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Le ski-alpinisme : toujours plus haut et plus loin... même au Québec!

Après le ski de montagne, comment gravir des sommets plus élevés et moins accessibles pour s’offrir des descentes plus prenantes? Réponse : en osant le ski-alpinisme, qui combine grimpe technique et ski hors-piste en terrain parfois extrême, et qui est de plus en plus populaire, au Québec et ailleurs.

En intégrant l’aspect technique de l’alpinisme au plaisir du ski de montagne, le ski-alpinisme (ou ski mountaineering, en anglais) est souvent perçu comme étant la discipline la plus complète que l’on puisse pratiquer en montagne, puisqu’elle comprend les difficultés et défis propres à chacune des activités qu’on y associe.

La communauté des skieurs s’entend généralement pour définir le ski-alpinisme comme étant une discipline visant toute sortie de ski de hors-piste qui requiert l’utilisation d’au moins une méthode propre à l’alpinisme : l’utilisation de piolets et crampons sur des faces vertigineuses, l’escalade de glace, l’ascension de longues pentes avec les skis sur le sac à dos, la descente en rappel, etc.


© Liam Bolduc

Alors que le ski de montagne requiert moins de connaissances propres à la haute montagne et a souvent comme objectif de maximiser la qualité et le nombre de descentes au cours d’une sortie, le ski-alpinisme favorise généralement l’ascension et la descente d’un objectif précis, tel qu’un sommet ou un couloir, et nécessite de s’aventurer en terrain abrupt et technique. Il n’est donc pas anormal qu’une telle sortie ne comporte qu’une seule descente, dans des conditions moins qu’idéales, à la suite de plusieurs heures d’approche et de montée. Le plaisir ultime du ski-alpinisme se trouve donc dans le sentiment d’accomplissement d’un tel défi.

L’utilisation des différentes techniques propres à l’alpinisme varie en fonction des conditions et de l’objectif choisi. En étudiant minutieusement le terrain, en consultant des livres de référence ou en recueillant des informations auprès d’une personne ayant déjà relevé un défi en particulier, il est possible d’évaluer les différents risques qui se présenteront et de cibler les moyens et les stratégies pour minimiser leur impact. Certains couloirs nécessiteront ainsi une descente en rappel afin d’accéder au début de la partie skiable, alors que d’autres pentes seront rejointes après avoir traversé une crête étroite ou grâce à l’utilisation d’une corde et de dispositifs d’assurage.

On l’aura compris : pratiquer le ski-alpinisme requiert beaucoup d’expérience et de connaissances, et s’y initier nécessite un rigoureux cheminement où on ne peut prendre de raccourcis si on veut maximiser sa sécurité. Voici cinq conseils pour y arriver.

Comprendre les risques

En ski-alpinisme, la marge d’erreur est pratiquement inexistante. La majeure partie de la journée se déroule en terrain avalancheux complexe où il est difficile, voire impossible de réduire l’exposition aux risques d’avalanche. De plus, les descentes sont souvent plus périlleuses qu’en ski hors-piste puisqu’elles se déroulent sur des pentes ou des couloirs abrupts, où une chute peut entraîner de lourdes conséquences.

Du reste, on s’expose à tous les dangers spécifiques à l’alpinisme, notamment les descentes en rappel, les crevasses (en terrain glaciaire) et les risques de chute dans les sections plus verticales. À tout cela s’ajoutent plusieurs facteurs aggravants comme la météo, la fatigue, la navigation hors-piste, etc.

Avant chaque sortie, il est impératif de discuter de tous ces risques avec ses partenaires, de déterminer les moyens de les contourner et de définir la zone de confort de chacun. En évaluant ces paramètres, il sera plus facile d’établir à quel moment il est préférable de revenir sur ses pas, si nécessaire.

Développer sa forme physique et ses habiletés de skieur

Le ski-alpinisme s’adresse aux skieurs ayant déjà une expérience considérable en ski de descente et en ski de randonnée en montagne. Il n’est pas rare qu’une sortie requière plusieurs épuisantes heures d’ascension avant de bénéficier d’une longue descente en terrain vierge. Il est donc nécessaire d’être confiant en ski, et ce, sur tout type de relief, peu importe les conditions. Pour ce faire, il faut acquérir de l’expérience en ski hors-piste comme en station, en empruntant les pentes et les sous-bois les plus abrupts, sans tenir compte de l’état du couvert neigeux. Suivre des cours et sortir avec un guide expérimenté en terrain extrême – dans les Chic-Chocs ou dans l’Ouest canadien par exemple – fera toute la différence et permettra de cibler les points techniques à améliorer.

Comme cette activité est particulièrement exigeante, travailler sa forme physique s’avère tout aussi important. On profite de l’été et de l’automne pour se préparer en travaillant son endurance; l’hiver, on tente de maximiser le nombre de descentes et le dénivelé positif lors des sorties, afin de se préparer à de longues journées de plus de huit heures en montagne.

Se familiariser avec l’équipement et son utilisation

Il n’existe pas de liste prédéfinie d’équipement à apporter lors d’une journée de ski-alpinisme. Chaque sortie comporte des particularités uniques qui influenceront la liste de matériel à se procurer. Sans compter qu’une même destination peut requérir de l’équipement totalement différent en fonction de la saison, des conditions de neige et des compétences techniques de l’équipe.

Outre une paire de skis de montagne légers et l’équipement de sécurité d’avalanche (DVA, pelle, sonde), un ensemble de ski-alpinisme peut comprendre un piolet, des crampons d’alpinisme, des crampons à skis, un baudrier, un dispositif de rappel, une corde, de la cordelette, des vis à glace, etc. Il est nécessaire de se familiariser avec ces différentes pièces d’équipement et de cibler les situations dans lesquelles chacune peut s’avérer utile. En testant et en comprenant les avantages et limites de son matériel, on peut s’éviter plusieurs mauvaises surprises.

Suivre des cours et… s’exercer

© Liam Bolduc

Comme les compétences en montagne ne s’improvisent pas du jour au lendemain, il est fortement recommandé d’obtenir une ou plusieurs formations auprès d’un guide professionnel. Comprendre le terrain, la météo et comment les avalanches se produisent sont assurément les aspects les plus complexes du ski-alpinisme. Les cours de sécurité en terrain avalancheux (CSA 1 et CSA 2) sont donc un bon point de départ pour amorcer ce long cheminement. À la compréhension du manteau neigeux s’ajoutent aussi toutes les connaissances et les techniques propres à l’escalade et à l’alpinisme : construction d’ancrages, utilisation du piolet, sauvetage en crevasse, descente en rappel, etc.

Des entreprises québécoises comme Attitude Montagne et Ski Chic-Chocs offrent des formations de ski-alpinisme, mais il faut garder à l’esprit que l’acquisition de certaines connaissances de base ne suffit généralement pas à se lancer à l’assaut de n’importe quelle montagne. En outre, il est primordial de continuer à s’exercer et à réviser ces nouveaux concepts dans un environnement plus sécuritaire, moins extrême. À l’exception des connaissances en avalanche, la plupart des autres techniques propres à l’escalade ou à l’alpinisme peuvent être mises en œuvre dans des milieux contrôlés.

Gagner de l’expérience et y aller graduellement

Une fois qu’on a acquis une base suffisante en ski hors-piste et en alpinisme, il est temps de se lancer graduellement : ceci est fondamental. Au départ, il est nécessaire de se fixer des objectifs réalistes qui tiennent compte du niveau d’expérience de toute l’équipe. Il ne sert à rien, dès les premières sorties, de dévaler les plus longs couloirs des plus hautes montagnes : on risque alors de se donner la frousse et de s’exposer inutilement au danger.

Il existe une large communauté de skieurs hors-piste au Québec, et il est assez fréquent que certains emmènent des débutants pour leur transmettre leurs connaissances. Il est donc recommandé de se trouver des partenaires sérieux et de confiance avec qui il sera possible de développer progressivement ses habiletés et son expérience. Après tout, l’un des fondements de la communauté des skieurs-alpinistes est de redonner au prochain : plus on est de fous du ski, plus on skie!


Du ski-alpinisme, on fait ça où?


Les Chic-Chocs © Adobe Stock

Étonnamment, le ski-alpinisme n’est pas aussi difficilement accessible qu’on l’imagine, au Québec. La côte est regorge en effet de sites de descente techniques et de montagnes aux multiples défis; il suffit de sortir des sentiers battus. Et pour élargir ses horizons, l’Ouest canadien demeure évidemment le haut lieu du genre, au pays.

  • Chic-Chocs

Ce n’est plus un secret : les Chic-Chocs offrent un terrain extraordinaire pour la pratique du ski hors-piste, mais c’est aussi le cas du ski-alpinisme. Du mont Albert aux mines Madeleine, on y trouve des couloirs qui feront oublier aux skieurs qu’ils se trouvent dans l’est du pays!
tourisme-gaspesie.com

  • Palissades de Charlevoix

© Francois-Guy Thivierge

Autre joyau du Québec, ce petit paradis de l’escalade s’est tout récemment fait connaître pour la pratique du ski de montagne. Aventurex y offre des sorties combinant via ferrata, descente en rappel et ski hors-piste. Une occasion idéale de s’initier au ski-alpinisme en compagnie d’un guide.
aventurex.ca


À lire aussi : Via ferraski, la nouvelle aventure des Palissades de Charlevoix


  • Mont Washington

Berceau du ski extrême en Amérique du Nord, le mont Washington offre une quantité phénoménale de montées et de descentes en ski-alpinisme. Le Tuckerman Ravine et le Huntington Ravine figurent même dans la liste des 50 descentes classiques de ski en Amérique du Nord.
50classicskidescents.com

  • L’Ouest canadien

Les Rocheuses déploient une infinité de sommets et de pentes à arpenter. Les possibilités y sont tout simplement spectaculaires et c’est aussi l’endroit idéal pour partir en expédition de ski ou pour explorer la vastitude des glaciers. S’aventurer dans cette région vierge demeure cependant particulièrement intimidant, avec raison : il faut donc prendre le temps de s’habituer à l’immensité du territoire et ne pas hésiter à retenir les services d’un guide certifié.


Pour aller plus loin

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