Quand les parcs nationaux américains souffrent du shutdown
Depuis le 22 décembre dernier, le shutdown de Donald Trump a envoyé au chômage technique des centaines de milliers de fonctionnaires. Non sans conséquences, y compris dans les parcs nationaux du pays.
Le jeudi le 10 janvier, le parc national Joshua Tree (Californie) est passé à deux doigts de fermer temporairement ses guérites, pour minimiser les dégâts qu l'accablaient. Avant que des fonds d'urgence soient débloqués in extremis, cette fermeture de quelques jours serait survenue alors que les poubelles et les toilettes du parc débordaient, que des malappris ont organisé des rallyes en automobile dans des aires protégées, que de précieux arbres (les Joshua trees, justement) ont été saccagés…
En Californie toujours, dans la Lassen National Forest, non seulement les toilettes débordent, mais des traîneaux ont été vandalisés et des feux de camp actifs ont été laissés à l’abandon, sans surveillance. Au parc Sequoia and Kings Canyon, certains secteurs sont fermés au public en raison des excréments humains affectant la végétation. Et au parc national Yosemite, ce sont les conteneurs à déchets qui sont sur le point d’exploser, peut-on voir sur des photos partagées sur Twitter grâce au mot-clic #ShutdownStories. À ce jour, pas moins de 27 tonnes de détritus s’accumuleraient dans le célèbre parc.
Si de nombreux sites et parcs nationaux états-uniens sont demeurés fermés depuis le shutdown de « l’Agent orange », la plupart sont ouverts partiellement et tournent au ralenti, grâce à des bénévoles, des marines ou des employés qui ont la survie de leur parc à cœur. Mais les ressources sont limitées : à Joshua Tree, il ne reste ainsi plus que 8 rangers pour surveiller les 3200 km2 de ce parc.
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Ainsi, dans les parcs qui sont ouverts, personne ne fait payer les visiteurs à l’entrée (un manque à gagner de 6 millions $US, en date d’aujourd’hui), aucun préposé ne peut les informer au centre d’interprétation, et les seuls fonctionnaires présents doivent tout prendre en charge et exceller dans l’art du multitâches.
Pourquoi, dès lors, ne pas tout simplement fermer tous les parcs, pour les prémunir des visiteurs qui ne prennent pas la peine de ramener leurs déchets ou qui se foutent éperdument de la protection de l’environnement fragile de ces aires protégées?
En 2013, l’administration Obama avait décrété un shutdown (qui avait duré 16 jours), entraînant la fermeture de tous les parcs nationaux. Mais cette décision avait été vertement critiquée, non seulement parce que les États-Uniens ne pouvaient plus profiter des parcs (et des autres sites gérés par le NPS), mais aussi parce que des milliers de gens et de commerces en périphérie des parcs dépendent de l’achalandage qui y prévaut. Pour ne pas déplaire davantage à tous ceux que le shutdown exaspère, Donald Trump a donc émis la consigne de laisser un maximum de parcs ouverts...
Rappelons qu’en 2017, 330 millions de visiteurs ont fréquenté les 418 parcs et sites gérés par le NPS, lequel emploie pas moins de 21 000 personnes.
Info : nps.org