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Plaidoyer pour du plein air en semaine

Par un beau mardi après-midi de novembre 2021, j’ai fermé le capot de mon ordinateur, sauté à pieds (non) joints dans mon cuissard, jeté mon vélo de gravelle dans le coffre de la voiture et pris la route. Trente minutes plus tard, je moulinais dans le parc national des Îles-de-Boucherville.

En deux heures, j’ai arpenté à vélo tous les sentiers de poussière de pierre de ce parc, humé l’air du Saint-Laurent, lorgné la foliole enflammée des arbres, admiré les phragmites dansant sous les cieux plombés et rencontré pas un, pas cinq, mais bien treize chevreuils – et croisé à peine trois randonneurs. Puis, je suis retourné m’attabler à mon bureau, à la maison. Ce jour-là, j’ai cessé de travailler vers 19 h, mais cette pause bienfaisante en plein jour a créé une bénéfique parenthèse de bien-être au beau milieu d’un épisode monotone de ma semaine de boulot. Le tout, sans embouteillage cycliste.


Parc des Hautes-Gorges-de-la-Rivière-Malbaie © Sépaq

Avant de devenir salarié, j’ai passé 20 ans à travailler de chez moi, comme journaliste indépendant. Pourtant, rares sont les fois où je me suis permis de prendre ainsi la poudre d’escampette à l’improviste, même si j’avais toute la liberté voulue pour le faire. Comme tant d’autres depuis la pandémie, j’ai renoué avec cette façon de bosser et de gérer mon horaire, sans navetter entre la maison et le bureau. Mais désormais, je pars régulièrement m’aérer la caboche et m’activer les gambettes sur un coup de tête.

D’abord, la nécessité de réserver ma place en certains endroits – à commencer par les parcs nationaux – m’indispose : à moins de partir plusieurs jours, je suis du genre à me décider en sautant hors du lit, selon l’humeur du moment (et des éléments). Ensuite, la surpopularité du plein air à l’ère pandémique a rendu bien des lieux de pratique surpeuplés, les fins de semaine. Tant mieux pour ceux qui ne s’activaient pas avant, mais tant pis pour les autres pleinairistes habitués à plus de quiétude.


© Shutterstock

Même si le gouvernement Legault a levé sa recommandation de ne pas travailler au bureau et qu’il ne privilégie plus le télétravail, une bonne partie des Québécois y ont pris goût et bien des employeurs y voient une façon efficace de réduire leurs coûts. Résultat : bon nombre d’employés ne jurent plus que par ce mode de vie et ils ne retourneront pas de sitôt encombrer les routes à l’heure de pointe.

Pour surfer sur cette nouvelle vague du télétravail et de la flexibilité, pourquoi ne pas instaurer des mesures incitatives à la pratique du plein air en semaine, dès lors qu’on peut reprendre le temps perdu le soir ou le week-end, surtout si la température s’annonce alors maussade ou glaciale?

Outre une campagne de promotion, on pourrait songer à des tarifs réduits ou à des accès gratuits, à des navettes ou à du transport collectif, ou encore à de la location d’équipement au rabais, pour quiconque fréquenterait un parc ou un site de plein air entre le lundi matin et le vendredi soir.


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De la sorte, les Québécois auraient d’autant plus envie de bouger, la fréquentation des terrains de jeu pour pleinairistes serait mieux répartie dans le temps, et on jouerait moins souvent du coude dans les sentiers, les samedis et les dimanches.

Parce qu’en pleine nature, si on nous bouscule un peu trop dans notre bulle et qu’on manque d’air, c’est déjà un peu moins du plein air.

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