Rechercher dans le site espaces.ca
  • ©Shutterstock

Bootcamp d'entraînement

Afin de vous divertir (mais aussi de vous informer), nous avons voulu savoir quels étaient les entraînements les plus costauds de Montréal. Et notre collaborateur-cobaye a bien voulu se prêter à l’exercice. Deuxième d’une série de trois textes remplis de sueur (et de douleur).

Comme c’est le cas de certains autres gyms de la métropole, le credo du Studio Epix, c'est bootcamp – qui se traduit littéralement par « camp d'entraînement ». Le mot provient du jargon militaire, dans un milieu où les jeunes recrues sont formées « avec une discipline stricte », vous apprendra une recherche rapide sur Internet, avec des « entraînements courts, rigoureux et intenses ». Je n'ai pas grand chose d'un soldat, sinon qu'il m'arrive, moi aussi, de me lever tôt et de faire mon lit.

Il s'avère que l'analogie militaire tient bien la route, dans ce lieu d’entraînement du centre-ville de Montréal. Avec 14 autres « recrues », je me retrouve ce jour-là dans une pièce carrée où s'alignent d'un côté des tapis roulants, de l'autre des poids et des ballons d'entraînement (les « medecine balls » qui ont peu avoir avec le milieu médical, mais passons).


À lire aussiLe parkour du combattant 


Notre entraîneuse-sergente, Karyn Morin, est un petit bout de femme énergique, sifflet au cou, qui nous lance rapidement – et avec le sourire – dans un réchauffement de pompes-cardio-squats qui laisse présager le pire pour la suite. Des recrues vertes, elle en a vu d'autres.

©Shutterstock

S'ensuivent des explications qui passent entre le français et l'anglais sur les exercices qui constituent le défi du jour. En somme, pendant 38 minutes divisées en portions de 3 minutes et des poussières, on va bouger (et souffrir), en enchaînant divers mouvements. Redressements assis, « burpees » (exercices de musculation sans poids ni haltères), jetés du ballon (les wallballs, pour les initiés), développés debout avec des haltères et autres courses sur tapis roulant.

On termine le tout en beauté avec une invention cruelle baptisée manmaker, le faiseur d'hommes – optons ici pour le « faiseur d'humains », on est en 2018 –, qui consiste en une série de pompes, avec un développé des épaules avec poids, suivi d'une fente avant avec chacune des jambes. Et il ne s'agit là que d'une répétition : il faudra en faire un maximum dans le temps qui restera après avoir complété tout le reste.

Newbies vs. habitués

« Bon, les newbies, on va vous mettre en équipe avec des gens qui sont plus habitués. Vous n'aurez qu'à les suivre! », dit Karyn. Je suis en équipe avec une autre recrue – qui ne parle pas français, à qui il faut expliquer ce que nous allons faire – et une habituée de la place. Nous ne pouvons même pas nous présenter : tels des soldats exhortés à prendre leurs postes, le chronomètre commence à égrener une dizaine de secondes avant le vrai décompte de l'entraînement.

Un peu de course au début me redonne le moral – peut-être qu'après tout, ce ne sera pas trop exigeant. Tout faux : les séries de burpees, redressements assis et wallballs ne sont pas de la tarte. Dans notre groupe, il faut faire 600 répétitions de chaque exercice dans le temps imparti. Oui oui, 600.

Je découvre également que je souffre d'une double arythmie des répétitions. D'abord, en effectuant les exercices, je suis tellement concentré sur le mouvement que je peine à garder le compte de mes répétitions : 1, 2, 4, est-ce que j'en ai fait 4 ou 5? L'autre problème de rythme que j'ai, c'est… que je n'en ai aucun. J'effectue très rapidement mes 15 premiers wallballs, pour aussitôt sentir ma vitesse décliner. Une erreur classique de débutant : trop en donner au début du cours. Combien de minutes se sont écoulées, déjà?

©Shutterstock

« Allez, il reste une minute », s'enthousiasme notre entraîneuse, qui trotte avec énergie entre les stations, obligée de quasiment crier pour couvrir la musique – forte et rythmée pour oublier un moment qu'il y a des centaines de répétitions à faire.

Retour sur le tapis roulant, où mes cuisses commencent à spasmer, pour protester contre tous ces efforts et me rappeler que je ne suis pas un coureur, tandis que la chanson qui s'amorce est Jump around, du groupe House of Pain. Ça ne s’invente pas, le destin semble se moquer de moi. La sergente me lève un pouce, comme pour me demander si tout va bien. Je le lève en retour, mais pour dire « je vais survivre, du moins, je l'espère ».

Retour aux exercices. Si les redressements assis se déroulent bien, les burpees, eux, sont plus laborieux. Difficile d'exécuter cet exercice avec grâce – surtout avec la fatigue qui s'accumule. Je constate que d'autres recrues ont aussi perdu de leur contenance. Un dénommé Patrick et son acolyte, visiblement des habitués de la douleur, poursuivent comme si de rien n'était, chandails maculés de sueur. De vrais soldats rompus au combat.


À lire aussi8 conseils de pro pour bien courir l'hiver


« Combien de répétitions as-tu fait ? », me demande une des participantes qui calcule les répétitions, qui nous rapproche de la finale. « Euh... 12, j'imagine ? », réponds-je en haussant les épaules.

Les répétitions deviennent un peu mécaniques, le temps devient élastique, les secondes semblent ralentir. Ce qui me laisse du temps pour réfléchir à plusieurs questions profondes : est-ce que les autres ressentent la douleur de la même manière que moi? Qui a inventé les redressements assis? Quelle quantité d'énergie génère-t-on en ce moment dans cette petite salle? Combien d'ampoules nous pourrions allumer ainsi?

Arrive enfin la grande finale, les « faiseurs d'humains », qui semble être beaucoup plus difficile que tout ce que nous avons fait auparavant. Je peine à accomplir une répétition après l'autre. Le chronomètre sonne enfin, après 38 minutes qui ont paru une éternité.

Le paradoxe dans tout ça, c'est que quelques minutes après avoir été évincé des lieux – un autre groupe de fraîches recrues attendait pour leur camp –, je me sens plutôt bien. Léger et assez content. Les centaines de répétitions et la course sont oubliés, reste une douce euphorie. Le lendemain, lorsque le mélange endorphinique et dopaminique dans mes veines retombera, ce sera une tout autre histoire. #aïemesjambes

Info

Studio Epix

345, rue de la Gauchetière Ouest, Montréal

514 507-8836

Pour une classe, prévoyez 25 $ mais si c'est votre premier cours, le deuxième entraînement est gratuit.

Commentaires (0)
Participer à la discussion!