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  • © Photo tirée de la page Facebook du parc nature Eco-Odyssée

Est-ce la fin du patinage hivernal en nature?

Les changements climatiques perturbent les expériences hivernales. Le patinage extérieur n’y échappe pas!


Ce texte a été en partie écrit par Amélie Racine du Réseau de veille en tourisme, Chaire de tourisme Transat, et publié le 27 avril 2024 initiallement avec le titre « Patinage hivernal : s'adapter aux températures douces » sur le site internet veilletourisme.ca.


Simple, facile d’accès et apprécié des Canadiens, le patinage représente l’activité hivernale de plein air la plus répandue au pays. Selon les plus récentes données de l’Enquête sur les ménages et l’environnement de Statistique Canada (2021), 13% des ménages canadiens déclarent en faire. Cette proportion est la même en régions métropolitaines de recensement (RMR) qu’à l’extérieur de celles-ci. Or, les hivers plus doux complexifient la pratique sur glace naturelle.

Des plans d'eau dépendants d'une météo instable

Les sentiers glacés créés en forêt, les trajets sur rivière qui semblent parcourir l’infini et l’étendue immense qu’il est possible d’observer au centre d’un lac gelé constituent des expériences inoubliables, mais sensibles aux aléas climatiques. Patiner sur un plan d’eau naturel devient pratiquement un privilège depuis quelques années au pays.

Selon Réjean Ouimet, météorologue, les temps froids associés au cœur de l’hiver s’amenuisent au Québec. Avec des épisodes de froid qui durent moins longtemps, le patinage sur plan d’eau naturel s’avère plus risqué, et c’est pourquoi plusieurs lieux de pratique retardent leur ouverture, réduisent leur saison ou sont forcés de fermer.


Le labyrinthe aquatique d'Éco-Odyssée© Photo tirée de la page Facebook d'Éco-Odyssée

Citons, en vrac, plusieurs exemples :

  • Le labyrinthe du parc nature Eco-Odyssée à Wakefield, en Outaouais, ne se transformera malheureusement pas cette saison un grand dédale de glace.
  • Auparavant, le complexe Le Baluchon, à Saint-Paulin en Mauricie, aménageait une patinoire extérieure sur 5 kilomètres de la rivière du Loup. Pour des raisons de sécurité et d'hiver trop aléatoire, l'activité est désormais proposé sur un étang, situé près du pavillon d’accueil.
  • Depuis plus de 30 ans, la rivière l’Assomption se pare de ses habits glacés pour devenir le terrain de jeu des patineurs. Une nouvelle fois cette année, les conditions climatiques du mois de décembre 2023, jumelées à la douceur de l’hiver actuel, a obligé la MRC de Joliette à annuler la saison de patin sur la rivière.

Les plans d’eau québécois ne sont pas les seuls à subir les contrecoups d’une météo variable. Même Winnipeg, reconnue pour ses températures hivernales glaciales, n’est pas épargnée. Cette année, sa populaire River Trail a tardé à ouvrir et les patineurs doivent se limiter à quelques sections selon les variations météorologiques quotidiennes.

Une activité hivernale qui requiert des installations adaptés

Afin de pouvoir maintenir leurs opérations, les patinoires extérieures nécessitent une température inférieure à -5 degrés Celsius, selon Robert McLeman, professeur d’études environnementales de l’Université Wilfrid Laurier à Waterloo (Ontario). Les hivers doux incitent donc les municipalités à se tourner vers des installations alternatives.

Les glaces réfrigérées, les toitures de protection, les centres de patinage intérieurs font partie des solutions d’adaptation aux changements climatiques et contribuent à déployer des expériences de qualité. L’offre s’est d’ailleurs beaucoup développée au cours de la dernière décennie. Le sport est aujourd’hui associé au plaisir de bouger, bien sûr, mais aussi de se retrouver dans des lieux aux allures parfois féériques ou dignes des Olympiques.

À Lévis, le sentier du Quai Paquet constitue le plus long parcours de glace réfrigéré de la province. Sur une distance de 600mètres, les patineurs peuvent apprécier la vue sur Québec et la présence du fleuve à leurs côtés. Une fois le soleil couché, la magie des lumières fait son œuvre et offre aux utilisateurs un parcours illuminé qui transforme l’expérience vécue durant la journée.

À Montréal, la patinoire réfrigérée de l’Esplanade Tranquille ajoute une touche féérique au centre-ville et rappelle la nordicité de la métropole. Son ambiance festive et son pavillon multifonctionnel permettent à ce pôle culturel d’animer l’espace de vie extérieur durant la saison froide.

En 2022, la Ville de Stoneham a ajouté un toit à sa patinoire et s’est dotée d’un système de réfrigération de la glace. Ces améliorations permettent de pratiquement doubler la période d’opération ; la saison passe ainsi de 12 à un peu plus de 20semaines. Tel qu’expliqué dans la vidéo ci-dessous, de telles installations sont pratiques courantes ailleurs dans le monde et devraient se multiplier au Québec dans les prochaines années.

Dans le cadre des célébrations du 350e anniversaire de la fondation de Varennes, la Ville a offert à ses citoyens le Polydôme, situé au parc du Pré-Vert, à titre de legs. Cette patinoire réfrigérée et recouverte d’un toit fait de bois du Québec est munie de panneaux solaires qui alimentent l’unité de réfrigération et l’éclairage des lieux.


© Photo tirée de la page Facebook de la ville de Varennes

À Québec, les citoyens et visiteurs ont longtemps profité de l’anneau extérieur Gaétan-Boucher, qui fut réfrigéré en 1985. Aujourd’hui, cet anneau se trouve dans le plus grand centre de patinage intérieur d’Amérique : le Centre des glaces Intact Assurance. L’établissement accueille des compétitions sportives (patinage de vitesse, hockey, patin artistique), mais aussi les amateurs qui souhaitent profiter d’installations de haut niveau douze mois par année.

L’offre de patinoires réfrigérées au Québec est encore peu développée, ce qui limite la pratique du patinage durant les hivers plus doux, comme cette année. S’adapter devient inévitablement une nécessité pour les municipalités et de nombreux promoteurs de sites de patinage. 


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