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  • Crédit: Benoit Daoust

Noyades au Québec : la sécurité en canot kayak prend l’eau !

Y a-t-il un capitaine dans l’embarcation ? En 10 ans, les noyades liées à la pratique du canot kayak ont augmenté de près de 40% au Québec. En cause le plus souvent : l’inexpérimentation de ses pratiquants et l’absence de veste de flottaison. Portrait d’un fléau à faire chavirer !

L’année dernière, un kayakiste de 19 ans est mort noyé lors d’une excursion sur la rivière Etchemin. À quelques mètres de la berge, il se retrouve pris dans un tourbillon qui retourne son embarcation et le prend au piège. Le jeune homme était pourtant en compagnie de trois de ses amis et tous étaient des kayakistes d’expérience. En 2010, 11 noyades en canot ou kayak ont eu lieues sur les 25 recensées dans toute la province du Québec (dans le cadre d’une activité de plaisance). Une hausse importante depuis les années 1990, alors que le bilan global (à bord de tous types d’embarcations, motorisées ou non) est plutôt encourageant : « Cette hausse des noyades en canot et en kayak peut s'expliquer par la popularité grandissante de ces activités nautiques », affirme M. Guy L'Écuyer, le président du CQN (Conseil québécois du nautisme). « Par conséquent, certains débutants n'en connaissent pas les techniques de base ou s'aventurent dans des endroits dont ils ne connaissent pas le degré de difficulté, mettant ainsi leur vie en danger. »

Plus d’un accident sur deux est causé par un chavirement ou une chute par-dessus bord. Mais alors qu’un simple gilet de sauvetage pourrait éviter la catastrophe, les statistiques démontrent que les plaisanciers l’oublient ! Dans les 25 cas de noyades recensés l’année dernière, seulement 4 victimes portaient correctement leur veste de flottaison. Lors des autres accidents, l’équipement se trouvait au fond du canot (44%) ou bien était totalement absent (32%) ! « La plupart des plaisanciers affirment ne pas en avoir besoin, car ils estiment être d’excellents nageurs », explique Marc Thurber, directeur du regroupement des plaisanciers du Québec (RPQ). « Mais c’est une insouciance dangereuse; c’est comme ne pas porter de casque protecteur au hockey ou au football. »

C’est en début de saison, entre les mois de mars et de juin, que se déroulent le plus d’accidents (56%). L’eau est très haute et plus froide que le reste de l’année. Lorsque l’on tombe, le choc thermique paralyse les sens et cause une hypothermie dans 16% des décès liés aux noyades. « La première minute d’immersion dans l’eau froide est la plus importante, précise Marc Thurber. » Une VFI (Veste de flottaison individuelle) permet de garder la tête hors de l’eau plus longtemps et donne donc davantage de chance de nager ou de se faire aider par d’autres personnes. À propos d’une possible obligation du port du gilet de sauvetage dans les années à venir, le directeur du RPQ a de l’espoir : « On accepte les noyades sans rien faire à l’heure actuelle. Pourtant, il y a beaucoup de contestation contre une possible loi de la part de groupes de pression comme les chasseurs et les pêcheurs ainsi que certains plaisanciers. Pour eux, la navigation, c’est la liberté et personne ne peut les obliger à porter une VFI. Mais comme pour la ceinture de sécurité dans les automobiles, les mentalités doivent changer. Ça va prendre du temps, mais il faut que ça devienne un jour un réflexe pour la sécurité et le plaisir de tout le monde! »

Quelques faits en 2010 :
- Globalement, c’est la communauté des pêcheurs qui est le plus durement touchée par la noyade (36%).
- Ce sont nos rivières qui causent le plus de victimes dans 40% des cas, suivies des lacs (32%) et du Saint-Laurent (28%).
- La Côte-Nord obtient le malheureux palmarès du plus grand nombre de victimes au Québec (4 cas de noyade), devant le Nord-du-Québec, Chaudière-Appalaches et la Montérégie (tous les trois 3 cas).
- Les victimes de noyades connaissaient la plupart du temps le plan d’eau sur lequel elles manœuvraient (64%) et naviguaient sur leur propre embarcation (72%).
- Contrairement à certaines idées reçues, l’absorption d’alcool ou de tout autre substance affaiblissant les capacités du plaisancier n’est pas une grande cause d’accident (8%).
- Profil type d’une victime de noyade : un homme de 41 ans, pêcheur ou kayakiste expérimenté qui connaît bien le plan d’eau sur lequel il navigue, propriétaire de son embarcation, qui possède un gilet de sauvetage, mais ne le porte pas en continu lors de sa sortie de plaisance. Est-ce que ça vous ressemble? Pensez-y!
 

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