Rechercher dans le site espaces.ca
  • Crédit: Curioso, Shutterstock

Montréal, la prochaine Copenhague du vélo ?

C’est fait ! Montréal fait partie de la grande famille du « Cycle chic » ! Vélo Québec lançait hier, au cœur du quartier Mile-End, le blogue « Montréal Cycle chic », l’homologue québécois du blogue fondé par le Copenhaguois Mikael Colville-Andersen, celui qu’on appelle aujourd’hui le « pape » du vélo urbain.

Quand il parle vélo, on lui donnerait le Bon Dieu sans confession. Malgré tout, Mikael Coville-Andersen a tout sauf l’air d’un conformiste. S’il va de ville en ville prêcher la bonne parole, c’est pour dire que le vélo urbain n’est pas seulement le moyen le plus simple et le plus rapide pour se déplacer en ville, mais qu'il est aussi « glamour », « chic », « tendance » ! Une esthétique du vélo? Presque, mais à des fins pratiques : promouvoir le vélo dans le paysage urbain pour lui faire gagner du terrain. Alors, quand on entre dans le mouvement du Cycle chic, autant dire qu’on peut oublier la « geek » attitude, la sueur et le pantalon retroussé. Finie la promotion du vélo sous prétexte d’écolo-conscience : seulement 1% des cyclistes se déplacent à vélo par souci de l’environnement. Quant à la peur sécuritaire qui rôde autour du vélo, Mikael Colville-Andersen y répond à coup d'autocollants grinçants : « Conduire peut nuire aux spermatozoïdes et réduit la fertilité! », comme pour dire que la voiture est autrement plus dangereuse que le vélo. Oui, adopter le mouvement « Cycle chic », c’est suggérer en images que faire du vélo c’est accessible à tous, sans limite d’âge et que c’est vivre sa ville de manière décontractée et sans complexes. C’est aussi réhumaniser le vélo pour le démocratiser en masse.

Cette nouvelle approche qui  fait son chemin depuis quatre ans a déjà séduit 36 villes du monde entier qui font désormais partie du mouvement. Le point de départ ? Une photo : le portrait d’une jeune femme à vélo prise un matin de novembre 2006. Et un texte sur un blogue qui a créé le buzz : « Avant que je prenne cette photo, le vélo n’existait pas dans la conscience publique, même pas à Copenhague, parce que c’est naturel. Grâce à cette photo et à ce blogue, le vélo est revenu dans la conscience des gens, c’est devenu une mode. Aujourd’hui, Chanel, Fendi et toutes les marques de luxe ont leur vélo, parce que c’est cool. Maintenant, les villes développent des infrastructures en faveur du vélo urbain. Alors oui, ça a vraiment participé à faire bouger les mentalités. » Peu à peu, le vélo devient un accessoire de mode, mais aussi de valorisation sociale. Un peu comme la voiture dans les années 1960 : « Avec ma Porsche décapotable, je ne peux pas aller faire un pique-nique sur l’herbe et la garer à côté de moi. Mon vélo, si. Il devient un accessoire de mobilité. On veut montrer que c’est possible d’être beau et élégant à vélo et qu’en s’appropriant la ville de manière personnelle et colorée, on la rend plus agréable », explique Alexandre, l’un des sept photoblogeurs choisis pour faire vivre Montréal Cycle Chic. Un blogue fait de clichés pris dans la rue de « gens beaux et cools » sur leur vélo. « Plus y aura de gens à vélo, plus la ville fera un effort », Mikael Colville-Andersen en est convaincu et Vélo Québec aussi.

Le tout est de faire bouger les choses au niveau des infrastructures. Lorsqu’on compare la largeur des bandes cyclables  à Copenhague à celle de Montréal, il y a de quoi se faire peur! Là-bas, ce sont les 3e plus larges d’Europe et les enfants y sont admis à partir de 6 ans. Des suggestions, pour ce côté-ci de l'Atlantique ? « Si j’étais maire de la ville, je construirais des voies clairement séparées entre les voitures et les vélos, comme on a chez nous, avec une ligne bien réelle entre les deux. Je baisserais les limites de vitesse également, avec des zones à 30 km/h.» Mikael Colville-Andersen rajoute que Montréal doit devenir la ville ambassadrice du vélo en Amérique du Nord si elle veut atteindre les chiffres de la capitale danoise : 36% des déplacements se font à vélo à Copenhague. « Vous avez votre identité propre et quelque chose de très européen dans votre culture; il ne faut absolument pas délaisser au profit de la mentalité nord-américaine.» C’est vrai qu'on est loin du vélo de montagne, du lycra et de la performance, mais sortir de chez soi un beau matin d’été et partir sur sa bécane cheveux au vent, libre de ses mouvements, est-ce que ce n’est pas ça, le summum du plein air en ville ?

Découvrez Montréal Cycle Chic

Commentaires (0)
Participer à la discussion!