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Indonésie : sublime rando sur le mont Rinjani

Voisine de Bali, Lombok forme l’alternative logique pour qui recherche simplicité, authenticité et défi physique, en Indonésie. Surtout sur le Gunung Rinjani, deuxième plus haut volcan de l’archipel indonésien. Récit d’une rando de trois jours sur ses flancs époustouflants.

Le chant des mosquées nous réveille avant l’aube. Alors qu’il invite les citoyens à la prière, son écho évoque l’imminence de notre expédition en sol volcanique. Bien qu’il culmine à 3726 mètres d’altitude, le mont Rinjani a la réputation d’en ramener plus d’un sur terre. Plusieurs voyageurs parcourant l’Asie du Sud-Est se lancent en effet dans son ascension sans mesurer la tâche qu’elle représente. Le discours des agences de trekking y est certainement pour quelque chose : « Easy easy my friend », peut-on entendre dans les rues de Sembalun Lawang et de Senaru, d’où s’effectue le départ.

Puisque Sembalun Lawang s’élève déjà à 1156 mètres, mais aussi parce que nous doutons que l'expérience soit aussi facile qu'on le prétend, nous choisissons d’en faire notre point de départ et d’atteindre Senaru au terme du troisième jour. 


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Il s’agit d’ailleurs de l’itinéraire généralement recommandé par les experts, car en partant de Sembalun, on gagne d'emblée quelques mètres dès le départ, par rapport à Senaru. Mais surtout, on arrive au sommet au lever du soleil alors que l'itinéraire inverse implique de l'atteindre plus tard en journée. Et il n’est alors pas rare que les nuages apparaissent rapidement au-dessus du cratère et en obstruent la vue.

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C’est un départ!

Notre groupe, mené par un guide vêtu de jeans et de sandales, entame la marche d’approche parmi les herbes hautes sous les rayons brûlants du soleil. Peu à peu, les collines verdoyantes font place à une végétation plus aride, puis à une forêt humide.

Essoufflés, un coup d’oeil aux porteurs nous fait ravaler nos plaintes. Ces hommes au physique frêle transportent tentes, sacs de couchage et instruments de cuisine répartis sur deux paniers aux extrémités d’une tige de bambou reposant sur leurs épaules. Je m’étonne de leur performance qui ne semble en aucun cas affectée par leurs gougounes usées ni par les cigarettes grillées à chaque pause amplement méritée. 

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Après sept heures d’ascension sans avoir rencontré de difficulté technique, nous atteignons le premier camp de base, Plawangan Sembalun, à 2639 mètres. La douzaine de randonneurs que nous sommes s’extasie devant le cratère, qui s’étale sur 8,5 km de long et 6 km de large. En son coeur se déploient le lac Segara Anak et le mont Barujari, le cône actif du Rinjani d’où s’échappent des volutes de fumée blanchâtre. Puis, sur notre gauche, le point culminant de la caldeira se profile : le très convoité sommet du Rinjani.

 

Avancer pour mieux reculer

Puisque le ciel se couvre généralement très rapidement en début de journée, à peine trois heures de sommeil nous sont allouées, histoire d’atteindre le sommet avant l’aube. Un réveil brutal dû à l’air froid qui contraste radicalement avec la chaleur du jour précédent. Exténués par celle-ci, deux marcheurs décident de rebrousser chemin. Muni de lampes frontales, le reste de notre groupe entame l’ascension ultime. En levant les yeux vers l’apex du Rinjani, seule ce qui semble être une file indienne de lucioles perce l’obscurité.


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Un sol composé de petites roches volcaniques remplace rapidement le chemin de terre battu. Le relief glissant en fait rager plus d’un: pour deux pas vers l’avant, il entraîne un pas vers l’arrière. Le vent fouettant nos visages n’aide en rien la situation. Au bout de trois heures, nous atteignons enfin le sommet, où virevolte le drapeau blanc et rouge de l’Indonésie. Les monts Agung et Batur, sur l’île de Bali, se détachent au loin, par-dessus les nuages teintés des vives couleurs du jour naissant. À la vue de ce panorama, on perd toute notion du temps et de l’espace. On en oublie même la douleur des heures précédentes.

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La descente est pour plusieurs bien plus amusante que la montée. Certains glissent sur leurs talons, se laissant entraîner par le mouvement des cailloux. Une fois de retour au camp de base, je remarque pour la première fois un détail pourtant flagrant : les ordures jonchant le sol témoignent d’efforts et d’installations sanitaires déficients. Pourtant, 62 % du prix d’accès au parc national (150 000 roupies) est alloué au programme d’écotourisme. Une situation déplorable où seuls les singes semblent trouver leur compte…


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Descendre pour remonter   

La descente se poursuit sur les parois de la caldeira jusqu’au lac Segara Anak, suivi d’une baignade dans des sources thermales à proximité. Ses eaux jaunâtres et odorantes, peu invitantes, ont finalement raison de notre troupe, qui troque chaussures de marche pour maillots de bain.

Soupri, notre guide, nous annonce que nous avons encore trois heures d’ascension à effectuer avant de rejoindre le deuxième camp de base. Sans l’adrénaline que procure l’envie d’atteindre le sommet, le manque de sommeil commence à faire son effet, alors que nous parcourons difficilement le sentier à travers la végétation dense. Puis, plus nous prenons de l’altitude, plus l’air lourd et humide s’estompe. Le Rinjani regorge vraiment de paysages et de climats variés!

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Au terme des 3274 mètres de dénivelé et de la douzaine d’heures de marche effectuée en cette longue journée, nous savourons avec appétit notre dernier souper préparé par les porteurs. Au menu, un énième mie goreng (nouilles frites et légumes) suivi d’un thé fumant, le tout dégusté au soleil couchant. Le dernier jour se solde par 6 heures de descente durant lesquelles nos quadriceps ne manquent pas de flancher ici et là. « Celui qui tombe le plus souvent dormira par terre ce soir! », parie un quatuor d’Autrichiens. Bientôt, nous retrouverons le confort de nos lits alors que Soupri et les porteurs affronteront de nouveau le Rinjani dès le lendemain. De vrais rois de la montagne.

 

Quand y aller? 

D’avril à octobre, après quoi la saison des pluies débute. Le parc national du mont Rinjani ferme d’ailleurs ses portes de janvier à mars, compte tenu des risques élevés que les pluies abondantes représentent pour les randonneurs. Afin d’éviter les foules touristiques en période estivale, optez pour avril ou mai.

Coût

Bien qu’il soit possible d’effectuer l’ascension seul, mieux vaut se prévaloir des services d’un guide compte tenu des risques de dérapage et des services d’urgence éloignés. Il est dans ce cas préférable de se rendre directement dans une agence de trekking dans le village de Senaru ou Sembalun (comme rinjanidawnadventures.com ou rinjanitrekcompany.com) pour y négocier le prix de la randonnée. Le coût dépend du nombre de randonneurs qui compose le groupe, mais comptez entre 120 et 180 $/personne pour le forfait 3 jours/2 nuits, avec accès au parc national, équipement de camping, tous les repas, l’eau, le transport à partir de l’hôtel ainsi que les services d’un guide et de porteurs.

Où loger?

Pour une montée effectuée à partir de Sembalun, il est avantageux de loger à Senaru le jour précédant le départ pour y laisser ses bagages, de façon à ce qu’ils se trouvent à votre arrivée une fois le trek complété. Le tour-opérateur se charge généralement du déplacement entre Senaru et Sembalun le jour du départ et offre même de garder vos valises en lieu sûr, parfois. Plusieurs guesthouses sont disponibles pour aussi peu que 20 $ la nuit pour une chambre double, petit déjeuner compris.

Bon à savoir

Avant de partir, pensez à emporter des vêtements chauds compte tenu de la fraîcheur nocturne. Un imperméable, une lampe frontale, des collations et de l’eau additionnelle sont de mise. N’oubliez surtout pas de laisser un pourboire aux porteurs, ces héros sous-estimés!

Inforinjaninationalpark.com

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