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Entrainement : Le parkour du combattant

Afin de vous divertir (mais aussi de vous informer), nous avons voulu savoir quels étaient les entraînements les plus costauds de Montréal. Et notre collaborateur-cobaye a bien voulu se prêter à l’exercice. Premier d’une série de trois textes remplis de sueur (et de douleur).

Au départ, ma mission consistait à trouver et à essayer l'entraînement le plus difficile de Montréal. Debout sur une structure de bois de deux mètres, alors que j’entends l'entraîneur me dire que je dois sauter en effectuant une culbute à la réception pour « amortir » l'impact, je pense avoir plutôt trouvé l'entraînement le plus casse-cou en ville.

Petite mise en contexte: nous sommes dans le vaste local du Spot, à Pointe-Saint-Charles. L'endroit est bardé de barres de métal, d'obstacles en bois, de matelas ici et là : bref, le terrain de jeu intérieur des amateurs de parkour, une discipline qui allie course folle, sauts, gymnastique et un peu d'escalade, le tout s'enchaînant selon les obstacles à éviter. Je n'ai pas à feindre que je suis un vrai débutant qui hésite et trébuche, si vous vous voyez ce que je veux dire... Déjà, aux échauffements, je sens que je vais y goûter.

L'entraîneur qui me montre toutes les bases du parkour, c'est Pascal Lecurieux, un adepte de la discipline depuis 20 ans. Souple comme un chat, il fait tous les mouvements de façon élastique, détendue et esthétique. À côté de lui, je me sens un peu comme un pantin désarticulé. Au moins, j'ai une bonne qualité dans les circonstances: mon très bon sens de l'autodérision.

Chose certaine, il semble bien s'amuser à me faire essayer toutes sortes de mouvements: des « tic-tacs » (changer la direction d'une course en rebondissant d'un mur), des « évitements » (des sauts par-dessus un obstacle), des passe-murailles (en se propulsant avec un pied, il faut agripper le rebord d'une paroi et se hisser), ou encore des sauts vers des barres horizontales à attraper avec les bras. J'ai l'impression d'effectuer tous ces mouvements avec la grâce d'un joueur de football affublé d'un tutu qui doit faire des pointes.

C'est ainsi que je me retrouve juché sur cette structure de bois, à trop réfléchir sur la marche à suivre pour descendre de là en limitant les dégâts. Vous savez, quand votre mère vous disait de ne pas sauter de si haut ou de ne pas vous promener en équilibre entre des édifices? Ici, on vous encourage à faire exactement le contraire. Peut-être qu'un psy pourrait se livrer à une analyse freudienne de mon cas, mais j'ai un peu de mal à me jeter sciemment en bas pour effectuer une roulade (*insérez ici des titres de films quétaines sur le concept de la recrue ninja maladroite*).

Je parviens finalement à convaincre mon cerveau de mettre de côté les mesures de protection des systèmes vitaux pour tenter un saut de chat, où je regroupe mes genoux sous mon corps en empoignant le rebord du mur pour me propulser vers le bas. Ah oui, je dois aussi atterrir sans me fracasser les os et effectuer une roulade pour dissiper l'impact. Sur papier, c'est ce que je fais, approximativement. Nadia Comaneci et moi, nous sommes presque jumeaux.

Le pire, c'est qu'après plusieurs cascades, je me foule presque la cheville en descendant d'une marche d'à peine 15 centimètres. « Ça m'arrive tout le temps!, s'exclame Pascal. C’est parce que ton cerveau est concentré sur plein d'autres choses, et tu ne fais pas attention à un petit mouvement bête… et tu te blesses ». C'est tout à fait ça, Pascal. Toi et moi, on est pareils, au fond!

Devant toutes ces manoeuvres, une petite voix ne cesse de me murmurer toutes les façons dont je pourrais m'ouvrir le crâne. Aux prises avec cette imagination galopante, je fais part de ces scénarios de blessures, de fractures et d’hématomes à Pascal, qui réplique du tac-au-tac: « La peur, c'est comme une ex avec qui tu as eu un enfant : tu ne peux pas t'en débarrasser, il faut que tu apprennes à la gérer! » Ah!

Finalement, après plus d'une heure et des poussières à faire des manoeuvres de base, Pascal me montre « l'entraînement »: je dois le suivre dans une « course » à obstacles, en enchaînant toutes les manoeuvres vues précédemment. Il trottine à peine devant moi, sautant par-dessus une boite, d'une structure à l'autre, s'agrippant aux rebords et se hissant avec aisance, avant de se laisser tomber gracieusement d'assez haut et de grimper avec des barres, sans arrêter. Le « parcours » devait durer 5 minutes, mais moins de 3 minutes après avoir amorcé cette « petite » course, les poumons me brûlent et un torrent de sueur m'inonde le front. Ce sont finalement des obstacles trop complexes qui auront raison de moi.

Il reste encore une minute au compteur, mais je jette l'éponge, essoufflé et résolument pas assez félin pour tout ça. Finalement, si mes muscles ont souffert de toutes ces acrobaties, mon cerveau a aussi été amplement sollicité. Je me sens complètement brûlé – mais heureux d'avoir survécu!

Verdict: un ego et des genoux un peu meurtris, des jambes patraques, des abdos partiellement ankylosés et des articulations fatiguées (toutes!). Quant à mes cuisses, elles me rappelleront pendant une semaine à quel point je ne suis pas doué pour le saut.


À savoir

Tarif : 40 $ pour un cours d’introduction, à partir de 20 $/pers. (pour 5 participants). Cours régulier : 20 $. Gym libre : 15 $.

Centre de parkour et de mouvement Le Spot

5140 Saint-Patrick, Montréal
thespotmontreal.com

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