunny Hop demeurent optimistes : ils rêvent d'un réseau d’infrastructures dans les grands parcs qui se brancherait au réseau cyclable déjà existant. Plus futés que le lièvre de Lafontaine, ils savent peut-être que rien ne sert de courir : il faut bondir à point.

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